Journée nationale contre le harcèlement scolaire : "mets ton voile salope !"<!-- --> | Atlantico.fr
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A Courbevoie, une élève a été harcelée car elle enlevait son voile sur le chemin du collège.
A Courbevoie, une élève a été harcelée car elle enlevait son voile sur le chemin du collège.
©Reuters

Des mots pour le dire

C'est Najat-Vallaud Belkacem qui a lancé cette initiative salutaire. Et il y a un harcèlement particulier qui mérite que l'on s'y attarde.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La journée nationale contre le harcèlement scolaire est mal nommée. En bon français, on aurait dû dire et écrire : journée nationale contre le harcèlement à l'école. Car dans le premier cas, certains élèves pourraient comprendre qu'il s'agit de dénoncer les profs qui les harcèlent en leur demandant d'apprendre, d'avoir des notes convenables et de suivre assidûment les programmes scolaires. Ce qui pour ces mêmes élèves constituent une agression caractérisée.

Mais ne pinaillons pas trop sur les mots. A l'occasion de cette journée, de nombreux médias ont consacré reportages, interviews, débats à la douloureuse question du harcèlement. Oui, des élèves ont été poussés à la dépression et, plus rarement, au suicide par les quolibets de leurs congénères, amplifiés de façon exponentielle par les réseaux sociaux. Oui, ils sont nombreux à se rendre à l'école la peur au ventre et une barre dans l'estomac. Une persécution insupportable, car la plupart du temps, les victimes sont sans défense et subissent leur sort la tête basse.

Il faut donc se battre contre. Une radio a eu la bonne idée de mettre en valeur un collège de Courbevoie où enseignants et élèves se sont mobilisés contre le harcèlement. Panneaux d'affichage avec des paroles d'enfants... Débats avec des profs... Mais aucune précision sur les types de harcèlements répandus dans cet établissement scolaire. Puis soudain une phrase : "l'année dernière, une élève a été harcelée pendant un mois, car elle enlevait son voile sur le chemin du collège". Pas d'autres détails. Mais on peut les imaginer: "mets ton voile salope", "sale pute !".

Je sais : pas d'amalgame, ne généralisons pas, etc. Pourtant il faut en parler. Car cet harcèlement illustre une réalité qu'on refuse, par soumission à une pensée paresseuse, de voir. Il y a des filles qui se voilent, car c'est ainsi qu'elles entendent assumer leur foi. Certaines le font également pour ne pas contrevenir aux décisions de leur famille : père, mère, grand frère. Et beaucoup d'autres, sous la pression des jeunes mâles de leurs cités. Elles sont soucieuses - comment ne pas les comprendre ? - de ne pas passer pour des "salopes", et des "putes".

Sur le site de Ni Putes ni Soumises, animé par des filles arabes qui savent de quoi elles parlent, j'ai lu un jour la déclaration pathétique d'une adolescente. "Si tu veux être respectée en tant que fille dans le quartier, soit tu te voiles, soit tu sors avec un caïd, soit t'es enceinte". Tout était dit. Reste que le sort de l'adolescente de Courbevoie peut paraître relativement clément.

En effetn que peut faire un gamin plutôt corpulent qui tous les jours sera hélé par un "hé, le gros !" ? Maigrir n'est pas une chose facile. Que peut faire une fille plutôt moche que tout le monde appellera "boudin" ? Aucune crème de beauté ne réglera son problème. En revanche, il suffira à la "salope" qui aura enlevé son voile d'un simple geste pour le remettre et que tout rentre dans l'ordre. Na !

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