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L'envolée du bitcoin est-elle solide ?
©Reuters

La cour des grands

En moins de 24 heures, le cours de la monnaie virtuelle est passé de 260 à 305 dollars.

Marc Tirel

Marc Tirel

Marc Tirel est chercheur en dynamiques collaboratives et intelligence collective, détecteur et révélateur d'émergences, connecteur de talents et d'idées. Il a co-fondé les "Explorateurs du Web" et la société « Savoir pour tous ». Il est associé au sein du cabinet de conseil In Principo et œuvre en particulier au sein du CIRI – Collective Intelligence Research Institute – en initiant et contribuant à des projets et des dynamiques collectives et organiques. Consulter son site internet ici.

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>>>> Sur le même sujet : Bitcoin, Linden Dollars et cie : à quoi servent les monnaies virtuelles ?

Atlantico : Le cours du bitcoin est soudainement passé de 260 dollars mercredi 6 novembre à 305 dollars jeudi 7. Cette envolée est-elle appelée à se confirmer, ou s’agit-il d’un pic isolé ?

Marc Tirel : Le bitcoin est avant tout une monnaie spéculative, il est donc logique qu’au cours des mois passés il y ait eu des hauts et des bas. Et du fait de ce caractère intrinsèquement spéculatif, cela va continuer, en raison des événements économiques et des manipulations sur le marché. En cela le bitcoin ne diffère pas des autres monnaies comme le dollar ou l'euro qui sont aussi sujettes à de la spéculation.

Une hausse subite et brutale est-elle surprenante ? Comment expliquer que le cours du bitcoin soit aussi fluctuant ? A quelles contingences est-il soumis ?

Se trouvant uniquement sur le net, cette monnaie est encore plus sujette que les autres à de la spéculation. Il faut savoir que le bitcoin est une monnaie complexe et aussi très inégalitaire. Une étude a été menée pour analyser les transactions de bitcoins, les chercheurs se sont aperçu que les personnes qui sont parmi les premières à en avoir acquis possèdent aujourd’hui l'essentiel de cette monnaie virtuelle. Il y a beaucoup de similitudes avec ce qui se passe au niveau planétaire pour les monnaies traditionnelles : environ 20 % de la population possède plus de 80 % de la richesse financière mondiale. Les quelques détenteurs ultra majoritaires de bitcoins sont donc en mesure de faire fluctuer le cours.

Pour se livrer à ces manipulations, il faut être bien informé, avoir un instinct et jouer sur des comportements moutonniers des détenteurs basés sur la peur ou l'avidité. Les personnes qui ont une connaissance fine des mécanismes peuvent provoquer des tendances à la hausse ou à la baisse et ainsi anticiper.

>>>> A lire sur Atlantico Editions : La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ?

Cela présente-t-il des dangers ? Si oui, de quel ordre sont-ils ?

On distingue des risques qui sont de même nature que ceux liés à la spéculation sur les cours traditionnels. C’est à dire se retrouver à un moment donné à devoir vendre ce qu’on possède, ne pas avoir anticipé une baisse du cours, et donc vendre à perte.

Une autre nature de risque est spécifique aux monnaies virtuelles : comme ce sont des monnaies complètement dématérialisées, elles sont liées aux réseaux informatiques et aux algorithmes de cryptage et de création monétaire. Or, on n’a que très peu d’expérience en la matière, on ne sait donc pas jusqu’où cela peut aller. Tout est question de confiance dans les ordinateurs, les réseaux et leur conception. Mais malgré tout, dans le cas du bitcoin, on se base sur des mécanismes de confiance. Celle-ci n’est plus assurée par le système bancaire et encore moins par les Etats, mais par des algorithme et par internet. On observe un glissement, de la confiance dans l’institution à une confiance dans le code informatique. Comme l'a dit Lawrence Lessig nous étions dans une société dans laquelle « La loi était le Code » code au sens biblique du terme et nous allons vers une société dans laquelle «  Le Code sera la Loi » le code cette fois au sens du code informatique.

Au vu de cette hausse du cours du bitcoin et des contingences exposées, croyez-vous au caractère pérenne de cette monnaie ?

A court terme, tout peu s’effondrer, pour peu que des rumeurs bien placées se répandent (bug informatique, crise…), de même que la chose peut continuer, profitant de la perte de repères et de valeurs à laquelle on assiste aujourd’hui, et du manque de confiance dans les valeurs traditionnelles que sont l’or et les monnaies "classiques". Le bitcoin est apprécié parce que, aux yeux d’un certain nombre de personnes, le code présente des garanties. C’est un pari qui peut être gagnant : même si le bitcoin est déjà très cher, son cours peut encore grimper … mais aussi s'effondrer le lendemain !

Parallèlement, les États s’inquiètent, ils se demandent comment faire pour appliquer une fiscalité, et ce d'autant plus que des réseaux maffieux ou des réseaux de blanchiment d’argent se servent déjà du bitcoin semble-t-il. Auquel cas, des interdictions ou mesures des États pourraient mettre à mal le cours du bitcoin.

Sans qu’on en comprenne toujours parfaitement les causes, la monnaie virtuelle est sujette à des hausses et des baisses vertigineuses. Les gens qui jouent avec ces cours estiment qu’ils vont pouvoir gagner beaucoup d’argent : le reste de la population cherche à sécuriser son argent, même ceux qui sont en bourse. Ceux qui le peuvent achètent des biens durables, comme de la pierre. Beaucoup de personnes se retirent des marchés jugés trop risqués, et le bitcoin fait partie de ces marchés très risqués.

Le bitcoin serait donc une affaire de « casse-cou » ou de « flambeur » ?

A mon sens il y a deux types d'utilisateurs du bitcoin : ceux qui sont « avides » , de faire un bon coup et de gagner facilement de l'argent et ceux, beaucoup moins nombreux, qui sont intéressés par l'innovation que représente le bitcoin. Le premier type de population est selon moi en voie de diminution. Aujourd’hui l’éthique est en train de prendre plus de place : « l’être » l’emporte progressivement sur « l’avoir ». La crise incite les gens à ne plus posséder, on le voit avec le covoiturage, les locations de particulier à particulier, ce que l'on appelle l'économie collaborative.

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