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La France face au retour à la violence politique  : entre ceux qui la théorisent, ceux qui l’excusent et ceux qui l’alimentent par leur vacuité idéologique, à qui la faute?
©Reuters

Des noms !

Depuis plusieurs semaines, la situation sociale en France n'a cessé de se dégrader, marquée par un retour à la violence dans le discours et dans les actes. Un phénomène qui rappelle les lendemains de Mai 68, toujours alimenté par les extrêmes, aussi bien à gauche qu'à droite.

Xavier Crettiez

Xavier Crettiez

Xavier Crettiez est professeur de sciences politiques à l’université de Versailles Saint-Quentin. Spécialiste de la question de la violence politique en Corse, il a publié en 1999 La question Corse, puis en 2010 l'ouvrage Les violences politiques en Europe : un Etat des lieux, en collaboration avec Laurent Mucchielli.

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Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Atlantico : Violences contre les forces de police, dégradations de bâtiments publics, assassinat de la députée travailliste Jo Cox en Angleterre : les actes de violence commis par la société civile ne cessent de se multiplier dans nos démocraties occidentales. Cette violence se retrouve dans le discours de certaines personnalités politiques et de certains mouvements. Quels sont les raisonnements de chacun (ceux qui théorisent la violence comme Nuit Debout, ceux qui l'excusent comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, qui tweetait le 18 juin : "Méprisées par leurs élites inféodées à Bruxelles, les classes populaires ont parfois recours elles aussi à une forme de violence"). Quelles erreurs font-ils dans leurs discours respectifs ?

Xavier Crettiez : On constate effectivement, ces derniers temps, un certain nombre de violences que vous soulignez dans votre question. Néanmoins, il ne s'agit pas d'un phénomène totalement nouveau : la violence a toujours existé et a même pu être bien plus intense, notamment dans les années 1970 si l'on repense aux mouvements de rue menés par des groupes radicaux autonomes, aux manifestations des viticulteurs du Sud-Est, ou bien encore à celles des mineurs et des sidérurgistes dans l'Est au cours des années 1980. Les violences sportives – le hooliganisme – étaient elles aussi plus fortes dans les années 1980 que celles que l'on connaît actuellement. Par rapport à ces périodes, il y a actuellement deux différences majeures : la surmédiatisation de ces violences selon un effet de loupe beaucoup plus fort, et une sensibilité plus forte des Occidentaux à la violence, précisément parce que nous la tenons à distance, nous ne la connaissons plus au quotidien, même si nous la voyons sur écran.

Pour ce qui est des discours de justification de la violence, là encore, il y a en a toujours eu. Il existe trois grands discours politiques de justification de la violence : le discours marxiste, le discours nationaliste et le discours fasciste. Pour le premier, la violence est nécessaire pour la libération du prolétariat ; pour le second, elle l'est pour la libération nationale contre l'ennemi ; quant au dernier, la violence sert à la glorification de l'Etat. Actuellement, nous faisons face à de nouveaux discours de justification de la violence : l'islamisme, l'altermondialisme et l'écologisme, les deux derniers se confondant parfois.

Les personnalités politiques qui reprennent ce discours de justification de la violence ne sont pas n'importe lesquelles : elles appartiennent à des courants politiques qui ont toujours eu un rapport ambigu à la violence, mais également aux règles de la démocratie en général, à commencer par l'acceptation de la civilité. Si l'on considère l'extrême-droite, il existe une tradition - que l'on retrouvait déjà chez Jean-Marie Le Pen - où la violence pouvait être considérée comme un mode de régulation acceptable des rapports sociaux. On retrouve cela à l'extrême-gauche également, et les deux forces se rejoignent sur ce discours qui tend à glorifier l'instinct les humbles contre l'arrogance des élites. Ce discours – fondamental dans l'esprit du fascisme des années 1920 et 1930 – développe l'idée selon laquelle la colère du peuple est toujours justifiée, quel que soit la forme qu'elle prend, y compris si cette colère est violente. D'ailleurs, la violence de cette colère, selon ce discours, n'est jamais la faute des humbles, mais de celle des élites qui se coupent de cette société par le bas.

