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L'épreuve de vérité pour Trump : quand la convention républicaine mise sur la peur et rien d'autre
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THE DAILY BEAST - MAISON BLANCHE 2016

A Cleveland, les délégués républicains promettent de "rendre l’Amérique sûre de nouveau". Carnet de bord de la première journée.

Shane Harris

Shane Harris

Shane Harris est correspondant pour The Daily Beast sur les questions de sécurité nationale américaine. Il est l'auteur de deux livres :  @War: The Rise of the Military-Internet Complex, et The Watchers: The Rise of America’s Surveillance State.

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Copyright The Daily Beast, auteur - Shane Harris

Les Républicains ont démarré leur convention de 2016 à Cleveland lundi après-midi en faisant de la sécurité nationale une priorité et en promettant "de rendre l’Amérique sûre de nouveau". Mais les discours – ceux de célébrités de la télé, d’un général à la retraite et de la femme de Donald Trump – avaient pour but de faire peur aux américains. Les orateurs ont surtout peint un tableau cauchemardesque de l’Amérique, dans lequel les immigrés clandestins commettent des crimes violents, le président Obama affaiblit sciemment les frontières du pays et des Syriens faisant partie de cellules dormantes essaient de s’infiltrer aux Etats-Unis pour commettre des attentats terroristes.

Ces sujets de discussions, qui ne sont pas l’apanage de la campagne Trump; résonnent particulièrement avec l’électorat républicain. Mais les orateurs avaient très peu de propositions concrètes ou spécifiques concernant ce que ferait leur favori en lieu et place de ce qu’ils nomment "la politique sécuritaire catastrophique d'Obama" à l’intérieur et à l’extérieur. Des ténors républicains ont lancé des attaques sur la politique étrangère d’Obama, liant sa Secrétaire d’Etat, la candidate démocrate, Hilary Clinton.

"Des frontières ouvertes. Une amnistie présidentielle et une poussé des réfugiés syriens. C’est un programme laxiste et dangereux et il est temps que ça change" a déclaré le républicain Michael McCaul, président de la commission de sécurité intérieure, l’un des premiers à prendre la parole lundi soir. Les prises de parole se sont succédées jusqu’à 23h30 devant une salle moitié moins pleine qu’au début de la convention, trois heures plus tôt. Mais les orateurs avaient du mal à dire exactement ce qu'Obama et Clinton avaient fait de mal, outre le fait qu’ils n’avaient pas compris la véritable nature de "la guerre" contre le terrorisme et le fait qu’ils refusent d’utiliser le terme "islam radical" pour décrire les auteurs des attentatss meurtriers au Moyen-Orient, en Europe et aux Etats-Unis. "Ce que Trump et son équipe doivent réussir à faire, c’est proposer une stratégie cohérente de sécurité nationale" a déclaré au Daily Beast David Shedd, un ancien directeur de l’Agence Nationale de Défense et un officier des renseignements. "Il y toujours cette lacune dans les discours de Trump. Ce qui manque dans les différentes interventions de Trump et de son équipe c’est un message clair et cohérent qui définissent les enjeux et les moyens d’y répondre à travers le monde".

Rien de tout cela n’est apparu à Cleveland. Les participants ont entendu une litanie bien connue de griefs à l’encontre d’Obama et de Clinton, et surtout  sur le supposé manque de fermeté des démocrates face à Daech, leur réaction après l'attentat contre la mission diplomatique américaine à Bengazi en 2012. Il est intéressant de noter qu’aucun orateur n'a fait allusion au "scandale des mails", au fait que Hilary Clinton utilisait un serveur de messagerie personnel, alors que le directeur du FBI a foudroyé Clinton en disant que ce qu’elle a fait était "extrêmement imprudent". Au Congrès, les Républicains ont demandé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire et les sondages montrent que Hillary perd du terrain dans les Etats charnières notamment à cause de cette histoire d’e-mails.

L’ancien Maire de New York, Rudolph Giuliani a fait l’une des interventions les plus passionnées de la soirée en exhortant les participants à soutenir les forces de police qui ont été attaquées dans un contexte d’extrêmes tensions qui ont entrainé des morts de civils et de policiers. Et malgré le fait d’être tous deux newyorkais, Giuliani n’a réussi à lancer que des platitudes concernant la capacité de Trump à rendre l’Amérique un endroit à nouveau sûr. Trump "montrera l’exemple au lieu de le suivre" a assuré Giuliani.

Les premiers à avoir pris la parole ont tous évoqué la réaction de Clinton à l’attentat de Bengazi, avec en point d’orgue le témoignage sincère et poignant de la mère de Sean Smith, un officier du Département d’Etat tué lors de cet attentat. "Donald Trump est tout ce que Hillary n’est pas. Il est franc, direct et fort" a dit Patricia Smith. "Il parle avec la tête et le cœur. Et quand il s’agit de la menace que pose le terrorisme islamiste, il n’hésitera à pas à tuer les terroristes qui menacent la vie des Américains".

Encore et toujours, les orateurs sont revenus sur le rôle de Hillary Clinton après l’attentat de Bengazi. Mais les organisateurs ont laissé pour la fin le speech de Michael Flynn, ancien général à la retraite et ex directeur de l’Agence de renseignements de la Défense.  Michael Flynn aurait pu fournir les critiques les plus crédibles puisqu’il a servi sous Obama et Clinton et a été poussé vers la porte après avoir accusé la Maison Blanche de sous-estimer la menace de Al Qaida et d'autres groupes terroristes. Flynn a clôturé la tranche cruciale de 22H, juste après la principale prise de parole de cette soirée, par Melania Trump, la femme du candidat républicain.

La foule a commencé à partir alors que Flynn débitait sur un rythme monotone ponctué des quintes de toux des critiques générales sans fournir d’exemples concrets. "Laissez-moi vous dire ceci : dorloter les terroristes et avoir de l’empathie pour eux n’est pas une stratégie pour battre ces assassins comme Obama et Clinton voudraient nous le faire croire" a dit Flynn, exhortant ses supporters présents et ceux devant leur télévision : "Réveille-toi Amérique !". Les participants commençaient à quitter la salle et il a vainement essayé de réchauffer l’atmosphère en faisant scander "USA !" et "Trump !". Alors qu’il parlait, les organisateurs de la convention ont envoyé des SMS aux participants : "On va finir sur une apothéose" avec une citation de Melania Trump, comme si son intervention, qui précédait celle de Flynn, avait été la dernière de la soirée.

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