La guerre des chantages sur le mariage homosexuel : la contre réponse de Roland Hureaux à la réponse que lui avait faite Eric Deschavanne<!-- --> | Atlantico.fr
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Le projet de loi soumis au Parlement change la définition du mariage pour tous les couples, quels qu’ils soient, en gommant dans tous les Codes la différence père mère.
Le projet de loi soumis au Parlement change la définition du mariage pour tous les couples, quels qu’ils soient, en gommant dans tous les Codes la différence père mère.
©Reuters

3ème épisode

Le philosophe Eric Deschavanne avait commenté l'article de l'universitaire Roland Hureaux sur "les 7 chantages des partisans du mariage unisexe". Ce dernier tient à répondre à sa critique.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Il est si rare que les tenants de la pensée dominante (pour ne  pas dire unique) prennent la peine d’argumenter face à ceux qui la remettent en cause que je ne saurais laisser sans réplique le commentaire que fait le philosophe  Eric Deschavanne de l’un de mes articles sur le mariage homosexuel dans Atlantico, même si plusieurs  de ses arguments ne  visent pas spécialement les miens.

Je ne peux que souscrire à son rejet du chantage à l’homophobie : encore heureux qu’on puisse, au pays des Lumières, raisonner sur les lois sans être le « phobe » de quelqu’un !

A l’appui de ce projet de loi, en revanche, la  liberté, l'égalité, la laïcité et l'amour sont, pour lui, des arguments recevables. Oui, à condition  de ne pas s’en réserver le monopole (ce qui serait d’autant plus dangereux qu’il s’agit de notions chaudes et généreuses) et de voir que, pris un à un, ils peuvent conduire à la conclusion inverse, ce que je m’étais attaché à montrer.

Le premier argument  porte sur l’idée d’un ordre naturel et d’un droit naturel, et donc de quelque chose comme une « nature humaine », ce que ’Edgar Morin appelait le « paradigme perdu ».

Cette idée, incontestée jadis, non seulement au XIIIe siècle mais aussi au XIXe et même une partie du XXe, a fait l’objet récemment d’un puissant travail de sape au sein des facultés de droit  au point  qu’un jeune doctorant  qui s’y référerait verrait sa carrière compromise. La seule  posture politiquement correcte est le positivisme juridique, selon lequel  la loi est la loi et aucune autorité ne saurait en relativiser la portée. Étonnante aberration puisque le positivisme juridique, qui ne le voit ?  Aurait justifié les pires aberrations totalitaires du XXe siècle. Étonnant paradoxe  car, au moment même où  le droit naturel se trouve disqualifié, les droits de l’homme, tenus pour un absolu au-dessus des contingences culturelles ou historiques (et même aujourd’hui du droit international positif !) se trouvent  sacralisés sans que la contradiction frappe quiconque. Comment défendre les droits de l’homme s’ils ne  sont pas « naturels et imprescriptibles » et  donc s’ils ne font pas partie d’une forme de droit naturel ?

Doit naturel, nature humaine ?  Il n’est  pas nécessaire de se référer à la scolastique pour affirmer l’existence de celle-ci : les progrès de la génétique montrent que le génome humain constitue à 99 % et plus un patrimoine commun des hommes et des femmes depuis au moins 50 000 ans : celui de l’homme de Cro-Magnon n’est guère différent du nôtre. Si un tel fond commun existe en matière génétique pourquoi n’existerait-il pas en matière sociale ?  Lévi-Strauss lui-même dit que si les systèmes de parenté varient d’une culture à l’autre, l’interdit de l’inceste demeure une constante anthropologique. Face aux idéologues qui en nient le principe, on peut dire de la nature humaine ce que Galilée disait de la terre « E pur si muove ! ». 

