Faut-il lancer le procès du siècle contre les sombres intérêts et tortueuses sources de financement des associations environnementales à la Greenpeace ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une personne rame à côté du navire Rainbow Warrior de Greenpeace, dans le port de Barcelone, le 05 juillet 2019.
Une personne rame à côté du navire Rainbow Warrior de Greenpeace, dans le port de Barcelone, le 05 juillet 2019.
©PAU BARRENA / AFP

Conflits d'intérêts

Greenpeace considère qu'il est nécessaire de redémarrer les centrales au charbon et de renoncer au nucléaire. Cette mesure, poussée par l’idéologie, permet de lever le voile sur les intérêts financiers de Greenpeace et sur le financement des associations environnementales, notamment via Gazprom.

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est juriste (facultés Saint-Louis-Université de Louvain), philosophe (facultés Saint-Louis-Université de Louvain) et docteur en théorie du droit (Paris IV-Sorbonne).

 
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Atlantico : Face à la crise énergétique, Greenpeace estime qu'il est nécessaire de redémarrer les centrales au charbon, mais pas le nucléaire. Dans quelle mesure est-ce une recommandation poussée par l’idéologie ? 

Drieu Godefridi : Nos lecteurs doivent comprendre que ce qui fonde la démarche du mouvement écologiste occidental n’est en rien la lutte contre les émissions de CO2 et le réchauffement climatique. En effet, ces organisations et partis ont été, pour la plupart, fondés bien avant que la théorie du réchauffement dit anthropique ne viennent à éclore. Par exemple, Greenpeace était fondée en 1969. À l’époque, la théorie du réchauffement anthropique n’existait pas. En réalité, ce qui fonde l’ensemble du mouvement écologiste occidental est la haine de l’énergie nucléaire. C’est le cas de Greenpeace, comme des partis écologistes belges, par exemple. La raison d’être initiale de ces organisations est le démantèlement et la destruction du nucléaire civil dans nos pays. Tel est le premier malentendu quant au mouvement écologiste. Le deuxième malentendu consiste à penser que cette priorité aurait cédé le pas à la lutte contre les émissions de CO2 : rien n’est plus faux. Certes, les organisations écologistes se sont annexé — avec un succès remarquable — le thème du réchauffement climatique et de la lutte contre les émissions humaines de CO2. Mais leur priorité — la destruction du nucléaire civil — n’a pas changé. En atteste, de façon incontestable, le fait que lorsqu’il s’agit de choisir entre le nucléaire (qui n’émet pas de CO2) et le gaz (massivement émetteur de CO2), ou même le charbon (de toutes les sources d’énergie, la plus émettrices de CO2 et la plus polluante !), Greenpeace et les autres écologistes intégristes (tels les partis écologistes belges, allemand, français) optent sans barguiner et systématiquement pour le gaz et le charbon. Pour tenter de maintenir une forme de cohérence dans le message, notamment à l’usage des électeurs les moins instruits, les écologistes expliquent que le gaz — et désormais le charbon — n’est à privilégier que de façon ‘temporaire', le temps de passer au ‘100% renouvelable’. Ce qui est un mensonge grossier, car le vent et le soleil sont intermittents et qu’en l’état actuel des projections technologiques, même les plus optimistes, on ne pourra jamais se passer, en parallèle des intermittentes, de sources d’énergie pérennes. En Allemagne, depuis dix ans, Greenpeace est l’un des principaux sponsors des énergies fossiles massivement émettrices de CO2. C’est un fait.

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A quel point les intérêts financiers de Greenpeace via Greenpeace Energy (et d’autres associations) sont-ils liés au gaz et aux énergies renouvelables ?

Dès lors que le mouvement écologiste européen a choisi d’embrasser résolument la cause du gaz donc de l’impérialisme russe, il n’existe aucune compromission qui lui paraisse trop grande. Greenpeace Energy, aujourd’hui Green Planet Energy, est un vendeur de gaz, dont 80% de gaz fossile, russe. Que ce qui était à l’origine une initiative de Greenpeace vende du gaz massivement émetteur de CO2 au nom de la lutte contre le CO2 ne semble pas gêner les électeurs de Die Grünen.

