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Innovation chinoise : quand les nouveaux espions industriels sont de...simples stagiaires
©Reuters

Bonnes feuilles

Affaires d'espionnage, amendes records, fusions… Le sort semble s’acharner sur les entreprises françaises. En apparence, rien ne relie les condamnations de BNP Paribas et Alstom, le piratage des données d’Areva, le rachat d’Alcatel et Lafarge. En coulisses, certains États peu scrupuleux ont déclaré la guerre aux fleurons tricolores. Leur objectif : déstabiliser, piller et racheter pour régner. Car nos pépites font un carton à l’international. Réacteurs nucléaires, produits de luxe et high-tech sont devenus la proie des investisseurs étrangers, adeptes des profits à court terme et des économies de R&D. Au côté des grands groupes, ETI et PME ne sont pas épargnées. Extrait de "Menaces mortelles sur l'entreprise française" d'Olivier Hassid et Lucien Lagarde, aux éditions du Nouveau monde (2/2).

Olivier Hassid

Olivier Hassid

Olivier Hassid est un ancien directeur général du CDSE (Club des directeurs de sécurité des entreprises), docteur ès sciences économiques, directeur dans un grand cabinet d'audit et de conseil international.

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Lucien Lagarde

Lucien Lagarde

Lagarde est doctorant en droit à l'université Paris 2 Panthéon-Assas, rattaché à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire.

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Toujours dans le domaine de la séduction, un expert interrogé par les auteurs note qu’on constate « aussi des attaques plus sournoises, dont l’objectif n’est plus la captation de données confidentielles mais l’atteinte à l’image ou à la réputation d’une entreprise, de ses dirigeants et/ou de ses produits […]. C’est ainsi que le responsable du personnel d’une usine a été victime d’une rumeur habilement propagée sur les réseaux sociaux, tendant à accréditer l’idée que cette personne harcelait le personnel féminin de son entourage. Cet homme, qui n’a strictement rien à se reprocher, est profondément blessé. La vérité se fait jour quelques mois plus tard : l’instigatrice avait été licenciée pour faute grave, et assouvissait ainsi une vengeance. Le vice l’a emporté sur la vertu, son but a été atteint, la victime de cette manipulation a demandé à être déchargée de sa mission ! »

Récemment encore, c’est le groupe français Casino qui a fait l’objet d’une telle technique de déstabilisation. À la manoeuvre, le cabinet de recherche américain Muddy Waters qui s’est violemment attaqué au groupe de distribution français, l’accusant de fraudes massives dans la tenue de ses comptes. Des déclarations qui interviennent seulement quelques jours après la présentation par Casino d’un plan de désendettement salué sur les marchés. Le coût pour le français de la sortie de Muddy Waters est énorme : plus de 700 millions de valeur boursière disparaissent en seulement deux jours. De quoi satisfaire les auteurs de ces allégations puisque, comme l’explique Isabelle Couet dans Les Échos, Muddy Waters « n’est pas un cabinet d’analystes tout à fait comme les autres : non seulement il n’est pas enregistré comme tel auprès d’une quelconque juridiction, mais surtout il prend des positions en Bourse, en pariant le plus souvent sur la baisse des titres ». Or, le principal bénéficiaire des accusations de Muddy Waters n’est autre que… Muddy Waters et ses clients, qui vont pouvoir se positionner sur les marchés avant de lancer une offensive contre certains titres.

Pour Étienne Goetz, la stratégie est aussi bien rodée qu’imparable : « Détecter des sociétés cotées qu[e le cabinet] juge mal en point ou au coeur de fraudes, prendre des positions de vente à découvert, révéler au grand jour les anomalies présumées et provoquer ainsi de fortes chutes en Bourse lui permettant de dégager des profits ». Un cabinet de « recherche » juge et partie qui, au travers d’une simple publication, aura réussi à déstabiliser le groupe Casino…

La Chine s’illustre également en matière d’espionnage économique au travers de techniques quelque peu inattendues. Exit les James Bond et autres Mata Hari, les opérations chinoises dans le domaine économique ne sont pas l’œuvre de supers espions mais de simples… stagiaires ! Une technique qui s’avère particulièrement efficace.

En effet, internationalisation oblige, les grands groupes français emploient de plus en plus de stagiaires étrangers. Nombreuses sont les écoles d’ingénieurs, de commerce et autres formations universitaires qui prévoient dans leur cursus un stage en entreprise de plusieurs mois. Le gouvernement chinois, au fait de la pratique, a décidé d’en tirer parti. Le géant français du nucléaire Areva en a fait les frais : deux stagiaires chinois ont pu en toute impunité photocopier des milliers de documents, la direction ne découvrant finalement la fuite, comme le rapporte L’Expansion, qu’à cause de la trop grande consommation de papier à un étage….

Extrait de Menaces mortelles sur l'entreprise française, d'Olivier Hassid et Lucien Lagarde,publié aux éditions du Nouveau Monde. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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