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Communautarisme :
peut-on rire de tous ?
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C'est l'histoire d'une Mecque...

Le succès du "stand-up", forme d'humour communautaire importée des Etats-Unis notamment par le "Jamel Comedy Club", est le reflet d'une fragmentation de la société française : la critique de l'autre par le rire est devenue quasiment impossible.

Pascal Girbig

Pascal Girbig

Pascal Girbig est le créateur et le directeur artistique du Festival International d'Humour Drôles de Zèbres (FIHDZ) de Strasbourg.

 

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Atlantico : Peut-on aujourd'hui rire de tout ?

Pascal Girbig : On peut rire de tout, tout le temps, mais pas partout... Une approche "laïque" de l'humour est signe de bonne santé d'une démocratie. Cela veut dire qu'on peut se permettre de plaisanter sur tout, en choisissant de nouveaux angles qui n'ont pas encore été abordés. C'est le Café de la Gare qui a installé ce type d'humour. 

Aujourd'hui, il est vrai que l'on voit surtout de l'humour communautaire, comme par exemple le "stand-up", importé des Etats-Unis par le "Jamel Comedy Club". On sectionne les choses, chacun s'isole, alors qu'il serait plus intéressant d'avoir une approche globale des choses, de rire au-delà de nos propres frontières. Il est normal que tout le monde plaisante, qu'on fasse une autocritique de sa communauté, de sa ville ou de sa région, mais il serait dommage d'avoir un humour de blonds gauchers aux yeux verts jouant au foot et n'aimant pas le scrabble...

C'est le vrai qu'il y a des sujets délicats, comme la religion, mais c'est bien dommage qu'il n'y ait plus cette autocritique par rapport à nous-mêmes et aux autres. Certains humoristes se figent dans leur propre environnement, alors qu'il est beaucoup plus intéressant d'avoir des spectacles pluridisciplinaires, qui enrichissent un univers avec de multiples influences. Par exemple, Woody Allen a réussi à utiliser l'humour juif pour enrichir son regard sur la société dans son ensemble. Si ce n'étaient que des blagues juives, ce serait moins intéressant.

L'état de l'humour est-il le reflet d'une société repliée sur elle-même ?

Oui, car aujourd'hui, la communauté se réduit à l'individu, et c'est bien le problème. On a l'impression que notre pays, avec sa culture, se sectionne de plus en plus : c'est chacun pour soi, et l'humour n'en est que le reflet, alors qu'il faudrait que ce soit un contre-pouvoir. Car les bouffons, il y en a toujours eu, sous une forme ou sous une autre.

Ce qui est dramatique, c'est quand nos politiques se mettent à faire les bouffons pour se faire de la publicité :  ce n'est pas un souci qu'ils plaisantent, mais quand on commence à faire tout un pataquès politique avec l'humour corézien... Chacun son job ! L'humour, on s'en charge !

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