Ce que nous pourrions apprendre des trois seuls pays au monde où il y a plus de patronnes que de patrons<!-- --> | Atlantico.fr
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Il y a des pays dans lesquels les femmes jouent traditionnellement un rôle très important, dans le commerce.
Il y a des pays dans lesquels les femmes jouent traditionnellement un rôle très important, dans le commerce.
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Peut mieux faire

L’Organisation internationale du travail analyse dans un rapport les postes occupés par les femmes dans les entreprises de plus de 100 pays. Le trio de tête est inattendu : ce sont la Jamaïque, la Colombie et Sainte-Lucie qui comptent le taux le plus important de femmes parmi leurs dirigeants.

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard est professeur d'économie à l'Université Clermont Auvergne. Elle est l'auteure de "La Chine dans l'économie mondiale" aux presses universitaires Blaise Pascal. 

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Arlantico : Selon une étude réalisée par l'Organisation du travail,  les trois pays dans lesquelles on trouve plus de patronnes que de patrons sont la Jamaïque, la Colombie et Sainte-Lucie. Pourquoi les femmes atteignent-elles des positions dirigeantes dans ces pays ? Que peut-on en apprendre ?

Mary-Françoise Renard : Les pays se sont mis d'accord en 2000 pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) parmi lesquels figure l'égalité entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. On se rend compte à la lecture des résultats que ceux-ci ont été obtenus dans les pays en développement où ont été instaurés dans quotas, notamment en ce qui concerne la représentation politique. Je ne suis pas favorable sur le principe aux quotas qui sont une forme de discrimination positive mais on observe que les pays pour lesquels on a eu une amélioration de la situation des femmes à des postes importants sont les pays qui lmes ont appliqués. Pour la participation politique, la Bolivie et le Mexique ont été les premiers à adopter une loi. Le pays chef de file pour les femmes ministres est le Nicaragua.

Il faut ajouter que l'histoire n'est pas la même et que les choses ont évolué différemment pour les femmes. Il y a des pays dans lesquels les femmes jouent traditionnellement un rôle très important, dans le commerce par exemple. Les questions culturelles et l'organisation sociale jouent beaucoup. Un élément très discriminant dans cette situation est par exemple l'âge du mariage : plus les femmes se marient tôt, moins elles vont avoir un rôle professionnel important. Les choses ont beaucoup évolué à cet égard dans certains pays, notamment dans les pays d'Asie.

Paradoxalement, ce sont les pays qui prônent parfois le plus l'égalité hommes-femmes où ces dernières sont le moins présentes à la tête des entreprises, par exemple aux Etats-Unis. Quels sont les freins actuels qui ne permettent pas aux femmes d'atteindre des positions dirigeantes dans les entreprises des pays développés ?

Cela peut s'expliquer tout d'abord par des divergences culturelles, des a priori qui font que si on a des questions importantes, on va considérer qu'un homme est plus rassurant qu'une femme et on préfère demander à un homme plutôt qu'à une femme.

Ensuite il y a une auto-sélection :  les femmes doivent beaucoup plus concilier vie professionnelle et vie privée. Même si les choses changent vite, il reste encore des discriminations. Si une femme veut être à la tête d'une entreprise privée, il faut qu'elle consacre un grand nombre d'heures à son travail et elle doit être aidée et accompagnée si elle a des enfants.

Ce n'est pas la même chose pour une femme et pour un homme de progresser dans sa carrière jusqu'au niveau le plus élevé. Ce qui peut être naturel pour un homme constitue un chemin semé d'embûches pour une femme.

Selon le rapport, les femmes cadres ont tendance à être regroupées dans les mêmes secteurs (relations publiques, communication…). Pourquoi quelles raisons ?

Je pense que la réponse est aussi culrurelle : on considère qu'il y a certains métiers ou fonctions qui sont plus féminins. Je suis dans un domaine, l'économie, qu'on considère plus masculin que féminin. C'est sans doute plus complexe mais tout le monde internalise les comportements qui se reproduisent alors.

Que peut-on faire actuellement pour améliorer cette situation, notamment dans les pays développés ?

Je continue à penser que c'est quand même très largement une question d'éducation. On a l'avantage en France d'avoir le système très efficace qui allie la crèche et l'école maternelle, ce que n'ont pas l'Allemagne ou la Grande-Bretagne par exemple. Cela permet aux femmes de ne pas avoir d'interruption dans leur carrière. On peut sûrement encore faire mieux et, dans ce cas, il faut améliorer les gardes des jeunes enfants car il est encore compliqué de trouver une crèche.

Il y a aussi une question d'éducation pour que les filles internalisent l'idée qu'elles peuvent faire carrière, et les garçons aussi ! L'éducation est encore très sexuée. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut supprimer les différences entre les filles et les garçons.

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