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Les indicateurs sont dans le rouge. La France n’affiche plus de croissance depuis 4 trimestres, le déficit commercial frôle des niveaux records et la confiance des consommateurs est en berne.
Les indicateurs sont dans le rouge. La France n’affiche plus de croissance depuis 4 trimestres, le déficit commercial frôle des niveaux records et la confiance des consommateurs est en berne.
©Reuters

États du monde

Le monde n'est plus le même. Les pays émergents comblent peu à peu leur retard sur les économies occidentales, tandis que les Européens s'appauvrissent.

Andrea Tuéni

Andrea Tuéni

Diplômé du Master en Finance de marché de Sup de Co Reims, Andrea Tuéni rejoint Saxo Banque en tant que Sales Trader il y a 2 ans.

Ce spécialiste des devises et matières premières est rapidement devenu un analyste reconnu par les médias financiers de référence (BFM, Reuters, Le Figaro,…) et participe au rayonnement de l’activité du département de Sales Trading de Saxo Banque France.

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A (re)lire aussi sur ce sujet :

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La crise, 4 ans après : l'Europe abandonnée par les Européens

Atlantico : Quatre ans après le début de la crise, où en est l'économie française ? Où se situe-t-elle par rapport au reste de la zone euro ?

Andrea Tuéni : L’économie française peine à reprendre des couleurs. Les prévisions de croissance sont faibles et sans cesse revues à la baisse : la Banque de France annonce pour le second semestre de l’année une contraction du PIB de 0,1% là où la Bundesbank a relevé ses objectifs de croissance à 1% contre 0,6%. A noter qu’il s’agirait du premier trimestre de contraction depuis 2009.

D’autres indicateurs font état d’une dégradation rapide de l’économie durant les deux derniers mois notamment les indicateurs PMI qui mettent en lumière l’état de santé du secteur privé. Le PMI manufacturier français reste engluer sous la zone des 50 ce qui est signe d’un état de récession. Pour rappel, au pic de la crise, le PMI manufacturier français était descendu autour des 35 avant de remonter courant 2011 autour de 58. Ceci montre bien que la France n’est pas sortie de la crise, pire encore l’état de son économie semble se dégrader dangereusement.

Enfin, au niveau de l’emploi, là encore il n’est pas exagéré de tirer la sonnette d’alarme. La France compte plus de 3 millions de chômeurs et ce chiffre ne semble pas prêt de diminuer. L’état général de l’économie n’est pas propice à une baisse du chômage. Les indicateurs sont dans le rouge. La France n’affiche plus de croissance depuis 4 trimestres, le déficit commercial frôle des niveaux records (6 milliards d’euros par mois), la confiance des consommateurs est en berne et les derniers résultats d’entreprises font état d’une baisse de rentabilité (le taux de marge des entreprises françaises est égal à 28,6% soit le plus faible d’Europe).

Évolution du chômage en France

Néanmoins, ceci n’est pas une fatalité. La situation de la France n’est pas celle de la Grèce, de l’Espagne ou encore de l’Italie. Des réformes structurelles importantes doivent être mises en place. La France garde des atouts comme la performance des grandes entreprises françaises, une croissance démographique favorable, des taux obligataires en baisse. Les taux à 10 ans sont en effet passés de plus de 4% en 2009 à 2,2% aujourd’hui.

Comment la crise de la zone euro a bouleversé les méthodes et volumes d'épargne et d'investissement ?

Toute crise modifie les habitudes des épargnants. En France, selon l’INSEE, le taux d’épargne des ménages atteint des niveaux historiques à 16,8% du revenu disponible brut. En France, on note un attrait évident pour ce qui est Livret A, Livret de Développement Durable et livrets d’épargne défiscalisés d’une manière générale.

En période de crises, force est de constater que les français se montrent prudents mais l’épargne n’est pas non plus un lourd fardeau, elle permet de maintenir les taux d’emprunt faibles en servant de garantie à l’Etat. Y compris sur les marchés, la crise pousse les investisseurs à la prudence. La crise que nous traversons aura fait grimper le prix de l’once d’or à 1 920 dollars, un record absolu.

Plusieurs entreprises comme E. Leclerc constatent un "mouvement de paupérisation très nette en Europe du sud" et s'adaptent en conséquent. La crise est-elle seule responsable ? Cette tendance est-elle simplement conjoncturelle ou peut-elle se confirmer ?

Les entreprises doivent en effet s’adapter à ce phénomène de paupérisation. La dégradation des économies avec notamment la montée du chômage oblige certaines entreprises à adapter leur stratégie. Cependant, ce constat ne peut être le même selon les secteurs comme en témoigne la réaction de L’Oréal qui prend le contrepied en affirmant que "nous ne sommes pas dans une logique de paupérisation ni même de banalisation des produits".

Selon le dernier rapport de la Commission européenne sur l’emploi et la situation sociale en Europe, les ménages français rencontrent de plus en plus de difficultés. Les ménages français sont dans une situation où ils doivent puiser dans leur épargne ou s’endetter pour assurer un rythme de vie décent. La situation en France n’est bien sûr pas la plus dramatique : celles de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne sont encore plus inquiétantes. En Espagne par exemple, 25,5% de la population risque la pauvreté ou l’exclusion sociale.

D'après ces constats, les pays émergents ont-ils profité de la crise pour combler leur retard sur les économies occidentales ?

Les pays émergents profitent du ralentissement économique criant des pays occidentaux pour combler une partie de leur retard. Le constat est simple, les niveaux de croissance des pays émergents sont loin devant ceux des puissances occidentales. Même si l’on parle d’essoufflement de l’économie chinoise, cette dernière devrait croître de 8% selon le FMI. L’autonomie des pays émergents en matière budgétaire et monétaire avec peu d’endettement et des taux élevés leur laisse une importante marge de manœuvre.

Force est de constater que même si la morosité économique en Europe et aux Etats-Unis pénalise les puissances émergentes comme par exemple la Chine, leurs taux de croissance restent bien plus élevés. Ces écarts pourraient se maintenir voire augmenter si ces pays parviennent à enclencher rapidement la transition vers leurs marchés domestiques, les rendant ainsi de moins en moins dépendant de leur commerce avec l’Occident.

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