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Huit choses qui vous feront regarder la Chapelle Sixtine d’un oeil tout à fait différent
©wikipédia

Le Génie à l'oeuvre

L'historienne de l'art et guide touristique Elizabeth Lev nous dévoile les secrets artistiques de la chapelle privée du pape.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Elizabeth Lev n'est pas seulement historienne de l'art--elle est également guide touristique à Rome, où elle vit avec sa famille. On comprend mieux pourquoi dans cette vidéo TED elle s'enflamme à raconter l'histoire de la Chapelle Sixtine, et surtout, l'histoire que nous racontent les oeuvres d'art magnifiques de ce joyau de la civilisation mondiale. 

Quelques découvertes : 

  • Tapisseries. La première chose qu'on voit autour de soi en entrant dans la Chapelle Sixtine, ce sont des tapisseries. On l'a oublié aujourd'hui, mais les églises jusqu'à l'ère moderne étaient meublées de tentures et de tapisseries, à la fois pour réchauffer avant l'invention du chauffage central, mais également pour raconter les histoires de la foi.
  • On pense surtout au plafond et à la fresque de Michel-Ange, mais les murs de la chapelle sont également ornés de chefs d'oeuvre, notamment par Botticelli et Ghirlandaio. Ceux-ci sont des fresques relativement académiques, du quinzième siècle, qui représentent des scènes bibliques sur fond de l'Italie du XVème siècle. 
  • A contrario, c'est en 1492 que Michel-Ange est retenu pour faire le plafond de la Chapelle Sixtine. C'est donc dans un nouveau monde qu'il peint, et ses choix artistiques reflètent l'universalité du nouveau monde qui s'ouvre. Son contrat était au départ de peindre les douze apôtres, mais il décide de changer et de peindre l'histoire de la Genèse : la création du monde.
  • Il faut souligner ici le rôle crucial de Jules II, le pape qui recrute Michel-Ange. Il s'agit d'un pape de la Renaissance, donc un pape pas franchement connu pour sa grandeur spirituelle ou son abnégation. Il est connu comme "le pape guerrier", mais c'était surtout un grand aristocrate et amateur d'art, qui a laissé à l'Eglise, et au patrimoine mondiale, certaines de ses plus grandes oeuvres d'art, et a soutenu Michel-Ange dans sa vision audacieuse.
  • Le secret de Michel-Ange ? Il n'est pas peintre. Michel-Ange ne veut pas simplement peindre des portraits ou des scènes, mais raconter une histoire. Comment raconter une histoire sur un plafond qui s'élève à de nombreux mètres du sol ? Michel-Ange sort des codes de la peinture florentine de l'époque, avec ses tableaux très fournis en personnages et en moments. Michel-Ange avait plusieurs années avant abandonné la peinture pour la sculpture : en bon sculpteur, il se concentre sur la forme des personnages, et "sculpte" en peinture des formes qui arrêtent le regard sur des fonds neutres. Plus aucun rapport avec les fresques--convenues, mais cependant magnifiques--de Botticelli et Ghirlandaio qui ornent les murs en-dessous du plafond. 
  • Le centre de la fresque n'est pas Adam...c'est Eve. L'image la plus connue du plafond de la Chapelle, c'est la création d'Adam, avec ce doigt de Dieu à un milimètre du doigt d'Adam. Mais ce qu'on rate souvent, c'est qu'à côté de Dieu, on voit...Eve. Celle-ci est si proche de lui qu'elle est bras-dessous bras-dessus avec Lui. Dans la symbolique du tableau, donc, la femme fait toujours partie du plan de la création. Et dans les scènes suivantes, Adam et Eve sont toujours ensemble. 
  • L'autre chef d'oeuvre de la chapelle, c'est évidemment la fresque du Jugement dernier, au fond. Encore une fois, le sculpteur se concentre sur l'essentiel des formes et des corps. La scène du Jugement est faite de corps nus, qui expriment la crudité de la réalité du Jugement dernier. Malgré la dureté première de la scène, avec ces scènes de damnation, la fresque est en réalité pleine d'éléments positifs. Le nombre des sauvés est beaucoup plus important que celui des damnés--et ceux qui sont sauvés tirent les autres vers le haut. Y compris une saynète--nous sommes après les voyages de Magellan--où un homme blanc et un homme noir sont tirés ensemble. Au centre de tout le jugement est la figure de Jésus : le Jésus crucifié, au-dessus de l'autel, placé contre le mur dans la position traditionnelle de l'autel dans les églises, et le Jésus glorieux du jugement, qui montre que le triomphe peut suivre à l'adversité.
  • "Des choses osées dans la chapelle du pape !" Avec l'invention de l'imprimerie, l'oeuvre de Michel-Ange fait le tour du monde...et la controverse démarre vite. Les oeuvres de la Chapelle Sixtine sont principalement des nus. C'est l'époque de la Réforme, et la rumeur se répand que le pape a fait peindre des scènes pornographiques dans sa chapelle privée, alimentant l'image d'un Vatican corrompu. C'est face à ces critiques que l'Eglise, après la mort de Michel-Ange et pour protéger son oeuvre de la controverse, fera recouvrir les parties génitales d'une trentaine de personnages sur la grande fresque.

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