Gros ou petits dormeurs : la science comprend enfin pourquoi nous ne sommes pas tous égaux devant le sommeil<!-- --> | Atlantico.fr
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Dormir, un besoin physiologique
Dormir, un besoin physiologique
©Flickr

ZZZzzz

Dans la vie, il y a deux catégories de personne : les gros et les petits dormeurs. Une récente étude américaine montre que le besoin de sommeil n'est pas lié au mode de vie, mais résulte bien du patrimoine génétique.

Yves Dauvilliers

Yves Dauvilliers

Yves Dauvilliers est responsable de l’Unité du Sommeil, Département de Neurologie du CHRU de Montpellier. Il fait également partie de l'unité de l'INSERM U1061 et est coordinateur national des centres de référence narcolepsie et Hypersomnie idiopathique

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Tous les humains ne naissent pas sur un pied d’égalité en matière de besoin de sommeil. Loin de là. Si certains ont besoin de dormir au moins 6 voire 8 heures pour être frais toute la journée, d’autres se contentent de 5 petites heures. Quand ils sont frais comme des gardons après une courte nuit, vous, vous avez la tête dans le seau. N’allez pas chercher une explication dans leur mode de vie ou leur alimentation, non. L’explication se niche au sein de leur code génétique. Réciproque de cette découverte : difficile de changer quoi que ce soit à cela.

C’est ce que montre une étude américaine, publiée dans le numéro d’août 2014 de la revue Sommeil, conduite par des chercheurs de l’académie américaine de médecine du sommeil. Au cours de cette étude, les scientifiques ont travaillé avec 100 paires de jumeaux - 59 monozygotes (issu du même oeuf fécondé qui s’est divisé, génétiquement identique) et 41 dizygote (issus de deux ovules différents, les "faux" jumeaux).

Lors de leurs recherches, ils ont identifié une mutation du gène BHLHE41 qui autorise le porteur de la variante appelée p.Tyr362His, un fonctionnement optimal même après une courte nuit, et limite les effets du manque de sommeil. Là où les porteurs de cet allèle dorment en moyenne cinq heures par nuit, les autres, porteurs du gène "normal", restent en moyenne une heure de plus dans les bras de Morphée.

Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques ont privé de sommeil les jumeaux, les forçant à rester éveillé 36 heures d’affilée. Et ont constaté, d’une part que les individus porteurs de l’allèle p.Tyr362His étaient relativement frais après cette période, tandis que les second luttaient péniblement et, d’autre part, que le temps de récupération était plus court ; une nuit de sommeil de 8 heures fut suffisante pour les porteurs de l’allèle p.Tyr362His, tandis que les autres individus durent dormir près de 10 heures.

"Ce travail montre, pour la première fois, le rôle de BHLHE41 dans la résistance au manque de sommeil chez les humains" explique à l’agence Relaxenews Renata Pellegrino, chercheur senior à l’hôpital pour enfants de Philadelphia, et relayé par Yahoo News. "La mutation a été associée avec une résistance aux effets neurcomportementaux d’un manque de sommeil".

"L’étude souligne par ailleurs que notre besoin de sommeil est un besoin physiologique et non une préférence personnelle" explique, toujours à Relaxnews, le docteur Timothy Morgenthaler, le président de l’académie américaine de sommeil. "La plupart des adultes semblent avoir besoin d’au moins 7 heures de sommeil par nuit pour être en forme, productif et alerte le lendemain" précise le chercheur.  Moins, et sans l’allèle adapté, le manque de sommeil peut avoir à terme des effets néfastes sur votre santé. 

Atlantico : Des scientifiques américains ont établi un lien entre génétique et sommeil. Le nombre d'heures de sommeil de chacun serait prédéfini par nos géne, le gène BHLHE41 qui autorise le porteur de la variante appelée p.Tyr362His, un fonctionnement optimal même après une courte nuit, et limite les effets du manque de sommeil. Est-ce une nouvelle découverte ? Liait t-on jusque là l'ADN et le sommeil ? Quelles modifications sur notre perception du sommeil cette découverte entraine t-elle ?

Yves Dauvilliers : Effectivement cette découverte est intéréssante. Plus sur le concept de la génétique du sommeil que sur le géne lui-même. Nous serions donc tous prédéfinis à une certaine durée de sommeil, à la facilité ou non de faire la sieste, bref à tous nos comportements liés au sommeil. Il y a eu plusieurs moyens de le prouver, des jumeaux ont été étudiés, et on a découvert des comportements liés au sommeil similaires. Ensuite, des études ont été faites sur des familles, des similitudes ont été également été observées. Cette étude nous permet aussi de s'assurer de la prédetermination des maladies liées au sommeil. Il y a trois ans avait été découvert le gène DEC4 qui était le gène des petits dormeurs. Il y a surement d'autres gènes liés au sommeil qui ont été identifiés chez la souris. Les chercheurs tentent à présent de retrouver ceux présents chez l'homme.

Pourtant, beaucoup de médecins lient les heures de sommeil au mode de vie, ce dernier n'aurait donc aucune importance ? 

Il ne faut pas oublier que la qualité du sommeil est multifactorielle. Les gènes induisent seulement plus de risques. L'environnement a aussi son importance : le stress et l'alimentation influent sur notre sommeil. L'environnement est le seul facteur sur lequel nous pouvons agir.

Y a-t-il un moyen de lutter contre cette prédisposition génétique ? 

Non on ne peut pas lutter contre cela. Cependant connaitre sa génétique est utile car cela permet de comprendre son focntionnement et d'adapter son sommeil à celui-ci. 

Lu sur news.yahoo.com

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