Histoire d’un "meurtre social" à France Télévisions : lâché en pâture face à la tempête médiatique<!-- --> | Atlantico.fr
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Le logo des chaînes du groupe France Télévisions. Jean-François Laville a été accusé à tort de harcèlement et a été contraint à la mort sociale.
Le logo des chaînes du groupe France Télévisions. Jean-François Laville a été accusé à tort de harcèlement et a été contraint à la mort sociale.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Bonnes feuilles

Jean-François Laville publie « Viré histoire d’un « meurtre social » à France.TV » aux éditions Plon. « Viré » est le témoignage bouleversant d'un homme qui faisait son travail, tout simplement. Accusé à tort de harcèlement et de sexisme, il est contraint à la mort sociale. Voici la mécanique d'un licenciement orchestré et expédié dans les couloirs de France Télévisions. Extrait 2/2.

Jean-François Laville

Jean-François Laville

Jean-François Laville est journaliste sportif. Il a notamment été rédacteur en chef des magazines " Stade 2 " et " Tout le sport ". En juillet 2020, la direction de France Télévisions lui signifie son licenciement pour des faits de harcèlement.

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La fin de semaine qui suit l’annonce de ce licenciement est une suite ininterrompue de longues conversations téléphoniques avec des collègues de France Télévisions.

Je reprends mes kilomètres de marche, smartphone vissé à l’oreille. Un derviche tourneur qui répète les mêmes phrases, la gorge souvent nouée par les mots sympathiques de ses interlocuteurs au téléphone. Je sens très souvent que les gens sont sincères, mais que la vie et nos activités, désormais forcément différentes, nous sépareront.

Ce que je pressentais arrive vite. Le lendemain de l’annonce par téléphone de mon éviction, France Télévisions communique sur les mesures que l’entreprise a adoptées afin de régler cette affaire. La procédure à marche forcée a donc une explication. Lorsqu’on annonce que son chien a la rage, la communication impose de l’abattre rapidement. Peu importent les victimes collatérales.

Le vendredi 31 juillet 2020 L’Équipe, par qui tout a commencé, et l’Agence France-Presse (AFP) sont choisies pour relayer la position officielle de France Télévisions. Le 31 juillet, voici la teneur de la dépêche AFP :

« “Trois salariés à la direction des sports de France Télévisions vont être licenciés après une enquête interne ayant mis en évidence des faits de harcèlement et des propos sexistes”, a indiqué vendredi le groupe audiovisuel, confirmant des informations de L’Équipe. Un quatrième salarié a reçu un blâme. L’identité des personnes concernées n’a pas été révélée. “Ces décisions ont été prises suite aux conclusions de l’enquête interne réalisée après un témoignage rendu public […] faisant état de faits de harcèlement et de propos sexistes”, a précisé France Télévisions, sollicité par l’AFP. Cette enquête interne avait été ouverte en avril dernier après la publication, dans L’Équipe, du témoignage de Clémentine Sarlat, ancienne coprésentatrice de “Stade 2”, aujourd’hui reconvertie dans le podcast après avoir aussi travaillé à TF1. “J’allais à ‘Stade 2’ en pleurant”, a-t-elle confié au quotidien sportif, expliquant avoir été marginalisée à son retour de congé maternité, jusqu’à ce qu’elle décide de partir. “Pour la préparation de l’émission, personne ne me parlait. Ils m’avaient mise dans un bureau à part, loin des rédacteurs en chef. […] J’avais l’impression d’un coup de poignard dans le dos”, a-t-elle raconté.

France Télévisions, qui a été confronté à plusieurs affaires de harcèlement sexuel ou moral depuis l’apparition du mouvement #MeToo, il y a près de trois ans, affirme appliquer “avec la plus grande rigueur le principe de tolérance zéro face à toute forme de harcèlement, de propos sexiste ou discriminatoire”.»

Fin de la partie.

Il est clair qu’aux yeux de tous Delphine Ernotte apparaît comme la défenseure du droit des femmes. Forcément, cette affaire a permis de la singulariser face à ses concurrents dans la course à la présidence.

D’ailleurs, son action en l’espèce sera saluée par la toute nouvelle ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Cet hommage lui sera rendu dans Le Parisien du 2 août 2020.

Dans cette séquence, plus que dans d’autres encore, on se sent condamné par la société et surtout inaudible. Sans autre forme de procès, nous devenons publiquement des sexistes et il est inutile de le nier.

Je suis à ce moment tellement centré sur ma peine que je ne comprends pas la colère, voire la rage, de ma famille, de mes consœurs, de mes confrères. Ils me renvoient leur incompréhension en plein visage face à ce qu’ils appellent le plus souvent «une manœuvre».

Moi, en fait, j’ai intégré depuis le début de cette affaire son issue. Je savais qu’il fallait un fusible, il y en a trois.

A lire aussi : Machine à broyer ? : ces hommes blancs de plus de 50 ans évincés de France Télévisions

Extrait du livre de Jean-François Laville, « Viré histoire d’un « meurtre social » à France.TV », publié aux éditions Plon

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