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Qataris aux mains d'argent

Racheté par QSI, un fond d'investissement qatari, le club de foot du Paris Saint-Germain multiplie les recrutements onéreux lors du mercato d'avant saison. Mais pourquoi donc des milliardaires investissent-ils autant dans ce sport généralement peu rentable ?

Bastien Drut

Bastien Drut

Bastien Drut est docteur en économie et travaille au sein de l'équipe « Stratégie » d'une grande société de gestion.

Il est l'auteur de Economie du football professionnel (Editions La Découverte) et traducteur de Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus (De Boeck, 2012).

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La rocambolesque acquisition du PSG par la Qatar Investment Authority, un fonds souverain, est le premier exemple en France d’achat d’un club de football par un très important investisseur étranger. Le PSG est loin d’être le seul exemple en Europe puisque quasiment la moitié des clubs de Premier League appartiennent à des milliardaires…

Ces derniers s’intéressent, d’ailleurs, désormais de plus en plus aux clubs espagnols : lors des derniers mois, le milliardaire indien Ahsan Ali Syed et l’émir du Qatar en personne se sont respectivement offert les clubs du Racing Santander et de Malaga. Certains classements des hommes les plus riches du monde proposent même depuis plusieurs années un sous-classement des propriétaires de clubs de football les plus riches …

S'acheter un club de foot : des motivations diverses

Mais pourquoi donc existe-t-il autant de milliardaires dans le foot ? En effet, il est surprenant que des investisseurs aussi avisés s’intéressent à des entreprises dont les performances financières sont souvent très mauvaises. A titre d’exemple, pour la seule saison 2009-2010, le déficit agrégé des 20 clubs de Premier League était de 445 millions de livres (environ 525 millions d’euros).

En réalité, les motivations des milliardaires du football sont bien plus extra-financières que financières…  Ils ne poursuivent pourtant pas tous le même objectif.

Pour certains d’entre eux, posséder un club de football constitue un simple divertissement. Ceux-là n’hésitent pas à injecter des centaines de millions d’euros dans le club pour recruter des superstars et ont tout à fait conscience qu’ils ne reverront jamais la couleur de cet argent. Ils réalisent par ce biais une sorte de « rêve d’enfant ».

Pour d’autres, le football est utilisé en raison de la popularité de ce sport pour acquérir une acceptation sociale ou de reconquérir une réputation jadis ternie. Pour cette catégorie de milliardaires, le football est uniquement un moyen pour parvenir à d’autres fins (parfois politiques), à tel point que l’identité du club importe peu...

Ahsan Ali Syed, poursuivi en Australie pour escroquerie pour des montants de plusieurs dizaines de millions d’euros, a tenté d’acheter le club de Blackburn avant de se contenter du Racing Santander. Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre thaïlandais et reconnu coupable de conflit d’intérêts dans son pays, avait, lui, essayé d’acquérir Fulham puis Liverpool avant de se rabattre sur Manchester City…  

Le cas particulier du Qatar

Enfin, reste le cas du Qatar, très particulier. Ce tout petit État du Moyen-Orient, dont l’économie est extrêmement dépendante du pétrole et du gaz, a pour ambition de diversifier ses activités et, notamment, de se tourner de plus en plus vers le tourisme. Pour le Qatar, le sport est ainsi un moyen de se faire connaitre à l’échelle mondiale en organisant des événements sportifs de portée internationale tels que le Championnat du monde de handball (2015) et la Coupe du monde de football (2022).

Dans cette stratégie globale, le micro-État a recours à bien d’autres moyens : investissements directs dans des clubs (PSG, Malaga), sponsoring maillot prestigieux (contrat de 33 millions par saison de la Qatar Foundation avec le FC Barcelone), diffusion des matchs de Ligue 1 par Al Jazeera… Cette gigantesque opération de promotion est rendue aisée par la puissance de frappe financière du Qatar qui a clairement les moyens de ses ambitions. La question est de savoir combien de temps celle-ci durera…

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