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François Hollande, cet "objet politique non identifié"
©LIONEL BONAVENTURE / POOL / AFP

Ovni

Le prédécesseur d'Emmanuel Macron à l'Elysée vient à son tour allonger la liste de ceux qui estiment que le sort s'est montré injuste à leur égard. Mais nombreux sont ceux qui estiment aujourd'hui que l'ancien locataire de l'Elysée est sorti trop vite de la réserve et que les Français n'éprouvent qu'indifférence à son égard.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Quel est l'homme politique battu ou "empêché" qui ne rêve pas secrètement d'un retour en grâce dans l'opinion voire d'un retour au pouvoir, en devenant un recours ? Après Valéry Giscard d'Estaing, Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, François Hollande n'échappe pas à cette règle non écrite. Le prédécesseur d'Emmanuel Macron à l'Elysée vient à son tour allonger la liste de ceux qui estiment que le sort,- en l'occurrence l'électorat, s'est montré injuste à leur égard et que cela mérite réparation. Moins d'un an après avoir quitté le pouvoir après avoir été dans l'incapacité de briguer un second mandat, François Hollande vient réclamer justice avec un livre "Leçons de Pouvoirs" et se pose en défenseur de la social-démocratie, ce symbole de l'Ancien Monde "qui a de l'avenir"(selon lui). Mais lui, a-t-il un avenir politique? Nombreux sont ceux qui estiment aujourd'hui que l'ancien locataire de l'Elysée est sorti trop vite de la réserve et que les Français n'éprouvent qu'indifférence à son égard.

François Hollande, lui, explique cette hâte par le souci de livrer ses souvenirs "à chaud", n'ayant pas eu le temps de prendre des notes pendant qu'il était au pouvoir. Au PS certains y voient au contraire la volonté de barrer la route à cette nouvelle génération qui tente de reconstruire la maison en ruines, pour remplir ce rôle...Mais le PS, ce n'est pas le principal souci de l'ancien président socialiste qui ne se présente pas comme un retraité de la politique...

Dans ses "souvenirs" François Hollande raconte l'épisode de la renonciation de  Barak Obama à sanctionner Bachar al-Assad qui avait déjà provoqué la mort de 1300 personnes par l'utilisation de gaz toxiques en Syrie en 2013 .Il revient également sur le bras de fer franco-allemand avec Vladimir Poutine à propos de l'Ukraine.

Mais dans "Leçons de pouvoir", François Hollande règle quelques comptes et n'épargne pas son successeur. Il s'en prend vivement aux "frondeurs" qui lui ont pourri la vie pendant cinq ans " Ils ont coupé la branche sur laquelle j’étais assis en oubliant qu’ils y étaient aussi".

Aujourd'hui ce que voudrait avant tout François Hollande, c'est "remettre l'Eglise au coeur du village", c'est à dire que les Français lui sachent gré de la politique de réduction des inégalités menée pendant cinq ans, et qu' Emmanuel Macron, reconnaisse que son prédécesseur et néanmoins ex-patron lui a laissé "une situation meilleure que celle que j'avais trouvée.... Un président travaille toujours pour son successeur et il hérite de son prédécesseur. Les politiques qu’il engage pendant son mandat ont des conséquences qui vont bien au-delà du terme de celui-ci", rappelle-t-il.

La reconnaissance, c'est manifestement beaucoup demander à celui qu'il avait choisi pour devenir son conseiller, qu'il aurait pu rêver en fils spirituel, mais qui s'est mué en Brutus. C'est qu'il s'est fait bien avoir, François Hollande. Lorsqu'il a compris que le Ministre de l'Economie de l'époque (2016), a "créé une entreprise" et qu'il "entendait  la mener le plus loin possible", il était trop tard pour stopper sa Marche vers le pouvoir.  François Hollande n'a pas été en mesure de se briguer un nouveau mandat et ne peut que jeter un regard désolé, mais impuissant sur la politique menée par Emmanuel Macron qui "creuse les inégalités" et favorise non pas les riches, mais  "les plus riches "quand ses " gouvernements réduisaient les inégalités".

Cependant François Hollande ne peut éviter la case "autocritique". En tête de la liste des regrets, la déchéance de nationalité, dont il regrette "d'avoir sous estimé l'impact émotionnel". Il regrette de ne pas avoir débarqué Jérôme Cahuzac plus tôt du gouvernement mais aussi  de s'être adressé trop souvent aux Français, jusqu'à en devenir inaudible: "A s’inviter en permanence chez les gens, ils finissent par vous fermer leur porte. A vous voir, ils ne vous regardent plus. A saturer l’espace, ils vous effacent". Hier soir sur France 2 il  a été invité... à commenter l'actualité sociale et il a mis en garde contre "l'incompréhension "qui  est " grande... chaque fois que l'on veut aller brutalement et vite, et que l'on ne prend pas le temps de la concertation et qu'on n'ouvre pas la négociation". Pour appuyer son propos il rappelle que cela été le cas pour la première mouture de la loi El Khomri, et prévient " Si on veut supprimer le statut des cheminots, on ne le fera pas sans la négociation", avant d'ajouter: "il n'y a  pas de croissance durable, pas de cohésion sociale s'il y a creusement des inégalités" . A bon entendeur! D'ailleurs il se verrait en vigie pour rappeler" ce qu'il a été utile de faire ou ce qu'il a été possible de réaliser". Pas sûr que cela plaise à ses amis socialistes et qu’Emmanuel Macron lui permette de s'installer dans ce rôle. Le chef de l'Etat est à la veille d'une séquence médiatique de grande ampleur pour célébrer le premier anniversaire de son élection, avant de s'envoler vers les Etats-Unis où il sera reçu en grande pompe par Donald Trump. Il n'échappera pas aux questions sur le jugement de François Hollande qui oppose sa présidence normale à la nouvelle forme de monarchie élective d'Emmanuel Macron...Et après, comment ce prédécesseur irritant s'installera-t-il dans le paysage politique français? Mystère !

"Je mets cette idée sur le compte de son goût pour les débats d'idées. Pourtant, rétrospectivement, cette dissertation éclaire bien la pratique du pouvoir qu'il met en avant depuis son élection».

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