G20 : plus urgent que la réduction des dépenses publiques, la lutte contre les paradis fiscaux<!-- --> | Atlantico.fr
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"Lors de la précédente réunion du G20, on avait essayé de nous expliquer qu’il existait un lien entre la crise financière et les paradis fiscaux. Ce lien apparaît toujours tout aussi introuvable que les armes de destruction massives en Irak."
"Lors de la précédente réunion du G20, on avait essayé de nous expliquer qu’il existait un lien entre la crise financière et les paradis fiscaux. Ce lien apparaît toujours tout aussi introuvable que les armes de destruction massives en Irak."
©Flickr / Images_of_Money

Dantesque

Le dernier G20 de Londres s'était achevé sur une promesse : lutter contre les paradis fiscaux. Le G20 de Cannes qui a débuté jeudi permettra-t-il d'aller plus loin ?

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi

Jean-Michel Rocchi est professeur affilié de Finance à l’université Paris-Dauphine.

Il est auteur ou co-auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages dédié à la finance. Il est notamment l'auteur de Les paradis fiscaux (Sefi, mai 2011) et de plsuieurs ouvrages sur les hedge funds.

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L’échec du G20 dans la prétendue lutte contre les paradis fiscaux est d’ores et déjà prévisible. Les considérations réellement économiques ne pèsent pas lourd face aux enjeux politiques (de nombreux gouvernements tels la France ou les Etats-Unis …sont déjà en campagne électorale), comme lors du précédent G20, les préoccupations géopolitiques l’emporteront nettement (Hong-Kong un des paradis fiscaux les plus opaques du Monde a été oublié de la liste OCDE afin de ne pas déplaire à la Chine).

Lors de la précédente réunion du G20, on avait essayé de nous expliquer qu’il existait un lien entre la crise financière et les paradis fiscaux. Ce lien apparaît toujours tout aussi introuvable que les armes de destruction massives en Irak. La crise financière américaine a été déclenchée par la crise des prêts Subprime, qui s’étaient développés sous l’ère du démocrate Clinton dans le cadre de la politique du logement social. Nous sommes bien loin des paradis fiscaux. Les économies développées étant pour la plupart surendettées et au bord de la défaillance, une fois de plus, c’est la solution de facilité qui devrait l’emporter. C’est-à-dire, essayer de trouver des recettes nouvelles plutôt que de réduire les dépenses publiques comme le bon sens le voudrait.

Dans le panthéon des propos démagogiques « faire payer les riches » tient une bonne place en particulier conjoncturellement, malheureusement « éviter de faire partir les riches » serait économiquement beaucoup plus fondé. Même avec les meilleurs conseillers fiscaux du monde les riches paient encore la fiscalité indirecte (particulièrement lourde en France), une fois partis de l’hexagone l’assiette fiscale du pays s’en trouve amputée de toute leur contribution fiscale. A chaque annonce de hausse d’impôt en France nos voisins banquiers privés en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, à Andorre … se frottent les mains en pensant à leurs nouveaux clients. En économie cela s’appelle créer une rente. La première place de notre pays au Tax Misery Index (devant la Chine !) du magazine Forbes, c'est-à-dire de pays le plus fiscalisé du Monde, est une claire incitation à partir.    

Bien plus, au-delà même des déficits publics qui grèvent la dette publique, il faut déplorer qu’il s’agit de « mauvais déficits » engendrés uniquement par des dépenses de fonctionnement (en  non d’investissement) et qu’il n’y aura donc, ni emplois sains et ni croissance à attendre, tout au plus un phénomène d’assistanat et de faux emplois subventionnés que nous n’avons plus les moyens de financer.                               

Néanmoins, il serait possible de prendre des décisions courageuses qui iraient à l’encontre des idées reçues et souvent démagogiques. La première, qui est la plus facile à mettre en oeuvre consisterait en une politique intelligente d’amnistie fiscale, actuellement préconisée par aucun parti politique en France. C'est-à-dire de « faire revenir les riches » afin que leurs capitaux contribuent à faire tourner l’économie nationale. La recette qui marche c’est une taxe très basse 2,5% (5% maximum)  et idéalement nulle, cela à bien fonctionné de par le passé (Pinay en 1952, de Gaulle en 1959, Chirac en 1986, Berlusconi 2001 et 2003). Les taux confiscatoires supérieurs à 10% (« on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ») sont inefficaces car les montants rapatriés sont ridicules et sans aucuns effets sur l’économie (Jospin 1981, Allemagne 2004, Belgique 2004).      

La seconde mesure nettement plus difficile à implémenter consisterait à se lancer dans une politique de réduction des dépenses publiques couplée à des baisses d’impôts (inférieures aux économies engendrées) pour cela il faudrait avoir dans les pays occidentaux des hommes politiques plutôt que des politiciens plus préoccupés par leur réélection que l’intérêt à long terme du pays. Il est vrai que comme le disait lord Keynes « à long terme nous seront tous morts ».

Quant aux résultats du premier G20 contre les paradis fiscaux, ils sont bien minces, voire négatifs. Côté positif, il y a bien quelques banques ou entreprises publiques qui ont un peu réduit la voilure dans les paradis fiscaux limitrophes, à l’inverse de l’autre des montants considérables ont été transférés en réaction de paradis fiscaux conciliants (Suisse, Luxembourg…) vers des pays totalement opaques (Hong-Kong, Dubaï...). Le bilan du premier G20 est donc assez nettement négatif. Il semble donc qu’il n’y aura pas grand-chose à attendre de celui de Cannes.

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