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Le prix de l’essence aura beau flamber, les Français resteront accros à leur voiture
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2 euros le litre

Réponse à la récente interview de Philippe Chalmin publiée dans Atlantico. Non seulement une essence à deux euros le litre ne devrait pas décourager les Français de prendre leur voiture, mais en plus ce prix pourrait encore augmenter...

Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Sans Plomb à deux euros : "L’ère de l’essence pas chère est terminée"

Atlantico : Ce mardi quelques stations parisiennes ont franchi le tarif jusque-là très abstrait des deux euros le litre de sans plomb. Allons-nous vers un point de non retour qui freinera la consommation des Français?

Thomas Porcher : Malheureusement non, car pour beaucoup de Français le fait de consommer ou non de l’essence ne relève pas d’un choix mais d’une dépense contrainte c'est-à-dire qu’ils sont obligés d’utiliser leur voiture pour aller travailler et qu’ils ne bénéficient pas d’infrastructures de transports suffisantes. 

Certes les habitants de Paris ou de grandes villes vont pendant un certain temps diminuer leur consommation en utilisant moins leur voiture ou en privilégiant les transports en commun. Mais en réalité, en France, très peu de personnes ont la chance de pouvoir se passer complètement de leur voiture d’où les réactions à chaque hausse des prix.

Si les Français passent ce cap et que les deux euros deviennent une réalité courante, jusqu'où cette tension sur les prix sera soutenable, peut-on imaginer des consommateurs attachés à l'essence alors quelle franchit un nouveau palier à 2.50 voire 3 euros?

Oui, car le prix de l’essence, comme le prix des autres biens, est d’abord un prix psychologique qui affecte uniquement le comportement des consommateurs sur le court terme. Rapidement, ce prix, même s’il est reconnu comme trop cher, n’affecte plus la consommation.

Prenons l’exemple du prix d’une place de cinéma : tout le monde s’accorde à dire que le prix de la place est trop cher surtout si on la compare au prix qu’elle était il y a 10 ans. Pourtant malgré ce prix élevé, 2011 est une année record en termes d’entrées dans les salles de cinéma en France. Le même phénomène arrivera avec l’essence, les prix d’aujourd’hui étaient impossibles à imaginer il y a 10 ans, il y a eu la barre des 1,5 euro, il y a la barre des deux euros et si personne ne fait rien, il y aura celle des 2,5 euros, 3 euros ...

Entre t-on définitivement dans une nouvelle ère de la consommation d'essence ?

Sans une volonté des pouvoirs publics notamment sur la création d’une nouvelle composition des prix de l’essence qui repartagerait mieux la taxe entre le consommateur et le pétrolier et entre le consommateur actif et passif, il n’y aura aucun changement sur les modes de consommation.

Il y a à peine dix ans quand le prix du pétrole était à 25 dollars, beaucoup nous disait qu’un prix du pétrole élevé permettrait de changer la consommation et encouragerait la transition vers d’autres énergies. Aujourd’hui, le prix est à plus de 120 dollars (93 euros) et rien n’a vraiment changé…

Propos recueillis par Priscilla Romain  

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