Dans quelle mesure le financement de ces associations, notamment via Gazprom, est-il problématique ? 

Dans quelle mesure le financement d’associations françaises ou belges, dans les années trente du siècle dernier, par l’Allemagne nazie était-il problématique ? Nous sommes une civilisation ouverte — c’est notre orgueil, à très juste titre. Mais nous devons rester conscients et vigilants quant au fait que les régimes totalitaire chinois et autocratique russe mettent cette ouverture à profit pour avancer leurs pions, chez nous, en s’annexant des organisations et mouvements tout disposés à trahir nos intérêts nationaux dès lors qu’il s’agit de servir leurs propres intérêts, et ceux de leur idéologie. Cette trahison objective mérite d’être traitée pour ce qu’elle est, avec toute la rigueur du droit.

Dans la crise énergétique actuelle, devrions-nous demander des comptes à Greenpeace et aux autres associations environnementales de cet ordre sur leurs (conflits) d'intérêts lors de leur prise de position énergétique ? 

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C’est une simple question de volonté politique. Quand concordent les accusations du Secrétaire général de l’OTAN, de la Secrétaire d’État Clinton sur le financement russe d’écologistes occidentaux; quand le financement massif d’organisations écologistes allemandes par Gazprom est avéré (et non simplement allégué), quand la Ministre de l’Énergie belge Van der Straeten (GROEN, écologiste), était actionnaire à 50% d’un cabinet d’avocats BLIXT massivement rémunéré par Gazprom, le moment n’est-il pas opportun pour forcer lesdites organisations, partis, mouvements et individualités à la transparence rétrospective la plus complète ? Je le répète, c’est une simple question de volonté politique. Nous devons cette transparence à nos populations, mais également à ces organisations et mouvements. Car, cette transparence permettra de faire le départ entre les faits, et les fantasmes.

A quel point peuvent-ils être tenus pour responsables ?

À maints égards, les actions de Greenpeace font songer à celles d’une organisation terroriste internationale. Soyons net: je ne soutiens évidemment pas que Greenpeace est une organisation terroriste. Mais comment ne pas relever les similitudes ? Depuis des années, Greenpeace initie, fomente et organise des actions violentes, des voies de fait — qui sont autant de violations directes et publiques de la loi pénale. Ces actions violentes et délictueuses sont conçues et pensées pour frapper les esprits, de la manière la plus spectaculaire. La permanente recherche de l’incident, de l’esclandre; cette façon de provoquer la réaction de la force publique vise à offrir au message porté par Greenpeace, son credo, la plus large couverture médiatique. Force est de constater que cette technique de propagande fonctionne, et qu’elle fonctionne remarquablement. Greenpeace ne porte aucun message rationnel, argumenté, cohérent, ouvert à la contradiction. Ses actions-choc s’adressent à la strate émotionnelle, instinctive et comme viscérale de la personnalité ; elles flattent les instincts les plus bas. Sa thématique de référence, c’est la peur.

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Quant à la responsabilité criminelle de ces organisations, il appartiendra à la justice de la déterminer. Quant à la responsabilité morale de ces organisations, elle me paraît écrasante. Le gaz en Europe est aujourd’hui dix fois plus cher qu’aux États-Unis. Dix fois ! C’est l’intégralité de ce qui reste d’industrie européenne qui devient eo ipso absurdement non compétitif. Dix fois ! Nos économies menacent de s’affaisser — et je ne suis pas de ceux qui usent constamment de termes apocalyptiques. Dix fois ! Si nous tolérons cet affaissement, c’est toute l’Europe qui ne sera bientôt plus qu’un fruit mûr pour l’Ours russe — à commencer par l’Allemagne. Des millions de familles, en Europe, vivent au jour le jour. Leur imposer ne serait-ce que 500 euros par mois de facture énergétique supplémentaire — par surcroît des montants exorbitants qu’ils payent déjà — les condamne à la pauvreté. Non au sens métaphorique, mais réel, de cette pauvreté dont on retrouve le goût aigre et zolacien dans de nombreuses campagnes françaises.

N'est-ce pas cher payé pour complaire aux intérêts combinés du régime autocratique russe et du credo traîtreux du mouvement écologiste européen ?

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