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Info : les syndicats de France Télévisions déjà très mobilisés contre la candidature de Delphine Ernotte-Cunci
©Reuters

Coulisses

Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d’Orange France, devrait annoncer prochainement sa candidature à la tête de France Télévisions. Elle dispose de nombreux soutiens influents, mais doit déjà affronter les syndicats du groupe, qui lui reprochent son passé de "cost killer" chez France Télécom.

Francis Tellé

Francis Tellé

Francis Tellé écrit sous pseudonyme et travaille dans les médias depuis une dizaine d'années. Bien informé sur les coulisses de la nomination du futur Président de France Télévisions, il détricote les stratégies d'influence mises en place en coulisse par les nombreux impétrants.

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Dans la longue liste des candidats à la tête de France Télévisions, un nom revient de plus en plus souvent. C’est celui de Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d’Orange France. Aussitôt apparue, aussitôt favorite, si l'on en croit les rumeurs relayées par la presse. Âgée de 48 ans, elle a passé toute sa carrière chez France Télécom, devenu Orange, où elle a gravit les échelons un à un, épaulant aujourd’hui Stéphane Richard aux commandes du groupe. Vive, bonne oratrice, dotée d’un carnet d’adresse long comme le bras, Ernotte-Cunci possède de nombreuses qualités. "Cost-killeuse" redoutée, Ernotte-Cunci pourrait cependant tomber sur un os : les syndicats de France Télévisions, qui n’ignorent rien de sa réputation et qui s'organiseraient déjà en interne pour contrer son éventuelle arrivée à la tête du groupe public.  

Pour ses concurrents et pour les syndicats, le problème d'Ernotte-Cunci, c'est qu'elle n’a aucune expérience des médias. On imagine qu’elle regarde la télé, comme tout le monde, mais c’est à peu près tout. De fonctions managériales au sein d’un groupe audiovisuel, point. Même pas un petit stage. Et pour cause, centralienne fraîche émoulue, elle intègre France Télécom en 1989, et ne quittera plus la maison. Ça pourrait jouer contre elle, ça devrait même, mais sa campagne souterraine est lancée et le wording transmis aux journalistes est déjà bien rodé. Tous les médias évoquant sa candidature reprennent en cœur qu’elle "connait bien la problématique d’un groupe public en pleine mutation". Ce "plus petit dénominateur commun" avec son poste actuel pourra lui resservir les fois où elle s'intéressera à la présidence d'Areva, de la SNCF ou de l'Aéroport de la Côte d'Azur !

Si malgré ce lourd handicap la candidature d’Ernotte-Cunci reste très crédible, c’est qu’elle bénéficierait de soutiens de poids. Son patron actuel, Stéphane Richard, fatigué par la guerre qu'elle livrerait à Ramon Fernandez pour sa succession, l’aiderait à sortir par le haut d’Orange. Xavier Couture, ancien Dircom et conseiller d’Orange, assurerait sa campagne. David Kessler, ancien conseiller à la Culture de François Hollande, l’épaulerait. De même que Pascal Houzelot, ex-collaborateur d’Etienne Mougeotte, et désormais lui aussi chez Orange.  

Mais ce n’est pas tout. Ernotte-Cunci se serait assurée les faveurs de la Ministre de la Culture Fleur Pellerin. "Woman power", murmure-t-on rue de Valois. Gage du sérieux de sa candidature : Olivier Schrameck, Président du CSA, viendrait de la recevoir en entretien secret, privilège qu'il ne réserve qu'à quelques rares candidats (non déclarés).

Alors que le rapport Schwartz préconise, sans pincette, d'en finir avec l'ère Pfimlin et de tailler dans le gras, Ernotte-Cunci est connue pour son sens bien à elle de la gestion de crise. Comme l'a révélé la presse à l'époque, de 2007 à 2009, en tant que bras droit de Louis-Pierre Wenes, alias la "brute" (dixit Didier Lombard, alors PDG d'Orange), elle est en charge de l'exécution du plan Next qui consistait à pousser un maximum d’employés vers la sortie via des méthodes aussi extrêmes que peu reluisantes : mutations forcées, rétrogradations, humiliations, etc. Si Louis-Pierre Wenes a été mis en examen pour harcèlement moral, Delphine Ernotte-Cunci est passée à travers les gouttes. En tant qu'adjointe, elle n'était pas assez visible et n'a pas eu à servir de fusible. Il n'en reste pas moins qu'elle hésiterait encore à prendre la lumière, sachant pertinemment qu'elle pourrait devenir une cible pour tous ceux qui demandent encore des comptes à la direction d'Orange sur cette triste période (une soixantaine de suicides, pour mémoire).

Politiquement, en imaginant que Delphine Ernotte-Cunci réussisse à prendre la tête de France Télévisions, elle serait vraisemblablement mal reçue par des syndicats qui s'en prendront par principe à son historique France Télécom. Belle entrée en matière. C'est dire : elle n'est pas encore officiellement candidate qu'une réunion informelle s'est tenue vendredi midi entre trois leaders syndicaux influents de France Télévisions qui auraient déjà évoqué la rédaction d'un tract "de bienvenue". Une question sur son historique chez Orange a même déjà été posée en Comité central d'entreprise de France Télévisions la semaine dernière, question restée sans réponse. Autre preuve de la gronde syndicale contre cette candidature, l'article publié ce week-end par le blog (très suivi dans le landerneau des médias) de la CGC Média, qui tire à boulets rouges contre Ernotte-Cunci.

Faute du soutien évident des personnels de France Télévisions à qui, de toute façon, on ne demandera pas leur avis, Delphine Ernotte-Cunci continue de travailler à l'annonce de sa candidature qui pourrait être rendue publique dans les jours à venir. 

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