Est-ce à dire que cette nature sature le déterminisme à 100 %, qu’elle serait  une contrainte  qui ne laisserait au  législateur, démocratique ou pas qu’importe, aucune flexibilité. Non, sans doute, cette flexibilité existe, mais dans une  certaine mesure seulement. C’est le propre des régimes idéologiques de prétendre s’affranchir totalement de la nature : de la propriété et du marché par exemple  en voulant à terme, abolir l’instinct de propriété tenu pour une donnée culturelle – comme les théoriciens du genre tiennent le masculin et le féminin pour relatifs. On a vu le résultat ! Les constantes anthropologiques, qui sont elles-mêmes parfois difficiles à définir, ce qui ne veut pas dire quelles n’existent pas, laissent sans doute la place à plusieurs systèmes juridiques mais pas à n’importe lesquels.

La nature et la tradition sont des héritages qui ne conditionnent sans doute pas complètement notre législation mais il faut  y réfléchir à deux fois avant de les mettre au panier.

Nous parlons de constantes anthropologiques ; le lien entre la sexualité et la procréation, lui,  est une donnée bien antérieure à l’homme : la reproduction sexuée, sans doute la merveille de l’Univers, existe depuis un milliard d’années !

Un père, une mère, un enfant ;  nous voilà introduits dans l’ordre symbolique tel que Freud, puis Lacan et d’autres l’ont  mis au jour. S’il ouvre la possibilité d’une myriade d’histoires personnelles, s’il peut connaître des variations collectives d’une culture à l’autre, cet ordre  repose cependant sur  une réalité qui parait suffisamment constante pour qu’on  puisse  prétendre s’en  jouer sans dégâts.

L’auteur prétend que la loi ne changerait quelque chose que pour  une petite minorité. C’est ce qu’au  minimum nous pouvions espérer. Mais le gouvernement  en a décidé autrement : le projet de loi soumis au Parlement change la définition du mariage pour tous les couples, quels qu’ils soient, en gommant dans tous les Codes la différence père mère,  pour la remplacer par l’expression indifférenciée de « parents ».  Dans ce nouveau cadre juridique, le couple homme-femme devient, de fait, un cas particulier. C’est à cela qu’on voit qu’il ne s’agit nullement de satisfaire une revendication à caractère « social » mais bien de mettre en œuvre une idéologie, qui est l’idéologie du genre : la théorie du genre pose l’équivalence absolue de tous les couples quelle qu’en  soit la composition et donc, ipso facto  des sexes, si l’on suit le  raisonnement  mathématique suivant :

hxf =  hxh = fxf     donc,   h= f , CQFD.

On aurait pu concevoir une loi composée d’un article étendant les droits des couples hommes/femmes aux autres couples. Mais c’est ce que les idéologues ont rendu impossible car une telle présentation, qui aurait gardé aux premiers un caractère normatif, eut été jugée discriminatoire.

Je ne me sens nullement  concerné par la deuxième série d’arguments qui oppose un ordre naturel tenu pour moyenâgeux et celui qui résulte de la Révolution française. Il est évident que les droits de l’homme de 1789 se situent dans la continuité de la pensée thomiste (l’auteur qui fait le lien, Suarès, ridiculisé par Pascal, n’a jamais été traduit en français !). Voltaire et Rousseau, quant à eux,  font constamment référence à une morale naturelle.

Le même schématisme inspire l’ensemble du paragraphe. L’auteur insinue que la « modernité » aurait instauré le divorce et le mariage d’amour contre l’Eglise : le divorce, soit, mais le mariage d’amour est défendu par l’Eglise catholique dès le XVIe siècle contre Luther, contre Calvin, contre Rabelais (Tiers Livre, chapitre XLVIII).  et contre…le Parlement de Paris. Fénelon, après d’autres, réitère la condamnation ecclésiastique des  mariages arrangés.

L’idéologie, marxiste, nazie,  ultra libérale ou libertaire (ces deux dernières moins graves que les premières, on en convient, mais on n’en sera sûr  qu’à la fin !) est une maladie plus récente que la Révolution, si l’on excepte la parenthèse de la Terreur qui a inspiré Lénine. On la comprendra mieux avec Arendt ou Orwell, qu’avec  Bonald ou Maurras.

