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La centrale nucléaire de Cruas, le 12 novembre 2019. La hausse record des prix du gaz et du pétrole va obliger la classe politique à reconnaître l’intérêt du nucléaire.
La centrale nucléaire de Cruas, le 12 novembre 2019. La hausse record des prix du gaz et du pétrole va obliger la classe politique à reconnaître l’intérêt du nucléaire.
©JEFF PACHOUD / AFP

Atlantico Business

La hausse record des prix du gaz et du pétrole révèle la modération des prix de l’électricité et va obliger la classe politique à reconnaître l’intérêt du nucléaire.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Au 1er octobre, les prix réglementés du gaz vont prendre encore plus de 12%, ce qui va porter un alourdissement des factures de 500 euros en moyenne, pour les ménages qui ont choisi ce mode de facturation. Pour les ménages fragiles, cet hiver, la facture pourrait être difficile à digérer. D’autant qu’à l’explosion des prix du gaz, il faudra ajouter l’alourdissement des prix de l’essence et du fuel, et même ceux de l’électricité. Sans compter la répercussion de toutes ces hausses sur le prix des produits de consommation courante. Autant de dépenses incontournables pour le client final.

Le gouvernement ne pourra pas faire grand-chose, mais on voit déjà l’opposition politique s’emparer de ce dossier sensible. On se souvient que les gilets jaunes avaient allumé les premiers feux de la révolte sociale en payant leur plein d’essence.

Les prix du gaz et du pétrole augmentent parce que la demande d’énergie augmente violemment dans le monde entier, à cause de la reprise économique.

La pandémie avait calmé le jeu et pour cause, tout s’était arrêté. Mais depuis l’été, les camions roulent à nouveau, les avions ont redécollé, et surtout, les usines tournent à plein régime. Résultat de la reprise : la consommation d’énergie a bondi. Notamment en Europe, en Chine et dans toute l’Asie.

Les gros producteurs que sont la Russie, la Norvège, l‘Algérie, le Moyen-Orient, le Qatar, sont débordés sous les commandes. Les stocks sont vides et les vannes sont ouvertes au maximum. Avec cette demande gonflée et une offre qui ne suffit pas, la pression sur les prix était inévitable. Ça bloque partout.

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Les prix ont augmenté de plus de 50% depuis le début de l’année sur le gaz, 12% au mois d’octobre, c’est la plus forte hausse depuis 2013. Quant au pétrole, il atteint désormais les 80 dollars le baril.

Alors ces hausses se diffusent partout dans le système de production, mais elles pèsent particulièrement sur le client final.

Pour l’automobiliste ou le transporteur, il sait que son plein d’essence ou de diesel va reprendre du poids dans son budget global.

Pour le consommateur de gaz domestique, ça va dépendre de ce qu‘il consomme et de son mode de facturation.

La hausse sera modérée pour ceux qui n’utilisent le gaz que pour la cuisson (moins de 4%).

Elle sera de 9% pour ceux qui l’utilisent pour la cuisine et pour l’eau chaude.

La hausse sera plein pot 14% pour les foyers qui se chauffent au gaz.

La facture chauffage peut se transformer en véritable bombe sociale l’hiver prochain.

Certes, pas pour tous les clients. Soyons précis, cette hausse s’applique à 3 millions de consommateurs qui ont signé des contrats à tarifs règlementés, lesquels sont ajustés tous les mois par l’autorité de régulation.

Les autres consommateurs ont signé, concurrence oblige, des contrats à tarif garanti sur 5 ans. Ils sont plus de 6 millions, et dans la conjoncture actuelle, il ne faut surtout pas qu ‘ils acceptent un changement de contrat.

Mais pour beaucoup de ceux qui doivent payer les hausses, le gouvernement ne peut pas faire grand-chose d’autre que de s’agiter. Pour les familles les plus précaires, le gouvernement va ressortir les chèques énergie assortis de primes exceptionnelles. Il avait déjà envoyé 100 euros cette année, il va ré-envoyer 100 euros avant la mi-décembre. Il envisage un nouveau chèque de 100 euros en mars de l’année prochaine. Normal, on sortira de l’hiver, il faudra payer la facture du premier trimestre et on sera en pleine campagne électorale. Un beau sujet de débat et de discorde.

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Alors, certains demanderont au gouvernement de toucher aux taxes sur l’énergie mais ils ne seront pas entendus.

La taxe la plus lourde est évidemment la TVA à 20% sur le Gaz et la TIPP sur les carburants, mais là, le gouvernement n’y touchera pas. D’abord, parce qu’il a besoin de ces recettes fiscales et ensuite, il lui faudrait l’autorisation de Bruxelles pour manipuler la TVA. C’est assez compliqué.

D’autant que ces hausses contaminent toute l’activité. D’abord, tous les acteurs du marché international ont tendance à s’aligner de fait, mais les hausses suivent la demande et cette demande émane aussi de l’industrie. La reprise post-pandémique a été telle qu’il a fallu relancer des centrales au charbon et surtout des centrales au fuel et au gaz.

D‘où l’augmentation des tarifs de l’électricité partout dans le monde à cause du gaz et du pétrole.

Alors en France aussi, l’électricité va augmenter mais beaucoup moins que chez la plupart de nos voisins et partenaires, parce que nous avons de l’électricité nucléaire qui couvre jusqu'à 80% de notre consommation. C’est l’énorme avantage de compétitivité de la France. Les tarifs de l’électricité augmentent un peu parce qu‘il nous faut compléter la production avec des centrales au gaz.

Ce qui est intéressant, c’est que la politique s’est invitée dans ce débat qui va évidemment se développer au fur et à mesure que l’on va approcher de l’élection présidentielle. Avec des solutions assez contradictoires, ce qui ne va pas simplifier les choses. Les politiques se souviennent des gilets jaunes qui ont mis le feu aux ronds-points de la France profonde sur la question de prix de l‘essence.

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Sauf que cet enjeu énergétique est très clivant depuis la prise de conscience du danger climatique. Pour beaucoup d’écologistes, le réchauffement climatique est lié à une suractivité humaine. Trop de production, trop de consommation. Donc pour les écologistes radicaux, si on veut limiter les émissions de gaz carbonique, il faudrait ralentir l’activité et donc la croissance. Il fallait écouter Sandrine Rousseau qui a pris en otage les écologistes pragmatiques et responsables qui entouraient Yannick Jadot.

En bref, pour certains, la hausse des prix de l’énergie serait plutôt une bonne chose puisque ça obligerait le consommateur à baisser sa consommation.  

Mais une telle ambition perturbe aussi beaucoup l’opinion qui veut protéger son pouvoir d’achat et qui n’a en général pas d’autre solution que de se chauffer au gaz et de rouler au fuel.

La classe politique est donc très embarrassée par cette question pour une raison très simple. Personne n’a pas trouvé de solutions pour, à la fois, lutter pour le climat et en même temps, protéger la croissance économique.

Le seul moyen serait les énergies renouvelables, certes, mais c’est une utopie que de penser que les énergies renouvelables peuvent servir d’alternative sur la durée.

Ou alors il faudrait passer au tout nucléaire, ce qui nécessite des investissements considérables et qui oblige surtout l’ouverture d’un autre débat autrement plus sensible.   

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