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L'armée, une des dernières institutions à avoir conservé son ascenseur social en parfait état de marche
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Bonnes feuilles

Le général Pierre de Villiers vient de publier "Qu'est-ce qu'un chef" aux éditions Fayard. Cet essai ambitieux sur l’ordre replace l’Homme au centre du système. A la manière d'un officier, il indique au lecteur le cap qu’il faut tenir dans un monde complexe. Le général de Villiers met son expérience unique au service de tous ceux qui exercent une responsabilité. Extrait 2/2.

Pierre de Villiers

Pierre de Villiers

Après quarante années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il est également l'auteur de Servir et Qu'est-ce qu'un chef ?, publiés aux éditions Fayard. 

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Habité par ces convictions, je n’ai jamais cessé de relire les écrits du maréchal Lyautey, pour qui « l’officier est l’éducateur de la nation ». Son livre prophétique – Le Rôle social de l’officier – peut être particulièrement adapté à l’époque actuelle pour tout dirigeant, y compris dans le monde civil. Mes activités actuelles de conseil en stratégie pour la transformation des entreprises me le confirment chaque jour. Je vous le conseille. Lyautey était visionnaire.


« En vérité, le maréchal Lyautey n’a pas fini de servir la France. » Cette phrase, qui clôturait l’allocution du général de Gaulle pour l’accueil de ses cendres aux Invalides, le 10 mai 1961, me semble particulièrement actuelle. J’ai passé une journée à Thorey-Lyautey au printemps dernier, aux côtés du président de la Fondation Lyautey, si dévoué et disponible, le colonel Geoffroy, et j’en ai mesuré la pertinence.


Restaurer l’ascenseur social 


Aujourd’hui encore, dans les armées, on peut commencer simple soldat, marin ou aviateur et terminer général ou amiral. C’est une des caractéristiques de notre institution militaire, qui a conservé son ascenseur social en parfait état de marche. Plus de la moitié des sous-officiers ou officiers mariniers est d’origine semi-directe, c’est-à-dire issue du rang. Cette capacité à progresser en fonction du volontariat et de ses mérites procure une grande vitalité et une envie de se dépasser. Elle invite à rechercher en permanence des responsabilités et à se former au quotidien pour s’améliorer. Tout est possible. 


En comparaison, dans la fonction publique ou même parfois dans le privé, trop souvent, l’histoire est écrite d’avance. Quoi que l’on fasse, le parcours sera inchangé et la rémunération identique. Le découragement l’emporte et le fatalisme s’installe. « Pourquoi travailler plus et mieux, puisque mes mérites ne seront pas mieux reconnus et que je ne serai pas payé plus cher ? » Et quand on explique que cette situation doit changer, évidemment, c’est « non possumus ». Trop complexe et on n’a pas le budget. On ne tire pas vers le haut ; on nivelle par le bas.


Les essais pour récompenser les meilleurs dans la fonction publique ont souvent buté sur un égalitarisme forcené, qui veut que tout soit droit, avant d’être devoir. Les droits de l’homme ont bon dos et sont brandis à toutes les sauces. Tout désir devient une sorte de droit : l’envie de casser une vitrine conduit immédiatement à en prendre le droit ; le souhait de ne pas travailler fait obtenir un arrêt de travail ; l’envie d’une nouvelle voiture entraîne un énième emprunt. À certains égards, le désir pourrait à lui seul remplacer la loi et éclipser les devoirs.


Il y a un sentiment croissant d’injustice chez nos concitoyens entre la contrainte forte qu’ils subissent, par exemple dans des contrôles routiers sans tolérance (surtout depuis la mesure de limitation de vitesse à  80km/h), et une certaine impunité dont jouissent d’autres personnes, pourtant largement coupables de violences, comme ce fut le cas avec les 1 300  Black Blocs en mai dernier à Paris. La justice sociale est une condition essentielle pour revitaliser l’ascension sociale.

Extrait de l'ouvrage "Qu'est-ce qu'un chef ?", publié aux éditions Fayard. 

Le précédent livre de Pierre de Villiers, Servir, vient d'être publié au format poche, aux éditions Pluriel. 

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