L’empire financier du Hamas, cet autre pilier du mouvement terroriste palestinien contre lequel Israël est impuissant<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan pose avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Ismail Haniyeh à Ankara en juillet 2023.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan pose avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Ismail Haniyeh à Ankara en juillet 2023.
©MUSTAFA KAMACI / Bureau de presse de la présidence turque AFP

Financement du terrorisme

Le Hamas engrangerait plus d’un milliard de dollars par an, selon des révélations de la rédaction de The Economist.

David Khalfa

David Khalfa

David Khalfa est co-directeur de l'Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient et consultant, spécialiste du Proche-Orient. David Khalfa est en charge des "Rencontres géopolitiques" de la Fondation Jean-Jaurès.

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Atlantico : Selon The Economist, l’empire financier du Hamas lui rapporterait plus d’un milliard de dollars par an. La somme vous paraît plausible ? 

David Khalfa : C'est un financement mondial, tentaculaire et très conséquent. 

Le Hamas est l'organisation terroriste la plus riche au monde. Ce qui explique en grande partie la qualité de son équipement militaire puisqu’elle dispose parfois d'artilleries plus importantes que certaines armées conventionnelles. Et puis surtout, il y a toute l'organisation derrière : la militarisation, la professionnalisation des combattants djihadistes du Hamas, l'achat de drones civils détournés à des fins militaires, l'équipement dont ils disposent, les lunettes de vision nocturne… Tout ça coûte très cher. C'est un budget extrêmement conséquent, entre 600 millions et 1 milliard de dollars. 

Quant à la gestion de la bande de Gaza elle-même (car il y a un distinguo à faire entre les financements et les opérations quotidiennes de soutien à la population palestinienne), c'est près de 3 milliards de dollars.

Qui finance le Hamas ? Où sont les fonds ? Qui détient les clés du coffre ?

Le Hamas, comme d'autres organisations terroristes, fonctionne comme une organisation militaro-mafieuse. C’est une espèce d'entreprise de guerre. 

Ses réseaux de financements sont internationaux : 

  • Les bureaux de change à Gaza par lesquels transitent les cryptomonnaies.

Depuis 2019, il y a une vraie stratégie du Hamas qui vise à utiliser les cryptomonnaies pour contourner les sanctions internationales, notamment américaines. Ça permet aussi de rendre plus compliqué la traçabilité des flux et de dissimuler l'identité des clients. C'est 150 millions de dollars en cryptomonnaies.

  • Les réseaux de financements étatiques.

La Turquie, l'Iran et le Qatar sont des soutiens de l'islam politique sunnite et / ou chiite et de la confrérie, comme les Turcs et le Qatar. Ils ne s’en cachent pas. 

L'Iran, c'est un budget annuel de 200 millions de dollars pour la branche militaire du Hamas. Le Qatar, c'est à peu près 30 millions de dollars par mois. Ce qui fait un peu plus de 300 millions, quasi 400 millions de dollars par an. 

  • Des agents chargés du financement à l'international.

  • Le réseau caritatif, les associations sympathisantes du Hamas

Vous en avez aux Etats-Unis, en Europe et en Amérique latine et dans les pays arabes. Les levées de fonds sont détournées ou captées par le Hamas. 

L’exemple de la Holy Land Foundation, une association caritative musulmane qui a été créée aux Etats-Unis à la fin des années 80 et qui a financé le Hamas à hauteur d'une quinzaine de millions de dollars. 

  • Des plateformes en Russie et en Iran utilisées par le Hamas (et le Djihad islamique)

  • Les taxes

Le Hamas taxe de manière systématique les produits de contrebande qui passent par des tunnels à chaque point d'entrée dans Gaza, que ce soit côté israélien ou côté égyptien.

  • Des sociétés écrans via un réseau de petits entrepreneurs 

On les trouve surtout dans le domaine immobilier en Arabie Saoudite, au Qatar, au Soudan, en Iran. Il y a également des sociétés immobilières qui sont complétement légales dont une partie des bénéfices est détournée pour financer le Hamas.  

  • Des mécènes privés 

Cet empire financier, on dit qu'il a été conçu pour éviter les sanctions occidentales et qu'il pourrait s'avérer hors de portée pour Israël et ses alliés. Vrai ou faux ?

Tracer tous les flux, ce n'est pas impossible.

Il faut d'abord une meilleure coopération euro-atlantique. On sait qu'il y a des financements qui sont passés notamment par la Grande-Bretagne et par un certain nombre de pays scandinaves. Il y a une enquête en cours en Suisse sur des financements du Hamas.

Donc, il faut une coopération étroite entre les services de renseignement financiers européens et américains mais aussi israéliens pour identifier les flux, les facilitateurs financiers, geler les actifs et les avoirs. Il faut s'en donner les moyens. 

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