J'ajouterai également, en guise d'élément d'analyse, que la violence fait partie de la vie. Or, nous avons tendance à l'oublier car la France n'a pas reconnu la réalité de la guerre depuis celle en Algérie. Nous sommes sur un continent qui, depuis les années 1960, n'a pas connu de conflit armé, et a peu vécu la violence. Nous avons donc oublié que la violence fait partie de la vie, et notamment de la vie politique. Bien-sûr, la politique transmue la violence physique en une forme de violence symbolique et idéologique. Cette violence, présente en politique, ne franchit cependant pas la barrière du meurtre : il y a une forme de tabou du meurtre dans nos sociétés modernes. A cet égard, le tweet de Marine Le Pen lu dans la question est quelque peu déroutant car elle semble donner, au nom de cet instinct des humbles que j'évoquais, une justification à la violence la plus extrême, qui est le meurtre de la députée travailliste Jo Cox qui incarnerait l'esprit des élites. Il faut quand même se souvenir de phrases comme celles de Maurice Barrès disant de Léon Blum que c'est un homme à fusiller dans le dos. D'ailleurs, si l'on reprend le discours de la classe politique des années 1920-1930, on se rend compte du niveau de violence exprimé à l'encontre d'autres personnalités politiques ou de groupes sociaux. A cet égard, notre culture politique à l'heure actuelle est quand même plutôt pacifiée, même si cette violence peut revenir de temps en temps. 

Paul-François Paoli : On observe effectivement, en ce moment, une radicalisation du discours violent, que nous n’avions pas observé depuis les années 1970. A cette époque, la violence politique se manifestait physiquement. Il y avait une extrême-gauche très violente qui s’exprimait dans la rue. Aujourd’hui, la situation n’est pas comparable à cette époque car la violence était alors endémique dans la société française aux lendemains de Mai 68. L’extrême-gauche en appelait à la violence contre les forces de l’ordre, contre l’Etat. A l’heure actuelle, nous assistons à une déliquescence de la gauche tandis que dans les années 1970, la gauche était hégémonique intellectuellement et culturellement, prallèlement au fait que l’extrême-gauche était très forte à cette époque notamment en France et en Italie. Ce serait donc une erreur de croire que la violence manifestée par la CGT ou Nuit Debout soit un signe de vitalité de la gauche radicale. Celle-ci a une tradition de la violence verbale et physique. Elle semble renouer avec cette tradition mais je doute que nous assistions à l’émergence d’un nouveau Mai 68 parce que la France est un pays dépressif, qui s’appauvrit comme l’a affirmé Bruno Le Maire il y a peu de temps.

Paradoxalement, les incitations révolutionnaires surviennent dans des moments de santé économique parce qu’on a quelque chose à dépenser. Or, aujourd’hui, les Français n’ont pas grand-chose à dépenser. Il n’y a donc pas de situation pré-révolutionnaire en France – n’en déplaise à Frédéric Lordon. On assiste à une banalisation de la désespérance politique que Mélenchon essaye de récupérer de manière honteuse. Si l’on revient sur l’exemple de Nuit Debout cité dans la question, il convient de préciser que tous les commentateurs s’accordent à reconnaître la pauvreté intellectuelle du mouvement ; on est bien loin de ce qu’a pu être le foisonnement de la gauche radicale en France. Malgré la violence, il y avait chez les trotskistes et les maoïstes une richesse rhétorique qu’on ne retrouve pas dans le mouvement Nuit Debout. 

Comment le quinquennat de François Hollande a-t-il pu participer au développement de ce phénomène du recours à la violence par la société civile ? Dans quelle mesure un tel phénomène est-il le signe qu'une partie croissante de la population ne croit plus en la démocratie représentative ?

