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Oscar pour Dujardin : cet Hollywood 
que les Français détestent 
et adorent en même temps
©

John Fromthegarden

Le succès de The Artist aux Oscars illustre la relation particulière qu'entretient la France avec les États-Unis.

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier est Global Client Lead chez Publicis Groupe.

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Chapeau l'artiste, au delà du succés mérité, la célébration bruyante, fière et chauvine de nos artistes par Hollywood en dit long sur les relations ambigües que nous entretenons avec les Etats-Unis et sa "machine à faire rêver", Hollywood.

Au fond nous défendons notre exception culturelle avec énergie, c'est assez légitime, nous la défendons souvent contre l'Amérique marchande, ce qui est parfois abusif. 

La parade Hollywoodienne et la célébration médiatique que nous lui offrons est riche de paradoxes. Nous brandissons notre fierté de voir nos héros célébrés au coeur de ce que nous dénonçons trop souvent. Le film The Artist est lui même une ode à la mythologie hollywoodienne. Au même moment on entend des commentateurs dire que "le Frenchie a écrasé Clooney et Brad Pitt", quelle mesquinerie et quel manque d'élégance. La tendance "gendarme à New York" se conjugue avec un chauvinisme gaulois proprement affligeant.

Il me semble que notre relation à l'Amérique reflète un profond complexe, celle d'une nation qui finit par se mettre en sujétion par crainte et admiration profonde du puissant. Voici l'écho de notre difficile "estime de soi" qui fait que le français critique sans cesse son pays quand il s'y trouve et dit haut et fort que tout est mieux en France dès qu'il met les pieds hors de France. Ce paradoxe a pour résultat notre terrible réputation de chauvins et d'arrogants notamment aux Etats-Unis.

Et si nous nous mettions, un peu, en paix avec nous même, reconnaissant la force de rêve et d'action des américains, conscients de notre puissance créative et de notre amour commun pour la liberté. En nous mettant en paix avec nous même nous pourrions reconstruire avec les Américains le contrat de Lafayette, cela nous amènerait à mieux apprécier nos forces et respecter la leur. Il est des moments où le fier-à-bras crie ses faiblesses, passons l'adolescence dans nos relations avec cette nation amie.

Jean Dujardin a su conjuguer avec verve sinon élégance, cette belle alliance des contraires, mêlant dans ses remerciements un vibrant hommage à Douglas Fairbanks... ainsi qu'un retentissant " Oh Putain!! ".Michel Hazanavicius a adressé ses premières pensées et ses plus profonds remerciements à Billy Wilder. Inspirons-nous de ces hommes qui ont su reconnaître le génie de leurs devanciers pour créer un film muet français, hommage à l'Amérique.

Inspirons-nous également de cette belle coïncidence qui consacre deux des plus belles terres de cinéma.Un film français rendant ses lettres de noblesse au genre porté par l'Amérique triomphante de l'entre-deux-guerresUn film américain tribut à la mémoire de l'inventeur -français- du cinéma, et à sa terre, ce Paris magnifié dans Hugo Cabret. 

Dix Oscars pour deux grands films, hommages mutuels rendus par deux nations de conteurs, deux nations d'inventeurs.

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