8 bonnes nouvelles que nous a (malgré tout) apportées 2020<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
8 bonnes nouvelles que nous a (malgré tout) apportées 2020
©Go Nakamura / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Esprit de Noël

Pire année de l'Histoire, 2020, comme l'écrivait récemment le magazine Time ? Pas si vite ! Malgré la crise sanitaire et ses impacts économiques, elle a tout de même été riche en évènements positifs. En voici sept dans le domaine de l'économie et des sciences.

Idriss  Aberkane

Idriss Aberkane

Le docteur Idriss Aberkane, né en 1986, est professeur chargé de cours à Centrale- Supélec, ancien interne du département de psychologie expérimentale de l’Université de Cambridge, chercheur à Polytechnique, chercheur affilié à Stanford (Affiliate Scholar du Kozmetsky Global Collaboratory de l'Université de Stanford), professeur d’économie de la connaissance dans le MBA de la Mazars University (USA), ambassadeur du Campus des Systèmes Complexes Unitwin/Unesco, docteur bidisciplinaire en Neurosciences cognitives et Economie de la connaissance, conseiller scientifique de la mission SeaOrbiter, éditorialiste au magazine Le Point.

Son essai “Economie de la connaissance” a été traduit en chinois, anglais et coréen et il a été invité à donner plus de cent conférences sur quatre continents.

Il est intervenu deux fois au CESE (Conseil Economique et Social Européen) sur le Biomimétisme.

Il crée en 2009 un opérateur de microcrédit agricole à taux zéro dans la vallée du fleuve Sénégal, puis, avec Serge Soudoplatoff, une société de jeux vidéo éducatifs, Scanderia.

Publications récentes :

• Participation à l’ouvrage collectif du CERA : « L’avenir c’est demain » 27 propositions pour 2035

• Essai “Economie de la connaissance” traduit en chinois, anglais et coréen, (Fondapol)

• Essai : « la Noopolitique : le pouvoir de la connaissance » traduit en anglais (Fondapol)

 

Voir la bio »
UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »
Jocelin Morisson

Jocelin Morisson

Jocelin Morisson est journaliste scientifique, auteur et traducteur. Depuis plus de vingt ans, il s’intéresse aux états modifiés de conscience, à la physique quantique et ses implications philosophiques, ainsi qu'aux liens entre science, culture et spiritualité de façon générale. Son dernier ouvrage, co-écrit avec l’ethnobotaniste Romuald Leterrier, s'intitule Se Souvenir du Futur

 

Voir la bio »

La pandémie de coronavirus a marqué l'année 2020, qui restera dans les annales comme l'une des pires de l'histoire moderne. Mais quelques bonnes nouvelles sont à relever concernant l'économie (par Jean-Paul Betbèze).

1 - Le livret A rapporte 0,5% et l’inflation est de 0,2% sur un an en novembre. D’ailleurs nous avons bien compris le cadeau : déjà plus de 27 milliards collectés sur l’année et 95 sur tous les livrets défiscalisés. Merci Papa Noël pour ce « coup de pouce » !

2 - Plus on s’endette, moins cela nous coûte : nous allons vers 2 800 milliards de dette en 2021, pour un coût de 30 milliards, soit un taux moyen de 0,1%, du fait des anciens emprunts dont les taux sont franchement plus élevés que les derniers. Pour les 260 nouveaux milliards d’emprunts prévus en 2021, aurons-nous -0,2% comme cette année ? Il faudra demander à Christine Lagarde qui en achète la moitié. Merci Maman Banque Centrale !

3 - « Il est beau, mon cabillaud ! » : c’est le message des Anglais qui veulent permettre aux Européens de pêcher chez eux, tant ils désirent un accord sur le Brexit. « Je crains les Anglais, même quand ils nous donnent du poisson ! » : est-ce l’adaptation des mots de Laocoon, « Je crains les Grecs, même quand ils nous font des cadeaux », ce Grand Prêtre de Troie, soupçonneux devant le grand cheval de bois que les Grecs avaient abandonné sur la grève, indiquant qu’ils étaient partis ? Merci Virgile de nous rappeler ce vieux souvenir, mais où est la bonne nouvelle de 2020 ? C’est que les classiques n’ont pas vieilli, il suffit de ne pas les oublier.

La situation sanitaire a largement occulté les découvertes scientifiques faites au cours de l’année 2020. Certaines sont pourtant porteuses d’espoir et de progrès dans plusieurs domaines, qu’il s’agisse de connaissances fondamentales ou de science appliquée (par Jocelin Morisson).

4 - Des sciences médicales, un réseau de neurones artificiels développé par DeepMind, branche de Google, a fait un pas de géant dans la résolution d’un problème auquel se heurte la biologie depuis longtemps : la façon dont une protéine se replie dans l’espace selon sa séquence d’acides aminés. Le programme d’intelligence artificielle, nommé AlphaFold, a surclassé une centaines d’équipes de recherche dans le cadre d’une compétition dont les résultats ont été annoncés le 30 novembre. Le fait de pouvoir prédire la forme d’une protéine à partir de sa séquence d’acides aminés va faciliter la compréhension des éléments constitutifs de la cellule et la découverte de nouveaux médicaments.