Or bien des caractères de l’idéologie se retrouvent dans l’idéologie du genre : des simplifications et des assimilations abusives, une   disqualification du passé de type marcionien, la remise en cause radicale de la nature, la volonté de changer même le sens des mots, l’opposition radicale au sens commun, une intolérance aux résistances disqualifiées comme « rétrogrades ». L’idée d’un sens de l’histoire est si intrinsèque à la démarche idéologique que ceux qui la combattent sont toujours jugés « réactionnaires » : et pourtant, à court ou moyen terme, ils l’emportent toujours, comme le montre l’exemple des dissidents soviétiques, ce qui est bien normal puisque, au milieu de la folie collective, ils ont raison.

Situer la grande césure en 1789 permet de placer le projet dont nous parlons dans la continuité de la Révolution française et des Lumières, une façon de voir curieusement commune aux bonaldiens (type Civitas) et aux libertaires. Pourtant  l’idée d’un mariage des homosexuels eut apparu comme une absurdité pour les hommes de 89 ou même de 93, qui prétendaient revenir à un ordre social naturel, biaisé, selon eux, par les sophistications de l’Ancien régime. Si tout ce qui a suivi les Lumières devait être rattaché à elles, il faudrait aussi leur rattacher le marquis de Sade et Joseph Staline. Les Lumières peuvent être prises parfois de folie,  avoir leurs dérives ? Alors qui dit que le mariage unisexe n’en est pas une ? 

Quant à l’idée que l’hétérosexualité demeurerait la norme si cette loi était votée, on veut bien le croire à la longue : le soviétisme n’a eu finalement raison ni de l’instinct de propriété ni du marché (ni du sentiment religieux !), mais sa première intention était bien de les abolir et, pour cela, de   violenter la nature. On ne se console pas d’une loi contre-nature en se disant que la nature, à la fin des fins, lui  résistera. Car toute loi a des effets, sinon sur les mœurs, du moins sur la culture. Et si cette loi est contre-nature, elle induira, comme toutes les idéologies une langue de bois. Si la loi dit que le roi est habillé alors qu’il est nu, il nous faudra le répéter après elle. Si elle nous dit que les mariages homme-femme et homme-homme sont équivalents, nous serons obligés de répéter cette contre-vérité. Nous avons l’exemple de la Suède où les livrets de famille portent  Parent 1 et Parent 2 et non père et mère, où les enfants de maternelle sont subtilement culpabilisés de discriminer en parlant de leur papa ou de leur maman. Le mariage entre personnes du même sexe est une application aberrante du principe de non-discrimination : jusqu’à quel degré de folie conduira ce principe si on n’y met pas une borne ?

Dès lors qu’on admet que la loi peut aller contre le sens commun, ou la nature, Orwell n’est pas loin. Même si  la norme sexuelle « commune » n’est pas changée, la langue s’en trouvera  pervertie. Ce que nous craignons par-dessus tout, nous, les défenseurs éclairés du mariage homme/femme, c’est moins le déclin des mœurs, ou la perversion des lois, c’est en définitive l’aliénation de l’esprit !

Troisième série d’arguments : le risque de dérapage qui conduirait à la reconnaissance à terme  de la polygamie, de la polyandrie, de l’inceste etc. L’auteur du texte illustre lui-même ce risque en évoquant la possibilité que soit un jour reconnu un « polyamour égalitaire » !  Le chiffre deux n’est  donc pas sacré. Si on va jusqu’à trois, qui va juger que ce polyamaour sera encore « égalitaire » ? Faudra-t-il contrôler les alcôves ?

Le risque n’est pas celui d’une dérive des mœurs : ne soyons pas hypocrites, la polygamie et l’inceste existent déjà  dans notre société et sans doute bien plus qu’au temps où l’Eglise enseignait qu’il s’agissait d’un péché mortel !

Le risque est celui d’une dérive de la loi elle-même. 

Replaçons nous il y a quarante ans, en mai 68 : l’idée d’un mariage des homosexuels était alors si éloignée de notre horizon culturel qu’elle eut parue incongrue. Parce que l’idée de légaliser la polygamie (au nom de la différence culturelle ou du consentement des partenaires) peut  nous paraître aujourd’hui incongrue, qui dit qu’elle le sera demain ?  Dès lors que la seule norme reconnue est  l’évolution des idées, le souci de  « mettre le droit en conformité avec les mœurs », pourquoi le serait-elle dans dix ans, dans vingt ans ? Avec l’inceste, on touche sans doute un interdit  plus profond, mais sans qu’il ait jamais été la norme de la société globale, il fut habituel de l’enfreindre, au moins entre frères et sœurs,  dans les dynasties pharaoniques ou incas. Tout est donc envisageable.

