L’Europe sort de la récession mais le choc n’en sera que plus dur pour la France<!-- --> | Atlantico.fr
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L’indice PMI composite européen s’est établi à 50,5 points en juillet 2013.
L’indice PMI composite européen s’est établi à 50,5 points en juillet 2013.
©Reuters

Bluff ou pas bluff ?

Les indicateurs semblent montrer une remontée de l'activité économique en Europe. La France, avec 49,1 points, se rapproche même du seuil symbolique des 50, qui marquent le passage de la contraction à un retour de l'activité. Les politiques budgétaires et financières des Etats membres ne sont pas étrangères à cette remontée, qui malgré tout se fera attendre.

Jacques Delpla

Jacques Delpla

Jacques Delpla est économiste, professeur associé à l'université de Toulouse. 

Il est l'auteur de Le partage des fruits de la croissance (La documentation française, 2009), et La fin des privilèges : payer pour réformer (Hachette Littérature 2007).

 

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Atlantico : L’indice PMI composite européen s’est établi à 50,5 points en juillet 2013. Il a donc dépassé le seuil symbolique des 50 points, qui marquent le basculement entre contraction et progression de l’activité. Le mois précédent, il était à 48,7. Comment expliquer ce regain d’activité ? Est-il durable, ou s’agit-il d’un simple soubresaut ?

Jacques Delpla : L’indice 50 ne signifie pas pour autant un retour de la croissance. C’est une limite « morale » entre pessimisme et optimisme. On est entré en récession à l’automne, et cela a duré jusqu’au printemps. La crise financière s’est par la suite réduite. L'Espagne et l’Italie ont réussi à atténuer leur déficit externe, tout comme leur déficit budgétaire. La purge étant faite, l’économie peut repartir. Les conditions financières sont également favorables, les banques centrales ayant procédé à une baisse des taux.

La politique budgétaire menée en France a été la grande erreur de François Hollande. Il a trop réduit le déficit financier en 2012-2013. Il aurait dû aller moins vite, car l’impact de la politique budgétaire sur la croissance a entraîné une variation du déficit trop importante.

Toutes les enquêtes montrent que la sortie de récession est en cours, il n’y a pas de débat sur cette remontée. La grande inconnue est son ampleur. En effet, l’environnement international n’est pas très favorable, que ce soit en Chine, aux Etats-Unis ou en Europe.

En France, on ne prend pas assez en compte la bulle immobilière. Le prix de l’immobilier est trop élevé. Dans le meilleur des cas, il restera stable. Indépendamment de ce que décide de faire François Hollande, la croissance restera nulle en France pour toute la durée du quinquennat.

L’emploi reste en deçà des 50 points. Une hausse pourrait-elle intervenir ces prochains mois ?

On n’assistera pas à une baisse du chômage avant la moitié de 2014. Les déclarations de François Hollande de ces derniers jours sur les « emplois francs » sont très étonnantes : il se réjouissait de les voir passer de 5 000 à 10 000. Compte tenu du nombre de chômeurs en France, cette hausse n’a ni signification, ni pertinence. Et au-delà de ces emplois francs, si c’est cela la politique de l’emploi française, alors il y a de quoi s’inquiéter.

Se réjouit-on trop tôt à la lecture de ces indices ?

Le chômage conjoncturel va légèrement baisser. Mais de même que ce dernier n’est pas la faute du gouvernement, son amélioration ne sera pas à mettre à son crédit non plus. En réalité, le chômage structurel est toujours trop important, et les emplois francs sont une goutte dans la mer. L’écart entre l’action politique (10 000 emplois francs) et la réalité (3 millions de chômeurs) est tellement considérable, qu’on ne peut qu’être interloqué par ce type de déclarations. Même si les solutions proposées par le gouvernement sont suivies à la lettre, avec notamment 100 000 contrats de génération, on reste bien en deçà de ce qu’il faudrait faire.

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