Infidélité, colère parentale incontrôlée, gourmandise... Toutes ces astuces qui permettent d'arrêter de culpabiliser <!-- --> | Atlantico.fr
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Apprendre à s'excuser est notamment essentiel pour bâtir un couple durable, en permettant de surmonter des blessures profondes liées à une infidélité par exemple.
Apprendre à s'excuser est notamment essentiel pour bâtir un couple durable, en permettant de surmonter des blessures profondes liées à une infidélité par exemple.
©Allociné / Bee Films

Confessions intimes

Dans la réédition de son bestseller "Feeling Good : The New Mood Therapy", le docteur en psychiatrie David Burns décrit cinq tactiques qui permettent d'éviter de culpabiliser.

Camille  Rochet

Camille Rochet

Camille Rochet est psychologue et diplômée de l'Ecole de Psychologues Praticiens de Paris. Elle exerce en libéral dans les Yvelines depuis plusieurs années et reçoit les enfants, les adolescents et les adultes, en individuel ou en couple. 

Après avoir fait un mémoire de recherche sur les grossesses à l'adolescence, elle s'est particulièrement intéressée au couple et à la famille. Elle a donc suivi une formation avec le psychiatre Jacques Miermont pour être aujourd'hui thérapeute familiale.

En parallèle à ces activités, Camille tient depuis 2011 le blog Anoustous, qui traite au jour le jour de tous les sujets qui peuvent aider le couple, la famille et l'individu, dans l'optique de permettre une approche simple de la psychologie.

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Atlantico : Dans la réédition de son best-seller "Feeling Good : The New Mood Therapy", le docteur en psychiatrie David Burns décrit cinq tactiques qui permettent d'éviter de culpabiliser (voir ci-dessous). Qu'en pensez-vous et pouvez-vous expliquer en quoi ces tactiques sont efficaces ou pas pour lutter contre le sentiment de culpabilité ?

1) Combattre "l'effet loupe".

Camille Rochet : La culpabilité peut en effet générer ce qu'on appelle "un effet loupe", c'est-à-dire qu'à force de ruminer sur quelque chose qu'on a fait ou dit, les émotions prennent le pas sur la réalité et déforment ce qu'il s'est vraiment passé, en aggravant les faits. 

Néanmoins, le mot "toujours" me gêne un peu, car "l'effet loupe" généré par la culpabilité n'est pas systématique. Parfois, cette petite voix intérieure peut en effet être constructive et mérite de ne pas être minimisée. 

2) Ne pas confondre vos actions avec votre personnalité. 

C'est une recommandation qui est très importante pour apprendre à gérer sa culpabilité, surtout à notre époque, où l'autre juge essentiellement les personnes sur leurs actes (via tous les réseaux sociaux notamment, qui relayent voyages, fêtes, nouvelles amitiés, éducation parentale, etc...) et non sur ce qu'elles sont.

Pour dépasser un sentiment de culpabilité, il faut arriver à se dire que faire de mauvaises choses ne fait pas nécessairement de vous une mauvaise personne. 

C'est quelque chose que j'explique régulièrement au cours de mes consultations, notamment aux parents, qui ont tendance à se considérer comme de "mauvais parents" à chaque fois qu'il ne sont pas irréprochables en terme d'éducation, alors que perdre ses nerfs une fois de temps en temps parce qu'on est fatigué ou stressé ne fait pas d'eux de "mauvais parents", loin de là. Ce sont dans la plupart des cas juste de "bons parents" qui ne sont pas parfaits, car c'est tout simplement impossible de l'être. 

3) Arriver à s'auto-pardonner. 

Le dépassement du sentiment de culpabilité implique nécessairement un travail sur soi-même, c'est exact. 

Néanmoins, il y a beaucoup de cas ou il est impossible d'arriver à se pardonner tout seul, par exemple quand ce qui vous fait culpabiliser implique quelqu'un d'autre, ou quand la culpabilité est trop forte pour être gérée seul et demande une écoute et une analyse extérieure, amicale ou professionnelle. 

4) S'excuser.

Ce conseil peut paraître évident, mais pour certaines personnes, savoir s'excuser n'est pas inné. C'est pourtant un acte essentiel pour arriver à déculpabiliser. 

S'excuser auprès de quelqu'un permet en effet d'enclencher un dialogue, qui, s'il est bien mené, permet de comprendre ce qui a blessé l'autre et de ne pas recommencer, ou de se rendre compte que l'on s'est monté la tête pour rien, mais que par contre on a bien blessé l'autre pour une autre raison, bref, de continuer à construire une relation en repartant sur de bonnes bases. Apprendre à s'excuser est notamment essentiel pour bâtir un couple durable, en permettant de surmonter des blessures profondes liées à une infidélité par exemple. 

Par contre, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse, et se servir des excuses pour soulager sa conscience. Tout n'est par exemple pas bon à dire dans un couple. Flasher sur le physique d'une personne dans la rue dont on sait pertinemment qu'on ne la reverra pas blessera inutilement son conjoint si on lui rapporte les faits. 

5) Tirer des leçons.

Prendre le temps d'analyser les conséquences de ses actes permet de se remettre en cause et de ne pas recommencer. La culpabilité, dans certain cas, nous pousse à devenir meilleur.

Voyez-vous d'autres tactiques permettant de déculpabiliser ? Si oui, lesquelles et comment fonctionnent-elles ?

Je conseille souvent à mes patients d'utiliser la technique de "la meilleure ou du meilleur ami". 

L'exercice consiste à essayer de se mettre dans la peau de son meilleur ou de sa meilleurs amie, et ainsi d'arriver soit à dédramatiser, soit au contraire à prendre conscience que l'on est en train de faire quelque chose qui mériterait de culpabiliser un peu plus. Par exemple, si vous avez raté le dessert que vous deviez amener pour dîner chez votre meilleure amie, il est évident qu'elle ne vous renverra pas chez vous juste pour ça, donc inutile de culpabiliser. A l'inverse, elle peut vous faire une remarque négative si elle vous voit fleurter avec une autre personne que votre conjoint officiel.

Y a-t-il des risques liés à une culpabilisation excessive ? Si oui, lesquels ?

Les personnes qui culpabilisent trop ont sans arrêt une image négative de ce qu'elles sont, ce qui peut les amener à se replier sur elles-mêmes et, dans les cas les plus extrêmes, à tomber en dépression. 

Existe-t-il des cas dans lesquels le fait de culpabiliser est positif ?

La culpabilité est positive quand elle nous permet de devenir meilleur, comme je l'ai déjà expliqué plus haut. Mais cela implique au préalable de bien comprendre que personne n'est tout noir ou tout blanc. C'est ce que l'on appelle l'ambivalence. Se sentir toujours coupable ou ne jamais se remettre en question sont deux extrêmes dans lesquels il ne faut pas tomber. C'est le juste équilibre entre les deux qui nous permet d'avancer et de grandir.

Parfois, cette petite voix intérieure peut en effet être constructive et mérite de ne pas être minimisée. 

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