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La guerre des batteries aura-t-elle lieu ?
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Decod'Eco

Les batteries au lithium ont enflammé le marché parisien. L'introduction en Bourse des activités batteries du groupe Bolloré était manifestement attendue avec impatience.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Pour sa première matinée de cotation, mercredi 30 octobre dernier, le titre Blue Solution (BLUE : NYSE) a pris près de 24% en séance, avant de conclure en fanfare, avec une hausse de 20%.

Le succès du groupe Bolloré repose d'abord sur sa technologie. Il existe plusieurs types de stockage d'électricité adaptés aux voitures électriques. La plupart utilise du lithium, ce métal alcalin le plus léger de la table de Mendeleïev, à l'instar des technologies lithium-ion, lithium-air ou lithium-phosphate. Toutefois, la majorité des constructeurs ont fait le choix de la technologie lithium-ion. Tous, sauf Bolloré.

Tel le village gaulois, l'entrepreneur -- qui plus est breton -- a misé sur la technologie lithium métal polymère. Présentées comme plus sûre, cette technologie vient de remporter une bataille importante face à ses concurrents, en premier lieu les batteries au lithium-ion.Mais au-delà du succès personnel de Bolloré, l'engouement autour des activités de Blue Solution révèle une confiance croissante dans le secteur des énergies vertes.

Développement tous azimuts. Avec un art consommé du timing, le groupe Bolloré a annoncé les semaines précédant l'introduction en Bourse plusieurs partenariats avec de grands industriels.

Ça a été le cas avec Renault, GDF Suez et Total notamment. Selon l'accord signé mi-septembre, Renault pourrait même aider le groupe à créer une voiture 3 places. Il n'en fallait pas plus pour convaincre les marchés que Blue Solution était une valeur d'avenir, malgré le risque inhérent à cette nouvelle technologie. Comme le confie Marc Lefèvre, directeur du développement commercial pour NYSE Euronext, "l'offre au public a été sursouscrite 15 fois".

Si l'introduction s'est déroulée dans des conditions idéales, elle a également été portée par une tendance forte sur le marché. Comme l'a déclaré le P-DG du groupe, Vincent Bolloré, "le marché boursier n'est pas seulement une source de financement, c'est aussi une source d'informations issues du monde entier". Et force est de constater que les investisseurs sont prêts à miser sur ce secteur.

Ces bonnes dispositions devraient ainsi amener l'entrepreneur à lancer de nouveaux projets. Après le démarrage des réseaux de partage de voitures électriques sur le modèle d'Autolib' à Bordeaux (Bluecub), et à Lyon (Bluely), un projet pourrait voir le jour à Indianapolis... en attendant le développement des Bluebus, des Blueboat, ou encore des Bluetram.

Pénurie de batterie en vue dans l'électrique ?Le groupe a investi massivement ces dernières années, en prévision de la demande croissante en batteries. Bolloré possède deux usines de batteries, dans le fief de Vincent Bolloré à Ergué-Gabéric, et au Canada, à Boucherville. Son site du Finistère est désormais capable, après un investissement de 250 millions d'euros, de produire 5 000 batteries par an. Cette montée en puissance -- les capacités de l'usine ont doublé depuis 2010 -- va être utile pour répondre à la demande croissante des industriels. Le partenariat avec Renault, notamment, qui prévoit la création d'une coentreprise, permettrait au groupe d'atteindre un niveau de production de masse.

Si Bolloré a anticipé ce succès en accroissant ses capacités de production, d'autres constructeurs commencent à être dépassés par leur succès. C'est le cas du constructeur américain d'automobiles électriques de luxe Tesla.

Tesla déçoit en Bourse. La palme de l'envolée boursière la plus stratosphérique de l'année 2013 revient probablement à Tesla. Le groupe affiche une progression de +422% depuis le 1er janvier. Mais au dernier trimestre, le groupe a déçu les marchés. Tesla n'a vendu que 5 500 véhicules, ce qui représente la fourchette basse des attentes.

L'explication d'Elon Musk, le fondateur de Tesla, est simple : le groupe est victime d'une pénurie de batteries au lithium. Pour facile que cette explication soit, il faut reconnaître que la demande reste au rendez-vous. L'entreprise Tesla n'a jamais été aussi profitable. Ainsi sa marge brute est passée de 5% au premier trimestre à 21% au troisième.

Le problème d'une pénurie de batteries ne devrait pas se résoudre avant l'année prochaine. D'ici 2014, Tesla a l'intention de s'attaquer au marché asiatique. Les premiers modèles Tesla seront disponibles à partir de février, en Chine notamment.

Pour assurer la fourniture des voitures, un accord d'approvisionnement de batteries avec Panasonic devrait permettre de résoudre le problème. Le P-DG de Tesla n'en a pas moins ajouté que la construction d'une "giga-factory" pourrait devenir nécessaire.

Emballement et réalité. Le succès du titre Blue Solution fait écho au décollage du titre Tesla cette année. Or il est possible que l'engouement actuel soit en grande partie construit sur des fondations peu solides. Comme j'avais eu l'occasion de vous l'expliquer dans cet Edito de septembre, la capitalisation de Tesla était équivalente à un tiers de celle de Ford mi-septembre. Or Ford a écoulé 1,02 million d'unités pour son seul modèle de la Ford Focus en 2012.

De manière générale, les constructeurs de voitures électriques restent encore des petits joueurs face aux majors de l'automobile. Le décollage de leur titre ressemble à des emballements spéculatifs avant tout fondés sur des promesses, un peu à l'image de ce qu'ont été les énergies vertes en 2009/2010.

Je vous conseille ainsi de vous tenir à l'écart du marché de l'automobile verte pour l'instant, et du secteur des batteries qui n'aurait pas de bases industrielles plus solide en particulier.

[NDLR : Matières à Profits a intégré en portefeuille une société spécialiste des batteries. Comptant des clients aussi bien dans les énergies vertes que dans les télécommunications ou le transport, cette société affiche un profile plus fiable que les groupes dont nous venons de parler. Avec un chiffre d'affaires en hausse de 16% au dernier trimestre, ce groupe profite actuellement à plein d'un marché en pleine croissance. Retrouvez plus de détails dans Matières à Profits.]


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