La France a été en récession et n'a pas résolu son problème de compétitivité : voilà pourquoi son déficit commercial s'est réduit<!-- --> | Atlantico.fr
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La contraction du déficit enregistrée au premier semestre est due à une baisse plus marquée des importations (-2,2% au total) que des exportations (-1,9%).
La contraction du déficit enregistrée au premier semestre est due à une baisse plus marquée des importations (-2,2% au total) que des exportations (-1,9%).
©Reuters

Explication de texte

Selon les données CVS/CJO publiées mercredi par les Douanes, le déficit de juin s'est établi à 4,44 milliards d'euros contre 5,71 milliards en mai. Sur l'ensemble du premier semestre, le déficit commercial chute de 40%.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Atlantico : Dans un communiqué, la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq souligne que, hors énergie, le déficit commercial du premier semestre chute de 40%, à 5,6 milliards d'euros. La contraction du déficit enregistrée au premier semestre est due à une baisse plus marquée des importations (-2,2% au total) que des exportations (-1,9%), qui accusent leur premier recul sur la période depuis 2009. Comment analysez-vous ces chiffres ?

Jean-Paul Betbèze : Ces chiffres sont avant tout la conséquence de la récession. Celle-ci fait baisser mécaniquement les importations ce qui d'un point de vue purement comptable a un effet positif sur le commerce extérieur, mais en réalité traduit une crise de la consommation. Plus significatif est le recul des exportations sur l'ensemble du semestre. Cela pose le problème de la compétitivité du pays qui est d'autant plus sous pression que les pays du Sud ont fait des économies de coûts et ont procédé à des baisses de salaire qui leur permettent d'être plus concurrentiels.

En résumé, le commerce extérieur français nous dit :

1) " Vous avez été en récession et donc vous avez moins importé. "

2) "Les autres pays ont davantage baissé les salaires et les coût de production que vous. En conclusion, dans ces pays-là, vous n'arrivez pas à remonter des parts de marché."

Cela signifie qu'il faut effectuer un double travail pour retrouver à la fois la croissance et la compétitivité. Cette compétitivité a un aspect hors-coûts lié à la recherche et l'innovation, mais aussi un aspect coûts lié à une nécessaire modération salariale.

La baisse des exportations reflète-t-elle également les difficultés de ses principaux partenaires de la zone euro ?

Non, c'est l'effet de la récession française. Dans la mesure où il y a moins d'activité, tout le monde importe relativement moins. Mais dans les autres pays, la baisse des importation n'empêche pas systématiquement le développement des exportations. Si l'Espagne et le Portugal arrivent à doper leurs exportations, c'est parce qu'ils ont créé une pression salariale.

Les livraisons aéronautiques connaissent un creux conjoncturel lié à la hausse de l'Euro. Néanmoins, à côté de l'aéronautique qui est une valeur sûr de moyenne période, je pense qu'il y a des problèmes de compétitivité salariale qui se pose en Europe. 

Nicole Bricq se dit persuadée que la France réussira à atteindre l'équilibre de la balance commerciale hors énergie en 2017. Cet objectif vous paraît-il réaliste ?

Que les politiques aient des objectifs positifs me paraît normal. La question est : "Comment y parvenir ?" . On ne peut y arriver que par des engagements de modération salariale. Il faut qu'il y ait en France un vrai dialogue social au sein de entreprises sur les salaires, la formation, et l’emploi. C'est le seul moyen de parvenir à cet objectif.

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