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Quand un ministre de Berlusconi faisait taire l'économiste qui prédisait la débâcle italienne
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Cassandre

Davos 2006 : Nouriel Roubini, qui avait également annoncé la crise de 2008, prédisait la crise de la zone euro, dont l'Italie serait parmi les premières victimes. Une théorie qui n'avait alors pas plu du tout au ministre des Finances de Silvio Berlusconi...

Un moment de colère peut-il changer le cours de l’histoire ? Le ministre des Finances italien Giulio Tremonti, en tout cas,  aurait peut- être pu éviter à son pays sa débâcle actuelle, s’il avait écouté un peu plus calmement Nouriel Roubini.

En 2006, l’économiste-prophète, qui avait prédit le choc des subprimes et la crise économique de 2008, s’exprimait lors d’un colloque à Davos consacré à l’avenir de la monnaie unique et les dangers la menaçant, quand il a été interrompu par un « Rentre en Turquie ! » furieux, lancé par le fameux Giulio Tremonti. Et voilà ce qu’il disait :

"Ce qui m’inquiète, alors que la monnaie unique européenne a permis de faire converger certaines variables nominales, comme l’inflation ou le taux d’intérêt, elle a aussi accru les différences de performances économiques entre les différents pays de la zone, particulièrement concernant les taux de croissance. Ces différences de performances économiques posent un sérieux problème à certains pays, comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne ou le Portugal. Et à terme cela pourrait conduire à l’effondrement du système".

Et Nouriel Roubini de poursuivre plus spécifiquement sur le cas italien. "Malheureusement, l’absence de réformes économiques sérieuses en Italie implique un risque croissant de voir l’Italie suivre le chemin de l’Argentine. Ca n’est pas une conclusion définitive, mais si l’Italie ne réforme pas, sa sortie de l’euro d’ici à cinq ans n’est pas improbable".

C’en était trop pour Tremonti, qui n’a pas pu contenir plus longtemps son accès de colère. Un échange musclé, dont Nouriel Roubini se souvient sur son blog. "J’ai fait remarquer que Silvio Berlusconi, le boss de monsieur Tremonti, avait lui-même déclaré en public que l’euro avait été un désastre pour l’Italie. Ce sur quoi il m’a encore interrompu: "Vous n’avez aucune logique". A ce moment là, j’ai décidé de l’ignorer et j’ai repris mon exposé".

Conclusion de Roubini : "C’est sûr qu’avec des leaders aussi pathétiques que lui, l’Italie est vouée à se heurter à un désastre économique et, à terme, devra quitter l’euro par la petite porte". Cinq ans plus tard, cette prophétie aussi semble en passe de se réaliser…

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