Opposer à ces éventualités que « le droit démocratique est lui aussi par essence normatif » ou qu' « il existe une autorégulation de la société civile, laquelle n'a besoin ni de l'Etat ni de l'Eglise pour se garder de sombrer dans le relativisme. », c’est faire bien peu de cas de ces « ruptures épistémologiques » ou simplement culturelles qui peuvent advenir dans toute société. Que leur opposer si on a posé que la norme est tributaire de l’air du temps ?  La démocratie ? Mais pour combien de temps si aucune norme transcendant  les sociétés n’est reconnue ?

Il y a en effet un coté bisounours, comme le dit justement Eric Deschavanne dans l’argument qui consiste à dire : pourquoi n’auraient-ils pas le droit de se marier « puisque ils s’aiment » ? Nous n’entrons pas dans le débat sur la question de savoir si l‘amour homosexuel a la même structure (notamment par rapport aux paradigmes freudiens) que l’amour hétérosexuel. Nous laissons de côté  la question religieuse. Le mariage religieux a, lui,  à voir avec l’amour. C’est bien ce que l’Eglise prêche depuis quinze siècles à une société civile qui, longtemps, n’a pas voulu l’entendre.

Mais le mariage civil, héritier du mariage romain, a la froideur du marbre dont on fait les Marianne ou des articles du Code civil qu’on lit lors de la cérémonie.  Comme toute institution républicaine, il est un régulateur. De quoi ? D’abord  de la filiation bien évidement. Dès lors qu’on récuse la filiation homosexuelle, le mariage entre personnes du même sexe, amour ou pas, n’a pas lieu d’être. On pourrait, dira-t-on, interdire aussi le mariage des vieillards ! Il peut être, lui aussi, source d’abus, en particulier en matière successorale, nous en convenons, mais sur quelles normes objectives le contrôlerait-on ?

Nous ne sommes pas pour  autant dans le camp de ceux qui préfèrent les mariages arrangés. Mais si l’Eglise peut, à la rigueur, se mêler d’amour, l’Etat, lui n’a pas à le faire. Si le critère de la « mariabilité » était l’amour, pourquoi ne pas passer un examen dont les magistrats seraient juges ? Ce serait absurde, bien  évidemment.

Droit de l’enfant et droit à l’enfant ? Il paraît assez monstrueux qu’on puisse contester, comme le fait notre contradicteur, que  « le bonheur de l'enfant primât systématiquement sur la liberté de l'adulte de fonder une famille ». Mais qui s’en étonnerait de la part d’un disciple du grand philosophe Luc Ferry, partisan de l’adoption mais non du mariage homosexuels !  

Sans doute bien des couples homme/femme ( puisqu’il faut préciser ce qui devrait être du domaine de  la tautologie) présentent-ils un risque pour l’enfant , sans doute aussi les circonstances de la  vie conduisent-elles  trop souvent à des familles monoparentales, mais c’est une chose que cela résulte du jeu naturel des relations sociales, sans qu’aucune législation en ait disposé ainsi, c’en est une autre que le préjudice de l’enfant ( et c’ en est un de ne pas être élevé par un père et une mère vivant ensemble !) soit organisé par la loi , même dans un nombre de cas limités.

Cela signifie que dans un champ précis, la loi reconnaîtrait  que l’homme (et même l’enfant) puisse être un moyen et non une fin, rompant ainsi avec la morale kantienne qui avait été la principale  inspiratrice des pères de la laïcité.

Il ne saurait  y avoir de « droit à l’enfant », même sous la forme d’un « droit  de fonder une  famille », expression atténuée mais qui revient au même. Il y a seulement un droit du couple à procréer quand il  le peut, assorti du devoir d’élever l’enfant qui est issu de cette procréation (sauf placement par un juge).  

