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Iran : la raideur contre-productive du Quai d’Orsay en matière de non-prolifération
©Reuters

Rigidité

En ne voyant pas l'impasse dans laquelle la France se positionne avec son refus d'adoucir sa relation avec l'Iran, sa diplomatie perd de son efficacité et ne défend plus efficacement les intérêts nationaux. Une tribune d'Ardavan Amir-Aslani.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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C’est incroyable de voir à quel point la diplomatie française a changé. En fait, il n’est même plus certain que l’on puisse encore avoir recours au terme de "diplomatie française" tellement l’idéologie a pris le pas sur la raison. On est bien loin de la phrase du Général de Gaule qui disait : "La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts". Hélas, la France a totalement abandonné son rôle de "honest broker" comme dirait Renaud Girard pour s’inféoder aux désidératas du Likoud et des pétromonarchies du golfe persique.

Ainsi donc, pas plus tard que ce matin, Yuval Steinitz, le ministre des Affaires stratégiques du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu a qualifié la France comme étant le pays ayant la position la plus proche de celle d’Israël entre autres sur la question nucléaire iranienne. Position hélas peu enviable pour la France eu égard aux prises de positions de Benjamin Netanyahu tant sur la question palestinienne qu’iranienne. Ce n’est guère un compliment pour la diplomatie française qui se coupe de la sorte aussi bien de l’union européenne que de Washington. Deux exemples récents suffisent pour traduire cet état de fait. D’abord l’attitude française par rapport à la crise syrienne et ensuite le dogmatisme de Paris sur la question du nucléaire iranien.

Lire aussi, pour une position différente : Pourquoi l’accord sur le nucléaire iranien n’aura probablement pas les vertus qu’imagine l’Occident

En effet, on entre dans la cinquième année de cette guerre civile syrienne et on n’en voit toujours pas la fin. En revanche, la France qui, aux premières heures du conflit syrien, a opté pour la coalition nationale syrienne qui ne représentait qu’elle-même, continue de défendre sa position d’arrière-garde de refus de tout dialogue avec le régime d’Assad. Un régime qui pourtant devait tomber en quelques semaines, il y  a cinq ans. L’esprit obtus du Quai d’Orsay va jusqu’à fustiger les quelques élus parlementaires français qui se sont rendus à Damas pour tenter d’ouvrir une fenêtre de dialogue. Et cela pour se faire taper aussitôt sur les doigts par le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui deux jours plus tard a reconnu que le pouvoir d’Assad était une réalité et qu’il fallait bien en tenir compte. Hélas, la France qui a fermé son ambassade à Damas ne dispose plus d’aucune information directe de la situation et continue de s’appuyer sur les affabulations de l’armée syrienne libre qui n’a rien trouvé de mieux que de vendre les missiles Milan donnés par la France aux djihadistes.

Et que dire de la position française sur la question nucléaire iranienne où elle s’illustre par une diplomatie calquée sur celle du Likoud au mépris des intérêts supérieurs de la France. Les bombardements de tweets de l’Ambassadeur de France à Washington appelant au durcissement de la position française, en dépit du bon sens, et en parfaite contradiction avec la position adoptée par les autres membres du Conseil de Sécurité de l’ONU et de l’union européenne, en sont un exemple édifiant. Et voilà que du fait de l’intransigeance française un accord annoncé pour la fin de la semaine dernière, à l’occasion du nouvel an iranien, a encore été repoussé d’une semaine voir plus, mettant en danger la réalisation d’un accord indispensable pour la paix mondiale. Le Quai d’Orsay est bien dirigé par une minorité de néoconservateurs qui continuent à défendre les thèses de George W. Bush à un moment où Washington s’en est totalement défait.

L’intransigeance de la position française sur la question nucléaire iranienne est d’autant plus inexplicable que l’on n’a guère entendu le Quai d’Orsay s’exprimer sur le nucléaire pakistanais, lui pour le coup, avéré. La France qui avait sa place dans le concert des nations comme étant la troisième voie, l’a cédée au profit de l’idéologie et au détriment des intérêts supérieurs de la nation.

Beaucoup de bruits venant de Paris sur l’Iran qui est sur le point d’accepter des contraintes imposées sur aucun autre pays signataire du Traité de non-prolifération et pas un mot sur Benjamin Netanyahu qui a enterré toute perspective de paix dans le conflit israélo-palestinien en écartant définitivement la solution de deux Etats vivant côte à côte. Il est vrai que les Talibans de la non-prolifération n’ont qu’un seul pays dans leur ligne de mire : l’Iran ; pourtant le peuple iranien est la seule nation susceptible d’aider la France à regagner sa place sur l’échiquier du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale.

Dommage. Mais il est vrai que les Talibans de tous bords ne sont pas prompts au dialogue, tant ceux de Kaboul que ceux du Quai d’Orsay.

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