Paul-François Paoli : Il y a une décomposition de la représentation politique : c’est ce que traduit ces accès de violence sporadiques. On le voit bien aujourd’hui : le PS est un parti fantôme ; le PCF a quasiment disparu du paysage politique ; les Républicains sont un parti de notables ; et le FN est un parti qui engrange des voix sans pour autant être un parti de masse comme a pu l’être le PCF qui, dans les années 1980, comptait entre 400 000 et 500 000 militants. Il y a donc un vide immense au niveau de la représentation politique. Il faut aussi préciser que la gauche ne représente plus aujourd’hui les classes populaires : d’ailleurs, celles-ci ne votent plus à gauche, et ce dans toute l’Europe. On remarque qu’en France, la classe ouvrière est devenue abstentionniste, ou vote pour les partis dits populistes comme le FN. Il n’y a donc plus de lien entre le monde politique et la société civile. 

Xavier Crettiez : Ce que l’on peut dire, c’est qu’il y a dans le quinquennat Hollande quelque chose que l’on a pu voir entre 1982 et 1984, soit les années où l’Etat socialiste a rompu avec un dogme qui le portait jusqu’alors : le dogme anticapitaliste. Ce que l’on a appelé le "tournant de la rigueur" a eu pour effet de décevoir un certain nombre de personnes qui pensaient que ce tournant permettrait de basculer dans un autre monde. Cette déception s’est exprimée à la fois vis-à-vis de la gauche et des règles de la vie politique : en effet, pourquoi voter pour un parti politique qui se dit anticapitaliste et qui, en fait, applique les règles capitalistes ? Hollande a débuté son quinquennat avec le slogan "Mon ennemi, c’est la finance", alors que sa pratique est aux antipodes de cette affirmation. On retrouve donc aujourd’hui cette même déception. On avait alors vu naître à partir des années 1985-1986 une gauche mouvementiste associée à l’extrême-gauche et qui a participé à la réactivation de toute une frange contestataire animée par la Ligue communiste révolutionnaire à l’époque. Cette gauche ne croit plus dans les règles de la démocratie et affirme que la politique doit se faire dans la rue, y compris si cela doit passer par des actions dures. On retrouve cela en ce moment.

Pour comprendre la situation de violence actuelle, il faut aussi tenir compte de la crise économique, du mouvement de précarisation plus important pour certaines franges de la population que pour d’autres, etc. On assiste aussi à une transformation des structures assez forte où certains milieux sociaux cherchent à conserver leurs droits acquis, ce qui peut déboucher sur une panique morale vis-à-vis de ces transformations, suscitant ainsi des réactions de défense fortes. 

Ce recours à la violence ne présente-t-il pas un vice de raisonnement lorsque la violence est présentée, dans les différents discours, comme l'ultime recours des faibles contre les forts ? En quoi peut-on considérer que les différentes catégories de population - agriculteurs, bonnets rouges, casseurs, jeunes de banlieue - bénéficient d'une indulgence à géométrie variable, selon que celles-ci sont perçues ou non comme des victimes du système ?  

Paul-François Paoli : Dire que la violence est l’ultime recours des faibles contre les forts est de la pure démagogie. C’est irresponsable et surtout politiquement très dangereux parce que l’Etat doit être respecté en dehors du gouvernement. La démocratie permet de chasser le gouvernement en cas de mécontentement ; l’Etat n’est pas de la même nature : c’est une infrastructure, une légitimité qui ne se discute pas. Personne n’a le droit dans la rue de s’approprier la violence légitime.

L’une des démagogies les plus inconscientes est le discours sur les jeunes : c’est insupportable de voir les jeunes attaquer les forces de l’ordre ou dégrader des bâtiments hospitaliers. Il existe un sale esprit français qui consiste à demander toujours plus d’autorité – comme le révèlent les sondages – sans jamais pour autant l’accepter. Il n’y a qu’à prendre l’exemple de Mai 68 : l’opinion supportait massivement les étudiants et les violences contre les forces de l’œuvre, avant de réclamer massivement l’autorité dès le 1er juin de la même année, ce qui a contribué à un raz-de-marée des partis de droite. 

