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Le fabuleux destin de Wu Zetian, plus belle femme de son temps et unique impératrice de toute l’histoire de la Chine
©Wikimedia Commons

Bonnes feuilles

L’art chinois nous est familier, mais curieusement l’histoire de la Chine nous est mal connue. Et pourtant elle est instructive, et qui plus est passionnante. Qui peut se flatter de connaître et de comprendre un pays s’il en ignore l’histoire ? C’est encore plus vrai en ce qui concerne la Chine et ses cinq mille ans d’histoire. Extrait du livre "Les trente 'empereurs' qui ont fait la Chine" de Bernard Brizay, aux éditions Perrin (2/2).

Bernard Brizay

Bernard Brizay

Bernard Brizay, journaliste et historien, excellent connaisseur de la Chine où il réside souvent, est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet, dont le Sac du palais d’Été (traduit en chinois).

"Les trente empereurs qui ont fait la chine" de Bernard Brizay

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Quand l’histoire se fait roman, le roman se fait histoire. L’histoire de Wu Zetian est à ce point romanesque que les romanciers n’ont pu résister à la tentation de s’en inspirer. Tout comme les cinéastes… Même si l’historiographie chinoise est en général critique à l’égard des femmes.

Il est vrai que la vie de Wu Zetian (624-705) est si étonnante, si extraordinaire, que la réalité dépasse la fiction. Cette femme, en un mot, est exceptionnelle. Si elle a fait couler beaucoup d’encre, elle a aussi fait couler beaucoup de sang. Fait significatif, dans l’opéra traditionnel chinois elle apparaît comme ayant un « visage blanc », celui réservé aux traîtres et aux monarques cruels. Un de ses ennemis la décrit ainsi : « Avec le cœur d’un serpent, et la férocité d’un loup, elle a rallié les sycophantes à sa cause, et s’est employée à supprimer les justes. Elle a égorgé sa sœur, massacré ses frères, tué son empereur et empoisonné sa mère. Elle est haïe des hommes et aussi des dieux. »

Pour l’historien américain Harry Rothschild, en dépit d’une bonne cinquantaine de biographies écrites ces cent dernières années, sa personnalité reste difficile à appréhender. « Remplie de drames, de meurtres, d’intrigues, de mysticisme, de déceptions, de sexe et de folie, écrit-il, son histoire reste à la fois terriblement improbable et hautement captivante : celle d’une femme à l’ambition féroce, seconde fille d’un obscur négociant provincial en bois de charpente, qui est parvenue à se faire déclarer impératrice en titre de la vaste nation chinoise . »John Fairbank voit en elle « une politique remarquablement douée et capable, mais les méthodes meurtrières et illicites qu’elle employa pour se maintenir au pouvoir la discréditèrent auprès des hommes de la bureaucratie4 ». Toujours est-il que son règne fait encore l’objet de débats.

Wu Zetian a − tout simplement − été la seule et unique impératrice de toute l’histoire de la Chine, laquelle compte 5000 années. Dans le système impérial, au sein d’une société confucéenne patriarcale, le titre et la fonction d’empereur sont exclusivement réservés aux hommes. Les femmes ne peuvent exercer le pouvoir que dans le cadre d’une régence, d’un interrègne − en tant qu’impératrices douairières −, en étant assistées d’un Conseil de régence, et sans avoir le titre d’empereur. Or, Wu Zetian est allée jusqu’à fonder sa propre dynastie ! La dynastie Zhou, deuxième du nom, dont elle sera le seul monarque, de 690 à 705, après avoir exercé la réalité du pouvoir pendant des années. Dès 660 en vérité, lorsque le faible empereur Gaozong est de plus frappé par la maladie. Wu Zetian a sans doute été la plus belle femme de son temps. Et certainement une des plus cruelles de l’histoire de la Chine. Celle-ci a déjà connu l’impératrice Lü, sous la dynastie des Han antérieurs, de sinistre réputation, qui inaugure mal la série des souveraines. Mais avec le règne de la belle Wu, l’Empire va connaître une période de meurtres, de tortures, de cruautés, de guerres et de rébellions noyées dans le sang. Wu Zetian, en effet, a été une des plus grandes souveraines, mais aussi une des plus grandes meurtrières de l’histoire.

Ceci est une chose. Mais si Wu Zetian reste exceptionnelle, ce n’est pas seulement par sa beauté. Elle se distingue également par son intelligence et son esprit. Elle apparaît comme étant excessivement douée, politiquement habile, fine psychologue, bonne connaisseuse des tréfonds du cœur humain, mais également des désirs du peuple. Mue par une ambition forcenée, une détermination sans faille, elle surmonte à elle seule l’opposition des confucianistes et celle de tous ses adversaires.

Wu Zhao (son nom de naissance) serait originaire du Shandong, où son père, Wu Shiyuo, a été dans un premier temps commandant de garnison. À moins qu’elle ne soit née à Taiyuan, dans le Shanxi. Elle passe son enfance dans le Sichuan. Sa beauté est déjà si extraordinaire que ses parents se gardent bien de la donner en mariage, attendant de voir monter les enchères. Danielle Élisseeff, la voit ainsi : « Ses cheveux relevés, en volutes nuageuses, ses sourcils arqués comme des feuilles de saule, son nez droit et bien planté, sa petite bouche ronde et charnue, ses yeux en amande minces, son opulent décolleté que flattait la mode des robes croisées, amplement ouvertes et voilées d’un châle câlin … » Le poète Lo-Ping Wang la décrit en ces termes : « Des sourcils arqués comme des antennes de papillon / Ne consentant pas à céder aux autres femmes, / Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier, / Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. »

Extrait du livre "Les trente 'empereurs' qui ont fait la Chine" de Bernard Brizay, aux éditions Perrin 

"Les trente 'empereurs' qui ont fait la Chine" de Bernard Brizay

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