Le nombre de cas concernés n’y  fait rien. C’est  tout un ordre philosophique et culturel qui se trouve rompu si on admet que l’enfant puisse être un  droit. Sur le plan statistique, la peine de mort ne pesait guère,  rapportée aux accidents de la route : son existence n’en changeait pas moins la nature de l’ordre social.  

Quant à la GPA, elle  est, à ma connaissance, interdite à tous les couples, pas seulement  homosexuels, et c’est  très bien ainsi. La PMA est une chose quand les gamètes sont issus d’un couple réel, ce qui est bien difficile pour un couple homosexuel ; elle n’est pas acceptable en revanche s’il est fait appel à un donneur anonyme , une pratique qui devrait être bannie, selon nous, pour tous les couples  « sans discrimination ».

L’auteur de l’article s’en prend ensuite aux arguments tirés de la psychanalyse.

Il est étonnant que le savoir psychanalytique, tenu pour constitutif de la modernité pendant un siècle, se trouve aujourd’hui disqualifié, du simple fait qu’il contredit la revendication du mariage homosexuel.

« Le droit de la filiation, c'est le cœur de l'argument, aurait pour fonction essentielle de permettre une saine structuration psychique de l'enfant. »

Il est exagéré de dire que cette structuration est la fonction essentielle du droit de la filiation. Il en a bien d’autres, comme ce qui concerne le devoir de soutien et d’éducation, l’héritage, la capacité contributive etc. Mais il est vrai que cette structuration est un de ses effets. Oui, il y a un lien entre le droit, qui est formé de mots investis d’une forte autorité sociale et la psychologie, à commencer  par celle des enfants.

Il est évidemment  permis à tout chef de famille monoparentale de se faire accompagner dans la vie ou assister dans l’éducation  par quelqu’un d’autre ( une grand-mère par exemple !) mais il serait mensonger de partager avec cet autre l’appellation parentale. Oui, le principe de précaution nous induit à refuser de donner une caution légale à une telle pratique.  

La psychanalyse n’est pas une science d’Etat. Il n’y a pas de science d’Etat, il y a la science tout court. Que la psychanalyse  soit conjecturale, comme toute science humaine, on veut bien. Mais si nous lui reconnaissons en l‘espèce une certaine autorité, c’est parce qu’elle rejoint  le sens commun et, pourquoi ne pas le dire ? une tradition millénaire, ce qui ne saurait être  pour nous, en soi, disqualifiant.

Nous en venons à la droite décomplexée : on sort là complètement de mon argumentation ; j’ai horreur de cette expression.

Tout en ayant montré que le projet de mariage unisexe n’est pas vraiment  libéral, puisque il implique l’Etat dans la sexualité en tant que telle (et non par rapport à  la procréation), ce qui n’est pas son rôle, je pense en effet que ce projet s’inscrit dans le courant dit libéral-libertaire (le libéralisme n’en étant  pas à une contradiction près) et, à ce titre, il pourrait être aussi bien celui d’une certaine droite.Mais, pour la même raison,  il pourrait aussi n’être pas celui de  la gauche. Et même il devrait. Car cette idéologie a un but inavoué : la déconstruction systématique de tous les repères, étatiques, syndicaux, scolaires, linguistiques, culturels et donc familiaux qui permettent à un peuple d’être autre chose qu’une masse fongible d’individus désarmés. Emmanuel Todd a justement montré comment, dans les différentes régions françaises, la résistance du peuple aux élites tenait à la solidité de ses structures familiales.  Les idéologues du genre ne cachent pas que le prétendu « mariage pour tous » n’est que le prélude à un « mariage pour personne », c’est-à-dire à la suppression de ces vestiges d’un passé « théologique » que sont à leur gré l’obligation de fidélité, le devoir d’assistance etc., soit la fin du mariage.

Que le parti socialiste n’ait plus d’autre projet significatif à porter aujourd’hui que le mariage unisexe est le signe de sa profonde dégénérescence  idéologique, de son ralliement avec armes et bagages à un  ultra-libéralisme de fait qui se trouve aux antipode  de ce qu’était le socialisme des origines.

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