Xavier Crettiez : Cette affirmation selon laquelle la violence est l’ultime recours des faibles contre les forts est purement politique. Cela traduit une certaine méfiance vis-à-vis des procédures démocratiques ordinaires. Il faut préciser qu’en France, il n’y a pas énormément de contre-pouvoirs institutionnalisés : un recours très faible au référendum ainsi qu’à la pétition, une mise à l’écart de toutes actions relevant de groupes d’intérêt au profit d’un Etat puissant, ce qui n’est pas le cas dans les pays de tradition anglo-saxonne ou dans certains pays latins comme l’Italie qui a une forte pratique du référendum. Ceci donne du grain à moudre à ceux qui réclament l’exercice de la rue comme seule solution.

Par ailleurs, je crois que la France, avec sa philosophie républicaine, est un pays très hostile à la différence : on le voit notamment sur les débats relatifs au communautarisme, considéré comme un gros mot absolu, alors que cela ne pose encore une fois aucun problème dans les pays anglo-saxons. Du fait que la République française refuse de reconnaître ces communautés, ces différences, il n’y a pas de relais institutionnalisés. Du coup, un certain nombre de communautés pensent qu’elles n’ont pas d’autres moyens de s’exprimer qu’à travers une action de rue.

Concernant la deuxième partie de votre question, si l’on considère les agriculteurs, il faut rappeler la diminution spectaculaire du niveau de violence de leurs mouvements contestataires, sans même remonter aux jacqueries de l’Ancien régime ! Si l’on revient aux mouvements des années 1930, avec des montées sur Paris, une connivence de certains agriculteurs avec le fascisme, ou bien ceux des années 1960-1980 tournés notamment contre l’Europe, on remarque que le niveau de violence n’a rien à voir avec les mouvements actuels. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que tout le monde n’est pas égal face à la violence : si l’on considère à nouveau les agriculteurs, il s’agit là d’une population qui a une tradition caractérisée par la violence, de même que les étudiants. Aussi bien pour les uns que pour les autres, cette tradition de la violence est plus ou moins tolérée par les élites politiques. Ceci s’explique par le fait que les étudiants incarnent la jeunesse et que n’importe quel gouvernement sait très bien que la répression de la jeunesse coûte très chère sur le plan politique. De même, les politiques ne veulent pas toucher aux agriculteurs car il s’agit d’une des populations les plus votantes de France, présente dans tous les conseils municipaux et ruraux du pays. Le décalage entre le poids démographique de cette composante de la société – moins de 3% - et sa pression électorale est saisissant. Quant aux jeunes de banlieues, on ne peut pas parler véritablement de tradition de la violence dans la mesure où cette question des banlieues date des années 1980. A cela s’ajoute le manque de soutien politique et populaire à cause de ce refus du communautarisme notamment. Par ailleurs, taper sur un jeune de banlieue coûte beaucoup moins cher pour un gouvernement que de taper sur un étudiant ou un agriculteur. 

En voulant dénoncer "l'autoritarisme" du gouvernement lorsque celui-ci recourt au 49.3 pour faire voter la loi El Khomri, certaines personnalités politiques ne tombent-elles pas dans ce même piège ? Dans quelle mesure le 49.3 est-il, au contraire, un moyen constitutionnel d'empêcher une minorité de bloquer un processus législatif ? 

