L’industrie, prochaine victime de la mega crise énergétique européenne qui se profile pour l’hiver ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo prise le 21 mars 2013 montre la centrale d'EDF, à Blenod-les-Pont-à-Mousson, dans l'est de la France.
Une photo prise le 21 mars 2013 montre la centrale d'EDF, à Blenod-les-Pont-à-Mousson, dans l'est de la France.
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Dépendance énergétique

Les prix de l’électricité et du gaz viennent d'atteindre de nouveaux records alors que la saison hivernale s'approche. La crise énergétique risque de fortement impacter l'industrie.

Samuel Furfari

Samuel Furfari

Samuel Furfari est professeur en géopolitique de l’énergie depuis 20 ans, docteur en Sciences appliquées (ULB), ingénieur polytechnicien (ULB). Il a été durant trente-six ans haut fonctionnaire à la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne. Auteur de 18 livres.

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Atlantico : À lapproche de lhiver, les prix de l’électricité et du gaz atteignent de nouveaux records. Cette crise énergétique va-t-elle impacter certaines industries à forte intensité énergétique ?

Samuel Furfari : On voit que les gouvernements, préoccupés par l’impact que cette hausse a sur les consommateurs domestiques, auront du mal à juguler cette hausse des prix. Si l’on transpose cela au niveau de l’industrie, c’est le même problème mais bien plus couteux vu les quantités en jeu.  

Si en tant que consommateur nous sommes préoccupés par l’augmentation du prix de l’électricité l’industrie l’est bien plus avec que nous. C’est un élément crucial de la vie économique et les industriels sont très préoccupés de cela. Les industries ont toujours été actives pour diminuer leurl consommations d’énergie. Quand on regarde l’évolution historique de la quantité énergétique par PIB, en euro, on observe que dans le secteur domestique cela diminue très peu, mais dans le domaine industriel elle a chuté fortement depuis longtemps. Contrairement à ce que l’on dit depuis des années, les champions des économies d’énergie sont les industriels et non pas les citoyens. Paradoxalement, maintenant qu’ils ont fait tant d’efforts, ils doivent payer plus cher à cause de ce surcoût et eux ne reçoivent pas d’aides sociales.

Ils vont donc subir la crise de plein choc !

Quels secteurs vont être les plus impactés ?

Tous les secteurs. Tous consomment de l’électricité et  toutes – y compris les PME consomment du gaz - pour les opérations industrielles que cela soit dans les fours ou pour chauffer les usines ou  entrepôts.

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Les industries grandes consommatrices sont la sidérurgie, le verre, le ciment et la pétrochimie. Ces secteurs se sont fédérés pour faire face à toutes les politiques énergétiques qui les pénalisent énormément.

L’industrie manufacturière, très créatrice d’emplois, va aussi subir le choc. Par exemple, les électro-ménagers sont tous montés dans l’UE avec 80 % de leurs composants produits en interne. Cela va les pénaliser par rapport à nos concurrents.

Le secteur du transport, si important pour alimenter les industries aussi qui alimente en matière première et en composant va être touché ; c’est toute la chaîne qui est pénalisée, l’énergie étant partout.

Des pays de lU-E sont-ils plus dépendants que dautres ?

Injustement non. Le prix de l’énergie a explosé à cause de la très forte reprise en Chine. La demande en énergie est repartie à la hausse et l’énergie du futur – le gaz – a vu sa demande croitre fortement. La Chine, mais aussi les pays de l’ASEAN, la Corée du Sud et le Japon s’alimentent en gaz naturel liquide transporté par bateau et ils ne peuvent aller en même temps en Chine et en même temps vers l’UE. Actuellement, le prix est plus intéressant en Chine et ils paient plus pour avoir du gaz et donc il augmente aussi dans l’UE. Notons que grâce au gaz de schiste il reste extraordinairement bas aux États-Unis.

Le paradoxe est que l’Europe est essentiellement alimentée par des gazoducs provenant de Russie, Norvège et Algérie et non par bateau. Le gros de l’approvisionnement se fait sur base de contrat à long terme à un prix négotié il y a des années. Mais paradoxalement le prix chinois a un impact sur le prix européen. Les gaziers font d’énormes marges. 

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Donc le prix de l’électricité produite à partir du gaz augmente aussi, mais comme on a créé un marché unique de l’électricité, le prix en Europe est à peu près le même partout. La France qui ne consomme pratiquement pas de gaz voit son prix de l’électricité grimper. Tout le monde subit donc de façon injuste.

Oui tous les États membres sont pénalisés par le prix à payer pour émettre du CO2 s’impose à tous et comme 70 % de l’énergie en émet et que nous ne sommes qu’au début du processus de la « taxation » du CO2 pour réduire les émissions de 55 %, on est au début d’un cycle haussier.

Cela pourrait-il amener des pénuries ?

Le monde regorge d’énergie. Il faudra juste payer plus cher le gaz et l’électricité tout simplement. Ce qui est le contraire de l’objectif des pères fondateurs de l’UE qui ne reconnaitraient pas ce qu’ils ont révés.

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