La baisse en trompe-l’œil de l’impôt sur le revenu fait resurgir le spectre de la rechute de l’économie<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls souhaite réduire la pression fiscale sur les ménages les plus modestes.
Manuel Valls souhaite réduire la pression fiscale sur les ménages les plus modestes.
©Reuters

Editorial

Manuel Valls souhaite réduire la pression fiscale sur les ménages les plus modestes. Il a annoncé que les nouvelles mesures fiscales en préparation allaient bénéficier à plus de 3 millions de ménages et permettre à 1,8 million d'entre eux de sortir de l’impôt sur le revenu.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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En annonçant une réduction d’impôt qui profiterait à plus de trois millions de foyers les plus modestes à quelques jours des élections européennes, Manuel Valls caressait l’espoir d’apporter un peu de baume à l’électorat de gauche traumatisé par les échecs de la politique gouvernementale. Mais la promesse pourrait rapidement faire long feu et connaître le même sort que l’engagement de retourner la courbe du chômage.

D’abord, parce que la mesure annoncée qui pourrait atteindre un milliard d’euros est bien modeste par rapport aux 75 milliards que rapporte cet impôt, après avoir connu une envolée spectaculaire depuis les 50 milliards enregistrés en 2011. Mais surtout, parce qu’elle risque de passer inaperçue, même si le ministre des finances garantit officiellement une diminution d’impôt de 350 euros pour un célibataire et 700 euros pour un couple avec ou sans enfants.

Il ne faut pas être dupe du stratagème retenu par le pouvoir, qui témoigne de toutes les roueries de la politique de communication. On évoque en effet une baisse par rapport à une augmentation qui avait été votée mais dont l’application ne se serait fait sentir qu’à l’automne au moment du paiement de l’impôt. On revient en fait sur une mesure annoncée mais cela n’augmentera nullement le  pouvoir d’achat des contribuables concernés. La renonciation à une majoration ne constitue nullement une diminution de la contribution. Mais elle apparaitra une  fois de plus comme un mensonge dans le discours officiel.

D’autant que le gouvernement ne peut dissimuler que les impôts vont continuer d’augmenter et que les réveils seront  douloureux à l’automne. Même si l’on soustrait un milliard à la facture globale, la ponction sur les revenus progressera d’au moins 3,5 milliards, selon Gilles Carrez, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Les hausses seront concentrées sur les classes moyennes, en raison d’une série de dispositions qui ne sont pas  modifiées, concernant le plafonnement du quotient familial, la suppression de la réduction d’impôt sur les frais de scolarité, l’assujettissement à l’IR des dividendes et des intérêts sur les obligations, etc.

Au total, le ras le bol fiscal qui s’était exprimé l’an dernier pourrait retrouver une nouvelle vigueur, au moment du verdict de l’automne, avec le sentiment qu’une fois de plus, le gouvernement a menti en faisant croire qu’il avait compris le message de l’opinion , alors que l’on  fait face à une  baisse d’impôt introuvable.

Non seulement le sentiment d’inquiétude ne  va pas disparaître, mais nos compatriotes risquent d’accentuer leur mouvement  de repli sur soi en réduisant leur propre consommation. La cacophonie fiscale des derniers mois à laquelle s’ajoutent les incertitudes sur le pacte de responsabilité peuvent annoncer des lendemains douloureux. La reprise de la croissance s’évanouit si l’on en croit le moral en berne des patrons devant la baisse des carnets de commande dans l’industrie, face à l’insolente santé de leurs concurrents allemands. L’Unedic inflige un camouflet cinglant au gouvernement en ne prévoyant aucun répit sur le front de l’emploi avec un chômage qui franchirait la barre des trois millions et demi de personnes en 2015, rendant caduque la promesse d’une reprise de la croissance. Ce qui en définitive pèsera sur les ressources fiscales et éloignera encore un peu plus l’espoir de réduire les déficits alors que les exhortations à plus de discipline se feront plus pressantes que jamais du côté de Bruxelles. 

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