Xavier Crettiez : Ce vocabulaire est utilisé à dessein pour souligner quelque chose, effectivement, qui est loin de la vérité. On ne peut pas dire que le gouvernement actuel soit véritablement « autoritaire » : il parle du recours au 49.3 qui a été utilisé un nombre significatif de fois au cours de la Vème République – avec un record sous l’ère Rocard, celui-ci étant supposé incarner cette gauche un peu libérale et moderniste. Ces critiques d’ "autoritarisme" peuvent être expliquées par la figure même de l’actuel Premier ministre qui joue assez fortement - et qui a pu tirer une partie de popularité à un moment - sur ce thème de l’Etat fort républicain. Ce n’est donc pas tout à fait par hasard si cette image lui revient en ce moment sur le mode de la dénonciation. A la différence de nos voisins, il est évident que la France est, ou se veut, un Etat fort et distinct de la société civile, dans la plus pure tradition républicaine accentuée par le gaullisme. Plus l’Etat est fort, plus la société civile est encline à durcir le ton pour pouvoir se faire entendre. 

Paul-François Paoli : Aujourd’hui, les valeurs qui prédominent dans nos sociétés occidentales sont humanitaires et compassionnelles. Ainsi, toute forme de violence apparaît comme une agression invraisemblable de ces valeurs. 

Au regard de l'actualité, dans quelle mesure la croyance selon laquelle des sociétés prospères et diplômées sont des sociétés qui savent éviter la violence est-elle fondée ? 

Xavier Crettiez : On pourrait prendre la question dans l’autre sens, c’est-à-dire : est-ce que la violence provient de la pauvreté et est-ce qu’elle disparaît au fur et à mesure de l’accroissement économique ? Je ne pense pas. La pauvreté peut fortement alimenter la violence mais ce n’est pas parce que tout à coup il n’y a plus de pauvreté que la violence disparaît. Lorsqu’on est de plus en plus éduqué et riche, on est également de plus en plus critique sur le monde qui nous entoure. De même, on a une visibilité de l’Autre plus importante. On a pu croire pendant un temps que plus le monde allait devenir un village planétaire, plus les hommes allaient s’aimer et la société devenir harmonieuse. Or, cela n’est pas exact car d’une certaine manière, l’Autre devient beaucoup plus visible et plus présent du fait des progrès dans le domaine des transports. On est donc en relation plus fréquemment avec un Autre qui ne nous comprend pas automatiquement : on peut être proche géographiquement, mais pas nécessairement sur le plan culturel.

Pour finir de répondre à cette question, je mentionnerais également ce que l’on a appelé le paradoxe de Tocqueville. En étudiant le phénomène révolutionnaire, celui-ci a, en effet, été étonné de constater que la Révolution est survenue à un moment où le peuple de France était dans une forte amélioration de ses conditions. D’une certaine façon, c’est au moment où tout va mieux que tout explose. Il avait expliqué cela par un phénomène de frustration assez fort entre les attentes de ces populations qui allaient croissantes, et une réalité qui ne suivait pas ce rythme exponentiel, bien qu’elle s’améliorait. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut faire le parallèle avec la situation actuelle…

Paul-François Paoli : Je ne pense pas que l’on puisse éditer une loi en la matière. En Mai 68, personne n’avait prévu les évènements alors qu’il s’est agi, après coup, de la plus grande grève de notre Histoire. Quelques semaines avant que le mouvement social ne démarre, un article écrit par Pierre Viansson-Ponté était paru dans Le Monde, intitulé « La France s’ennuie ». A l’époque, la France était effectivement un pays prospère et éduqué. Or aujourd’hui, nous ne sommes plus un pays prospère : nous sommes le pays qui a accepté un chômage endémique et qui s’appauvrit.

Par ailleurs, ce qui est dangereux aujourd’hui dans la société française, ce n’est pas le discours violent de la gauche ou de l’extrême-gauche, mais la question de l’islam et de l’immigration, facteur de divisions. C’est là où réside le caractère explosif de la situation. On remarquera que les grands absents de Nuit Debout auront été les jeunes issus de l’immigration, en partie islamisés. Le débat de la présidentielle, comme l’a dit Nicolas Sarkozy, sera bel et bien identitaire. 

Propos recueillis par Thomas Sila 

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