5 - En médecine toujours, on peut retenir la découverte par des chercheurs australiens d’un « vaccin » (agent immunostimulant) capable de reconnaître des protéines spécifiques à certaines tumeurs cancéreuses, ce qui amène le système immunitaire à les éliminer lorsqu’elles se représentent. Une piste très prometteuse contre plusieurs types de cancers, y compris hématologiques. Une équipe belge a par ailleurs identifié les fonctions d’un gène fréquemment muté dans les cancers, qui favorise les caractéristiques invasives (métastases) et la résistance à certains traitements.

6 - En cosmologie, le prix Nobel de physique Roger Penrose a présenté cette année des preuves de l’existence d’un univers qui précédait le Big Bang, notamment des traces de l’évaporation de trous noirs supermassifs. Une confirmation de plus pour son modèle de Cosmologie Cyclique Conforme, qui prévoit un univers infiniment en expansion et sujet à une infinité de Big Bang. Par ailleurs, une équipe a montré cette année la proximité de structure entre l’univers et le cerveau humain, mettant à jour des similitudes troublantes entre la distribution des galaxies et celle des neurones, la façon dont les deux sont reliés en réseau, la capacité de stockage de l’information, et autres caractéristiques.

7 - Enfin, notons la prouesse récente de la NASA qui vient de réussir une téléportation quantique à grande distance pouvant préfigurer une révolution du réseau internet. Des qubits (bits quantiques en état de superposition 0 et 1) intriqués ont été envoyés à travers un réseau de fibre optique de 44 km avec une fidélité de 90 %. Bientôt l’internet quantique ?

8 - Et si, finalement, la meilleure nouvelle de 2020 n'était pas la crise elle-même, dans ce qu'elle dit de nous ? (par Idriss Aberkane)

Abraham Lincoln disait que la discipline était le fait de choisir entre ce que l'on voulait tout de suite et ce que l'on voulait le plus. Et l'histoire du monde a tout à fait cette nature. Les empires, les Etats, les puissances, les sociétés ont un ego comme les humains individuels. Cet ego était décrit par Platon, dans sa métaphore du char tiraillé entre un cheval noir et un cheval blanc. Le cheval noir, c'est celui qui dit "Donne-moi ce que je veux" et le cheval blanc, c'est celui qui dit "Donne-moi ce dont j'ai besoin". Or, la bonne nouvelle de 2020 pour les nations, pour les groupes économiques et pour les entités géopolitiques, mais aussi pour les individus, c'est qu'il y a eu beaucoup d'égards. Cette année nous a donné ce dont nous avions besoin plutôt que ce que nous voulions. Si on se fie à l'analyse de Nassim Nicolas Taleb sur l'anti fragilité, nos modèles économiques étaient fragiles. Or, la fragilité, pour Taleb, a un sens très précis : c'est la sensibilité à la volatilité, c'est à dire, la sensibilité au hasard. Un système de livraison qui est très sensible au hasard est fragile. Pour comprendre ce principe, il suffit d'imaginer un vase de Chine, par exemple, laissé dans un salon avec des enfants qui jouent. Les enfants qui jouent, c'est le hasard et le vase de Chine, c'est l'objet fragile. Nos chaînes d'approvisionnement, nos moyens de production et en réalité, nos systèmes de création de richesse de par le monde, étaient fragiles et les perturbations liées au coronavirus ont démontré leur fragilité.

Ils ont été essentiellement incapables de s'adapter, même si nous avons vu en Bourse, par exemple, certaines actions s'envoler, comme celle de Zoom ou celle de Slack.

Il y a des bonnes nouvelles en réalité, dans l'année 2020, nous sommes juste incapables de les voir de la même façon que Leibnitz aussi disait que ce monde tendait systématiquement vers le bien maximal, ce que Voltaire avait évidemment critiqué et caricaturé dans sa fameuse phrase "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes" dans Candide.

On sait que parfois, un mal peut engendrer un bien plus grand. Citons le tremblement de terre de San Francisco en 1906, qui va ouvrir la voie à la création de la Silicon Valley. Ce tiraillement permanent des individus comme des Empires entre "Donne-moi ce que je veux" et "Donne-moi ce dont j'ai besoin" a été tranché par la crise du coronavirus et des autres crises. Parce qu'au delà de la crise du coronavirus, nous avons bien sûr une crise bancaire en ce moment. La plupart des grandes banques européennes sont dans une situation catastrophique. C'est connu par les analystes et la meilleure façon de l'identifier et de suivre leur cours en Bourse depuis 2008 et de voir à quel point elles ont perdu de la valeur.

Nous nous sommes trouvés en 2020 dans un moment de vérité et, en un sens, on pourrait dire que le plus dur est passé. Nous pouvons encore attendre des problèmes majeurs en 2021 mais l'effort a été engagé vers une modification complète de nos moyens de production, de nos échanges, de nos relations internationales. La bonne nouvelle de 2020, c'est que nous avons avaler la pilule amère. Elle était amère, mais nous, nous en avions besoin et nous l'avons prise. Au fond, c'est vraiment la meilleure nouvelle de 2020.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !