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L'islam au feu rouge : le ressort idéologique profond du basculement terroriste de jeunes musulmans
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Bonnes feuilles

"Alors que la course planétaire entre la barbarie et les Lumières bat son plein, l’islam de France stationne au feu rouge. La faute à l’irresponsabilité des responsables du culte musulman. La faute à la paresse bienveillante des pouvoirs publics." Extrait de "L'islam au feu rouge", de Camille Desmoulins, publié aux éditions du Cerf (2/2).

Camille  Desmoulins

Camille Desmoulins

est un pseudonyme, l'auteur souhaitant rester anonyme.

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De tels particularismes ne vont pas sans déterminer des responsabilités particulières, c’est une évidence presque inutile à rappeler. Prouver in situ qu’il est possible de faire exister les diversités qui composent la France dans le cadre de règles acceptées est, plus encore qu’une nécessité sociale, un impératif politique. Le principe en est qu’aucun groupe, quel qu’il soit et religieux en premier lieu, ne refuse ces règles au point de ne plus accepter que son point de vue ne soit pas pris en compte en totalité. Autrement dit, qu’il cesse de consentir à ce que sa vision du monde ne s’impose pas absolument à tous. Ou encore, en un mot, que ce groupe en vienne à ne plus admettre la confrontation démocratique et qu’il veuille sortir de sa situation forcément relative et relationnelle, considérée comme illégitime, par la violence.

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Le ressort idéologique profond du basculement terroriste de jeunes musulmans, c’est cela. D’autres jeunes, avant eux, l’ont fait pour d’autres idéologies, qui malgré tout ne manquaient pas d’humanisme, et dans d’autres conditions. Pour autant, la hauteur du défi actuel ne saurait être négligée. Dans le réveil général et planétaire des identitarismes religieux, l’islam laisse voir une inquiétante porosité à sa propre tentation fondamentaliste, qu’amplifient sa prétention universaliste et, partant, son nombre.

Tout l’enjeu des temps présents, dans nos frontières, tient là : réussir à démontrer que la laicité , avant d’être une valeur, est l’instauration de règles de droits en charge d’organiser la possibilité d’une vie commune entre les croyants et les incroyants ; qu’elle est crédible quand elle prétend ne pas vouloir brimer les minorités religieuses ; qu’elle vaut ainsi et aussi pour le culte musulman.

En ce sens, la « déradicalisation », dans laquelle on espère pouvoir entrainer ceux qui contestent notre système, et qu’on réduit trop rapidement à une action psychologique ou idéologique, engage avant tout une bataille qui est là aussi d’ordre politique. Cette bataille est à mener à la fois pour les musulmans qui vivent ici et en direction du monde islamique, arabe et autre, qui nous regarde. En particulier vis-à-vis des pays ou l’aspiration légitime à l’indépendance contre les jougs coloniaux passés ou les dominations impériales qui s’y sont substituées s’est accompagnée d’une incapacité à préserver la variété et la multiplicité qui pouvaient les caractériser. Sur l’autre rive de la Méditerranée, de l’autre côté de notre mare nostrum, du Maroc à la Turquie, en passant par l’Egypte et le Levant, les sociétés n’ont eu de cesse que de voir se réduire le spectre de leurs diversités, parfois larges, toujours significatives. Diversités dont la disparition a été accélérée par des initiatives militaires malencontreuses, pour ne pas dire plus, dans les rares pays qui assuraient leur maintien, quoique souvent par la dictature, il est vrai, et en assujettissant leurs minorités si ce n’était en les asservissant.

Il en ressort la fin d’un monde que scellent des guerres de religion aux motifs archaîques et aux moyens modernes au cours desquelles on égorge, en technicolor, les hérétiques et les mécréants. Sous le rouleau persécuteur du djihadisme sunnite, en Irak et en Syrie, les Assyro- Chaldéens sont persécutés, liquidés ou au mieux chassés parce que « Gens du Livre », tandis que les Yézidis, considéreés comme des « idolâtres », sont exterminés. Et là ou` flotte le drapeau de l’islamisme, il n’y a plus, triste consolation, que l’Iran chiite des mollahs ou`, sans se cacher, un juif puisse prier dans une synagogue, un chrétien dans une église, au nom d’une liberté angoissante à force d’être irréelle.

Extrait de "L'islam au feu rouge", de Camille Desmoulins, publié aux éditions du Cerf, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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