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Une réelle crise du pouvoir en place a lieu depuis plusieurs mois.
Une réelle crise du pouvoir en place a lieu depuis plusieurs mois.
©Reuters

Hollandie

Alors que le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, a dû préciser ce mercredi que le gouvernement était à l’œuvre, une telle déclaration annonce en substance la fin de quinquennat fantôme que beaucoup redoutaient, la présidentielle étant déjà dans tous les esprits.

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Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Ce mercredi, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement et surtout ami du président de la République a tenté de remettre de l’ordre au niveau de l’exécutif. Entre le président Hollande et le Premier ministre Valls, qui des deux tient encore la boutique ? On est certes loin d’une tentative de coup d’Etat, mais quand François Hollande est à Madagascar pour le 16ème sommet de la francophonie, Manuel Valls multiplie les déclarations pour écarter la candidature du président à sa propre succession l’obligeant à se justifier devant le Parlement en réfutant la menace d’une crise institutionnelle.

Derrière les mots, il y a une réelle crise du pouvoir en place et ce depuis plusieurs mois. Les Français étaient habitués à une glaciation toute brejnévienne de nos institutions et de notre système politique mais il y avait quand même parfois quelques soubresauts laissant croire que le pays était gouverné. En vérité, le drame de nos institutions est notre régime semi-présidentiel et finalement la personnalité de celui qui s’installe à l’Elysée change assez peu les choses. La France est duale, rien n’est jamais vraiment tranché. Latine et germanique, langue d’oïl et langue d’oc, autorité et laxisme, conservatisme et progressisme, jacobinisme et décentralisation, régime parlementaire et régime présidentiel. Une auberge espagnole à ciel ouvert ce qui fait la richesse de notre pays mais aussi sa faiblesse puisque plus difficile à gouverner.

Les Français sont tenter régulièrement par plus d’ordre mais n’osent pas franchir le Rubicon. Marine Le Pen les attire mais ils préfèrent utiliser la fille du Menhir comme un rempart contre leurs peurs, Mélenchon les excite avec ses pseudo vestes Mao et sa sémantique révolutionnaire mais il restera le symbole du pouvoir prolétarien dans une société libérale.

Si Jacques Chirac avait déclaré en 1992 "un chef, c’est fait pour cheffer", c’était dans un contexte d’opposition et de chef de parti. Une fois au pouvoir Chirac ne cheffera pas préférant laisser la gauche gouverner et préparer tranquillement sa réélection. Lors de son second mandat alors qu’il est mieux élu que n’importe quel maréchal d’opérette, il ne "cheffera" pas non plus, préférant préparer sa retraite. Sarkozy après lui ne "cheffera" pas trop obnubilé par sa réélection.

A gauche, on ne cheffe pas, on gouverne ! Coincé entre une idéologie socialiste dépassée et une économie libérale, on ne peut pas en réalité gouverner et encore moins quand le gouvernement voit s’éroder sa majorité. Sans culture du chef, la gauche de François Hollande ne s’inscrit pas dans un régime présidentiel, sans réelle majorité, le gouvernement de Manuel Valls ne s’inscrit pas dans un régime parlementaire. Il y a donc bien une crise et si elle n’est pas institutionnelle, ne serait-elle pas constitutionnelle ? Ne faut-il pas sortir de ce système hybride, régime parlementaire présidentialisé, et empêcher que le mandat présidentiel soit une période de campagne pour briguer un second mandat ?

Hollande, affaibli par sa côte de popularité, par les révélations de ses confidences à deux amis journalistes qui lui voulaient du bien, prisonnier de sa promesse d’inverser la courbe du chômage condition sine qua non à un deuxième mandat, se tait préférant laisser Le Foll, dernier soutien épargné par les HollandeLeaks, porter la parole présidentielle au moment où le gouvernement se réfugie toujours et encore derrière des questions sociétales comme une mesure contre l’entrave à l’IVG, à croire que la France n’a que des problèmes de riches.

Lors d’un déjeuner à Dax en février 2015, Fillon m’expliquait qu’il est pour un mandat présidentiel unique afin de ne pas être piégé par la course à sa réélection et ainsi pouvoir engager les réformes nécessaires. Cette solution, même si le quinquennat est un peu court et qu’un septennat non renouvelable serait plus adapté, permettrait au chef de pouvoir "cheffer" tout en sachant gouverner ! Etait-il sincère ?

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