Guillaume Peltier : “La responsabilité de ma génération est de mener la bataille des idées à droite en assumant de ne rien céder sur le fond”<!-- --> | Atlantico.fr
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La Droite forte organise ce samedi la première édition de la fête de la Violette
La Droite forte organise ce samedi la première édition de la fête de la Violette
©Reuters

Démonstration de force

Alors que l'UMP se trouve confrontée à de graves difficultés financières après l'invalidation des comptes de campagne 2012, la Droite forte organise la première édition de la fête de la Violette qui se tiendra chaque premier samedi de juillet, en réponse à la fête de l'Humanité du PCF et des fêtes de la Rose du PS.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Atlantico : Vous organisez une fête de la Violette pour célébrer la droite ce samedi. 1500 personnes  dont Jean-François Copé, Brice Hortefeux ou Bruno Le Maire sont attendues en Sologne pour la première édition. La violette était un symbole de ralliement des bonapartistes pendant les Cent-Jours. Cette manifestation est-elle une démonstration de force pour la Droite forte ?    

Guillaume Peltier : L'objectif était de montrer que la droite parlementaire pouvait organiser un évènement chaque année comme le PS avec ses fêtes de la Rose ou le PCF avec la fête de l'Humanité. En tant que premier mouvement du premier parti de France, nous nous devions d'organiser cette évènement. La Droite forte est à l'initiative de cette manifestation, mais il s'agit de la fête de toute la droite avec des personnalités comme Jean-François Copé, Brice Hortefeux, mais aussi, comme vous l'avez souligné, Bruno Le Maire ou Maurice Leroy qui est membre de l'UDI. Nous voulons démontrer que nous sommes aussi un mouvement de rassemblement.

Au-delà du symbole historique bonapartiste, la violette pousse sur les cinq continents. Dans la sémantique fleurie, elle représente la fidélité aux convictions.Il y avait donc de nombreuses bonnes raisons de choisir la Violette.

La Droite Forte est arrivée en tête du vote des motions lors de l’élection du président de l’UMP en novembre 2012. Quel est votre poids actuel à l’UMP ? Considérez-vous être suffisamment bien représenté dans les instances du parti ?

Nous sommes appuyés par la légitimité militante du scrutin interne où nous avons recueillis 30% des voix. Tout au long du premier semestre, nous avons animé le débat d'idée et nous avons fait des propositions : la semaine des 40 heures, la retraite à 65 ans, l'alignement des régimes publics et spéciaux sur les régimes privés, l'idée de réserver les aides sociales aux Français et aux étrangers résidant en France depuis au moins 10 ans. Cet évènement de la fête de la Violette est un point d'orgue estival pour réunir tous nos sympathisants.

Pour ce qui est de notre poids dans les instances dirigeantes, nous avons la chance d'avoir une UMP nouvelle qui s'est mise au travail et qui est rassemblée. Grâce au vote militant, je suis vice-président de l'UMP, Geoffroy Didier est secrétaire général adjoint tout comme Camille Bedin. Chaque semaine, nous participons à la vie de l'UMP au côté de Jean-François Copé et des ténors de l'UMP.

Vous évoquez les ténors de l'UMP. Que répondez-vous à ceux qui considèrent que vous manquez encore de légitimité car vous n’avez jamais été élu ? Existe-t-il un décalage entre votre popularité auprès des militants et votre popularité au sein de la société française ?

Il ne faut jamais manquer d'audace, de courage et de conviction pour défendre ses idées. Nous avons besoin d'une génération nouvelle et d'idées nouvelles. Je ne répond pas aux critique des uns et des autres. Nous avons besoin d'une famille unie comme le résume Jean-Pierre Raffarin par une jolie formule : "nous avons besoin de NKM et de Guillaume Peltier, de même qu'à une certaine époque nous avions besoin de Charles Pasqua et de Simone Weil".

Il nous faut des tempéraments différents à la condition de ne jamais sombrer dans les querelles de personnes et de privilégier le combat d'idées. Comme nous l'a enseigné Nicolas Sarkozy, ce sont les idées qui mènent le monde. Il disait aussi : "N'écoutez jamais ceux qui disent que vous êtes trop jeune, ce sont les mêmes qui vous diront demain qu'il est trop tard." Je me suis présenté sur des terres difficiles. La légitimité électorale va venir bien assez tôt, dans les mois et les années qui viennent, qu'ils soient rassurés.

