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Fermeture de la centrale de Fessenheim : Ségolène Royal, la (seule) femme qui poussait François Hollande à tenir ses promesses
©Reuters

Droit dans ses bottes

Depuis le début de son quinquennat, François Hollande s'était toujours montré indécis quant à l'avenir de la centrale nucléaire alsacienne. Lundi 7 mars, la ministre de l'Ecologie a affirmé qu'elle serait fermée courant 2016.

Maud  Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin part à France-Soir au service politique pour suivre la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock.

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Atlantico : lundi 7 mars, Ségolène Royal a réaffirmé son intention de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim "avant la fin du quinquennat", alors que François Hollande avait jusqu'ici été évasif sur le sujet, bien qu'il a fait l'objet d'une promesse de campagne en 2012. Quelle influence Ségolène Royal exerce-t-elle sur le Président de la République ?

Maud Guillaumin : Depuis que Ségolène Royal est arrivée dans ce Gouvernement en avril 2014, son influence auprès de François Hollande a progressivement pris une grande importance. On peut dire aujourd'hui que leur relation s'apparente à un couple politique intense, au sens cérébral du terme. Elle représente pour lui une "superconseillère".

Je me suis beaucoup étonnée de l'interview qu'il a donnée dans Gala il y a quelques semaines où il rappelle qu'elle est la mère de ses enfants… Il lui redonne un rôle très personnel, ce qui est étonnant car à son arrivée au Gouvernement ils ont essayé d'effacer cette dimension. On faisait venir au Gouvernement l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle, qui était plus que légitime. Elle est aujourd'hui de tous ses déplacements, ce qui signifie qu'elle est au courant de tout, et ce bien avant tout le monde, ce qui est aussi utile pour placer ses propres pions…

Néanmoins, elle n'obtient pas toujours ce qu'elle veut : son ambition d'obtenir le Quai d'Orsay n'a pas été réalisée, et la Présidence de la COP21 ne lui a pas été accordée tout de suite.

Fraîchement entré au Gouvernement de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls avait qualifié le nucléaire de "filière d'avenir"… Comment se passent les relations entre la ministre de l’Ecologie et Matignon ?

Ségolène Royal reste quelqu'un dont tout le monde se méfie, et qui est difficilement gérable même pour Manuel Valls qui sait que de toute manière il aura beau lui faire passer des consignes, elle ne les appliquera que si elle sert ses intérêts. Pour Manuel Valls, c'est donc une épine dans le pied, même si en réalité elle a été relativement fair-play : la seule fois où elle s'est exprimée avec vigueur contre le Gouvernement a été quand elle a déclaré que reprendre la présidence de la COP21 à Laurent Fabius n'était que "justice", et légitime. Il a pourtant fallu qu'elle tape du poing sur la table, que l'opinion publique trouve incohérent le fait que Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, assume les deux fonctions, pour qu'elle l'obtienne…

A quoi Ségolène Royal pourra-t-elle être utile à François Hollande concrètement, sur quels sujets, à quel niveau ?

Pour la fronde du PS contre la loi El Khomri, elle lui sera très importante car elle peut mobiliser de nombreux soutiens au sein même du Parti socialiste.

N'étant pas une technicienne, elle ne s'exprimera en revanche pas avec lui sur des sujets comme l'économie. Mais elle a surtout un vrai nez pour sentir les tendances politiques, elle a un regard, notamment sur la société française : en fait on ne pourra lui retirer qu’elle est une tacticienne talentueuse.

Elle essaye aussi de remettre une différence entre le président de la République et le Premier ministre. Nous allons arriver dans une séquence politique de plus en plus tendue, à l'approche de la présidentielle, et jouer la promesse de la fermeture de Fessenheim sera un moyen de dire que les promesses ont été tenues. Sachant que les écologistes sont revenus au Gouvernement.

Trouve-t-elle un avantage dans l’aide qu’elle lui apporte ? Que peut-elle avoir en tête ?

Si elle réussit à mener à bien de gros projets comme celui de la fermeture de la centrale de Fessenheim, elle peut montrer qu'elle réussit à faire tenir les promesses de François Hollande… Mais aussi celles de la gauche.

Dans ce contexte plus que tendu, elle veut montrer qu'elle reste droit dans ses bottes dans tout ce qu'elle fait. Je pense que Ségolène Royal estime que s'il y a une possibilité de se présenter à une primaire de la gauche,  elle sauterait sur l'occasion. Elle s'est abstenue de s'exprimer au moment de la défaite des élections régionales, mais elle garde en tête l'idée de rappeler ses propositions de 2007 comme la valorisation de la Marseillaise, la nécessité de combattre la montée du Front national, mais aussi le communautarisme… Elle veut montrer qu'elle a toujours porté ces sujets si importants aujourd'hui, et qu'elle avait les bonnes réponses.

Maud Guillaumin a réalisé le reportage Aubry-Royal la guerre des roses, qui sera diffusé jeudi 10 mars sur France 5

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