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La reine Elizabeth II et le prince Charles lors d'une cérémonie officielle à Buckingham Palace.
La reine Elizabeth II et le prince Charles lors d'une cérémonie officielle à Buckingham Palace.
©Daniel LEAL / AFP

« Never explain, never complain »

La reine Elizabeth II observait, sans le moindre écart, un protocole très strict. Elle exigeait également de sa descendance un comportement irréprochable.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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La Reine d’Angleterre outre toutes ses qualités, observait sans le moindre écart un protocole très strict, celui de la cour d’Angleterre. Il est étrange qu’à notre époque où l’on souhaite s’affranchir à tout prix de tous les codes de savoir- vivre, des « bonnes manières », des traditions bourgeoises, on soit absolument conquis par le spectacle d’une cour royale qui n’a pas cédé le moindre terrain à la coolitude ambiante.  Non seulement le monde entier l’a admis, mais nous nous en sommes réjouis, observant minutieusement les comportements de notre feuilleton royal pendant presque un siècle, nous passionnant pour la faute de protocole de la portière de la voiture malencontreusement ouverte par Megan au lieu de laisser le valet s’en charger !  Sur la nécessité de porter un chapeau - et lequel ! -de ne jamais adresser la parole à sa majesté en premier et encore moins de lui tendre une main non gantée et avant qu’elle n’en ait pris l’initiative.

Nous avons tremblé lorsque le président Sarkozy a été invité à Buckingham : le couple présidentiel allait-il commettre un impair ? Nous avions eu honte pour une histoire de parapluie lors de la cérémonie du débarquement à Paris avec le manquement au protocole d’Anne Hidalgo qui a besoin d’un fac totum pour tenir son parapluie alors que la souveraine de 88 ans, tient elle-même le sien ! Et puis, divine surprise la révérence impeccable de Carla à sa Majesté, honorant de surcroit la haute couture française dans une robe d’une infinie élégance ce qui lui a fait définitivement conquérir l’admiration de ses « sujets » : les français !

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En fait, nous avons plus que jamais besoin de repères, de ces repères qui étaient incarnés par Elizabeth II et c’est aussi ce que nous pleurons aujourd’hui. La preuve s’il en faut que nous avons inconsciemment ou pas besoin de codes comportementaux, de hiérarchies, de règles gestuelles, de traditions vestimentaires qui sacralisent les différents moments de notre vie. Il serait bon que cette disparition d’une Majesté nous remette en tête ce que veut dire « bien se tenir », que nous reprenions conscience que l’éducation c’est aussi cela, en classe au bureau ou à la maison, que ce n’est pas un retour en arrière c’est au contraire une arme pour affronter l’avenir que de s’appuyer sur certaines traditions. Des codes qui ne sont pas le privilège des nantis, preuve en est dans les bandes de voyous ou les règles sont très strictes, codes d’honneur du grand banditisme ou uniformes de jeans troués des djeunes branchés !

Nous pourrions réviser à cette occasion l’élégance d’une inclinaison de tête, la courtoisie de ne pas s’assoir à table avant la maitresse de maison, de céder sa place dans un transport, de tenir la porte, de s’effacer dans une embrasure, de ne pas forcément embrasser et tutoyer ceux que l’on voit pour la première fois, de remercier, d’honorer ses hôtes par une tenue vestimentaire, de répondre à un message de quelqu’un à qui l’on doit le respect quel qu’en soit le motif. On peut aussi s’amuser à comparer la Chambre des Lords ou des Communes à l’invasion de notre Assemblée Nationale par des insoumis au respect des codes républicains. Qu’y gagnons-nous ?

Souvenons-nous de cette réflexion parentale qui nous agaçait enfants : « ça ne se fait pas » ; certes on peut objecter : par rapport à quoi ? et pourquoi ? mais l’avantage des codes, c’est de ne pas tout réexpliquer à chaque fois ; et puis il faut les connaitre justement pour pouvoir s’en affranchir en toute connaissance de cause.

Finalement ce protocole britannique parmi les plus rigides du monde n’était pas remis en question ou si peu, c’est beaucoup plus important qu’il n‘y paraît car ce fut aussi ce qui a contribué à la colonne vertébrale d’une reine qui n’a jamais considéré que le laisser aller était une option.

Ce comportement et cette étiquette ont entrainé son attitude dans la vie, une forme de morale et de courage « never explain, never complain ». Une tenue dans tous les sens du terme, qui entraine et révèle une force de caractère…

Plus difficile à observer quand on est en Tongues ou enclaquettes- chaussettes à l’école…

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