Pour la première fois depuis 30 ans, il y a une concordance inédite entre les attentes des sympathisants UMP et les attentes majoritaires des Français que ce soit sur la question de la liberté des entreprises, sur la vision d'une Europe qui protège, sur la question de la justice ou sur le thème de l'immigration. La responsabilité de la nouvelle génération, qui va incarner la droite de demain, est de le montrer, de le démontrer. Notre responsabilité est de mener la bataille des idées à droite en assumant de ne rien céder sur le fond. Pour répondre à la désespérance de nos compatriotes et transformer en profondeur notre société, nous avons besoin d'idées fortes. Nous l'assumons intégralement.

Vous défendez l’idée d’une droite décomplexée. Certains élus de droite particulièrement critiques à votre égard souffrent-ils, selon vous, d’un "complexe de droite" ?

J'ai toujours tenu le cap des convictions et je ne veux surtout pas donner des leçons aux autres. Mais, avec Nicolas Sarkozy, une droite nouvelle, une droite qui s'assume, a émergé. Nous ne voulons pas que cette parenthèse se referme. Cette droite qui est fière de ses convictions, de son patriotisme, continuera a porter ses valeurs quelles que soient les critiques.

Comment définiriez-vous votre propre ligne politique ? Peut-on parler de ligne Buisson ? Où placez-vous le curseur avec le FN ?  

Nous rencontrons un certain nombre de personnalités, d'experts, de politologues, mais nous restons libres. Notre ligne politique est celle d'une droite forte, moderne et courageuse, une droite qui à le courage de dire et de faire. En 2017, nous devrons appliquer le programme pour lequel nous avons été élu.

Notre ligne politique est très claire vis à vis du Front national. Nous ne voulons pas d'accord avec le FN. Marine Le Pen a préféré la victoire des socialistes à la victoire de Nicolas Sarkozy et le FN ne propose pas de solution crédibles. Pour autant, nous revendiquons le droit et même le devoir de nous adresser à tous les Français, y compris aux électeurs du Front national pour le expliquer que l'UMP est le grand mouvement populaire qui peut répondre à leurs inquiétudes.

Certaines de vos propositions comme celles d’instaurer un quota de journalistes de droite sur la télévision publique ont rencontré un écho dans la société mais ne semblent pas très applicables concrètement. La Droite forte doit-elle encore gagner en crédibilité ? Comment ?  

Gagner la bataille des idées était une première étape. Nous devons maintenant gagner la bataille de la pédagogie. Notre proposition sur les médias a été mal comprise et caricaturée. Notre proposition n'a jamais été de sonder les reins et les cœurs, mais que les chaînes du service public, payées par les Français, puissent s'inspirer de ce qui est fait sur les chaînes d'info et organiser à la fin du journal télévisé un débat entre des journalistes de gauche et de droite. Je ne vois pas pourquoi ce qui existe sur les chaînes d'infos ne pourrait pas exister sur les chaînes du service public. Nous continuerons à porter ce type d'idées car c'est nécessaire. Sur la question de la semaine des 40 heures, nous avons d'ailleurs été capables d'inspirer notre famille politique.

Suite à l’invalidation de ses comptes de campagne, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il "démissionnait immédiatement" du Conseil constitutionnel. S’agit-il de son retour en politique ? Doit-il s’adresser à sa famille politique et/ou aux Français dans les jours qui viennent ?

Nicolas Sarkozy a toujours été attaché au principe de responsabilité. Il se l'applique à lui-même en s'adressant directement à nos compatriotes par Facebook en contournant les intermédiaires et les médiateurs. Par ailleurs, il est toujours resté fidèle à sa famille politique et l'avait dit dans son discours du 6 mai 2012 après sa défaite.

Le spectre des affaires plane sur son retour. Est-il vraiment le mieux placé pour représenter la droite aujourd’hui ? Le risque n’est-il pas de le voir finalement empêché comme DSK en 2011 ?

Je ne suis pas un adepte de la théorie du complot. Mais aujourd'hui, Nicolas Sarkozy est victime d'une sorte d'acharnement et d'une véritable chasse à l'homme. Un certain nombre de représentants de l'élite française ne souhaitent pas voir Nicolas Sarkozy revenir. Mais dans une démocratie, c'est la souveraineté du peuple qui compte. Par de-là les tentatives d'empêchement qui finissent toujours par faire pschitt, Nicolas Sarkozy sera en mesure de revenir s'il le souhaite.

Allez-vous profiter de cette manifestation pour lancer un appel à Nicolas Sarkozy ?

La question du retour de Nicolas Sarkozy ne sera pas réglée par l'UMP, mais par les Français eux-mêmes. Ce sont les Français qui lui demanderont de revenir. Face à l'échec de François Hollande, nous avons besoin plus que jamais du charisme, de l'énergie et de l'autorité de Nicolas Sarkozy.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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