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Les logos de ChatGPT et d'OpenAI affichés sur une tablette et un écran.
Les logos de ChatGPT et d'OpenAI affichés sur une tablette et un écran.
©LIONEL BONAVENTURE AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le développement de l'intelligence artificielle et les effets de l’automatisation soulèvent de nombreuses interrogations sur les conséquences des nouvelles technologies sur l'économie.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Cette fameuse intelligence générative dont tout conférencier en mal de notoriété nous rabat les oreilles, vient nous expliquer les perspectives ou les dangers, magnifiant les uns et dramatisant les autres, pour mieux masquer le manque de profondeur de réflexion qui anime ce débat, a besoin d’être entraînée. Pendant des semaines, des mois. Comme un enfant que l’on gave pour entrer en Prépa ou bachoter avant l’oral Ce que peu de personnes savent, c’est que cet entrainement de compétition, se réalise majoritairement en Afrique. En utilisant des êtres humains, bien réels et non virtuels, notamment à Madagascar, pour un salaire certes intéressant pour cette île si pauvre, mais misérable à l’aune des quelques dizaines de milliards que Microsoft a investi dans Open AI. 

Le salaire payé pour cet entraînement ? 3 à 4$ de l’heure. Entre les milliards investis, et ce salaire misérable, il est évident que ce ne sont pas les Malgaches qui empochent le pactole. Mais un autre élément troublant, c’est le biais, ou plutôt les biais, qui pourraient « pervertir » les résultats de ce travail d’entraînement, et de ce fait, les résultats prodigués par cette magnifique intelligence si peu artificielle. Si l’on considère l’énormité des biais cognitifs que la faible proportion de femmes dans la tech, entraînent, si l’on considère les biais que la proportion excessive d’hommes, jeunes, blancs, issus de milieux et de cultures identiques, entraînent également, l’ajout de cette composante culturelle, vient ajouter à la partie inquiétante du développement de ces modèles.

Le fait que l’on exploite à des salaires « émergents » des services rapportant des milliards à des sociétés « émergées », risque de creuser un peu plus les écarts culturels et économiques qui sont déjà de l’ordre du fossé. Dans le même temps, si l’intelligence artificielle appliquée aux systèmes d’automatisation contribuent à faire passer les pays développés dans le camp des émergents, les exploiteurs d’un jour finiront par vivre dans les mêmes conditions que les exploités de la veille. Certainement une forme de justice technologique appliquée au social.

Si l’on souhaite s’en persuader un peu plus, il suffit de constater les premiers effets, encore imperceptibles, de l’automatisation. La principale société de cours à domicile aux USA, l’équivalent de notre Acadomia Français a perdu plus de la moitié de sa valeur boursière en 48h il y a quelques semaines. En cause ? Notre ami ChatGPT, que les étudiants préfèrent manifestement à leur professeur à domicile. Les effets vont se ressentir un peu plus chaque jour sur leur chiffre d’affaire et la bourse a anticipé cette très mauvaise nouvelle. Pendant ce temps, plus de 30% des sociétés de traduction sont au bord de l’asphyxie, tant les résultats des nouveaux outils de traduction tendent un peu plus chaque jour vers la perfection.

Les effets de l’automatisation dans le domaine de l’Audit nous indiquent que ces grandes sociétés auront besoin d’environ 40% de forces humaines en moins à terme court, sachant qu’à ce jour ce sont déjà 10 à 15% de leurs effectifs qu’ils ne recruteront plus demain. Plus besoin d’eux. Seule bonne nouvelle dans tout cela, Bercy et particulièrement le service des impôts, qui utilise de plus en plus (oui de temps en temps ils portent un peu d’attention à l’innovation, surtout quand elle est punitive !) l’automatisation pour repérer les anomalies dans les déclarations fiscales, pourrait ne plus avoir à embaucher de méchants contrôleurs, qui deviendront automatiquement inutiles. On peut néanmoins faire confiance à l’administration pour automatiser sans dégraisser le mammouth, mais l’espoir reste permis. 

Pendant ce temps, en France, démarre Roland-Garros. Une magnifique vitrine de tout ce que l’intelligence artificielle ne pourra démanteler. Jouer, vibrer, se dépasser, au milieu d’un public, qui absorbe et vit chaque émotion, comme on monte dans une attraction à sensation, passant de l’émotion la plus lumineuse à la détresse la plus profonde. C’est ce qui rassure. Toutes ces activités humaines merveilleuses, que le jeu online singe, porté par des joueurs obèses n’ayant jamais pratiqué un sport dans la vraie vie, handicapé d’une obésité nourrie par l’absorption massive de Red Bull associée à la digestion difficile de cheeseburgers ou pizza au bon fromage artificiel. A ce jour, nous avons une Française, dans le top 5, sur qui reposent nos espoirs, tant le sport français sait nourrir des talents jeunes, mais ne sait pas ou plus, les prolonger dans la durée.

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