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Débat Hulot-Joly : 
une question de packaging
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Vert de rage

Nicolas Hulot et Eva Joly se livreront une bataille, déjà bien amorcée, lors du second tour des primaires d'Europe Ecologie - Les Verts. Jeudi, ils étaient tous deux invités sur la chaîne de télévision, Public Sénat, pour débattre de leurs différents programmes. Quel bilan de cette vive discussion à l'heure où la guerre entre ces deux prétendants à la présidentielle fait rage ?

Jean-Marc Fedida

Jean-Marc Fedida

Jean-Marc Fedida est avocat au barreau de Paris. Egalement essayiste, il est l'auteur de Impasses de Grenelle : De la perversité écologiste (Editions Ramsay, 2008).

 

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La retransmission du débat Hulot-Joly sur les ondes, de Public Sénat, jeudi, a donné le double sentiment de malaise résultant d’une part d’une amateurisme complet de la technique elle-même vecteur de message politique et d’autre part d’une approximation complète dans le choix des réponses données par les candidats au demeurant d’une aisance très variante.

C’est un truisme de dire que sur la forme, Hulot en homme des médias et des caméras s’est montré considérablement plus à l’aise jusqu’et y compris dans la gestuelle poussant cet avantage jusqu’au cabotage. Joly, elle plus contrainte dans son expression dans le choix de ses mots, donnant le sentiment d’être paradoxalement plus sobre. L’un parlait avec aisance de la faille sahélienne, l’autre des radiateurs électriques. Deux visages de l’écologie, mais les deux faces d’une même utopie et d’un même dogme.

Cette écologie est avant tout conçue comme une idéologie de militantisme antilibéral, elle intègre son adversité au secteur marchand par le postulat initial que la liberté économique est synonyme du développement d’un secteur marchand impérialiste (mondialisé), c'est-à-dire qui a vocation à s’approprier tous les domaines du vivant et de l’humain en ce y compris les ressources de la planète. Défendue par l’un ou par l’autre des candidats, elle fonde ses racines idéologiques dans les premiers mouvements issus des contestations du nucléaire qui – tirant les leçons des excès de l’industrialisation des trente glorieuses – et repose sur cette équation simpliste que le capital favorise l’industrialisation qui consomme le bien écologique commun. C'est-à-dire in fine qui dépouille au profit d’un petit groupe les bien communs collectifs de la planète.

Cette écologie est avant tout conçue comme une idéologie de militantisme antilibéral

Cette équation idéologique dont la transitivité (Capitalisme/industrialisation/appropriation des biens communs/destruction de la planète) a fait l’objet de dénonciations définitves, s’est doublée de la volonté de démontrer que sa réciproque était aussi exacte, c'est-à-dire que les effets inverses étaient également démontrés, savoir que les destructions de la planète n’était que le résultat de son appropriation par des intérêts privés marchands.

Les enfants des contestataires de Creys-Malville sont aussi des rhétoriciens.

Ce calque idéologique est évidemment dogmatique, dans le sens où il a vocation à s’imposer en un axiome de vérité à l’aune duquel toute analyse qu’elle soit macro ou micro économique, sociologique ou même psychologique. Par le poids qu’elle fait peser sur la réflexion nous avons pu écrire d’elle qu’elle comportait une importante composante perverse, elle est un couvercle idéologique.

Les deux candidats à la primaire de l’investiture du parti vert qui se sont opposés, n’ont par conséquent eu de cesse de décliner cette sainte trinité écologique liberalisme/industrialisation/vol du bien public, chacun dans leur style, l’un avec l’aisance de celui qui maitrise son image,  qui situe sa pensée dans le miroir de la fascination de l’hypnose cathodique. L’autre de celle qui ne vacille pas dans ses certitudes, qui ne débat pas mais qui juge, qui n’écoute pas mais met en examen.

Ils sont également tous deux dans l’extrême narcissisme

C’est une erreur de penser que ces candidats pourront être des véhicules pacifiques de ce dogme, ils sont également tous deux dans l’extrême narcissisme. Dans l’érotisme évident de la promotion de ce dont ils sont convaincus être des vertus. L’un parce qu’il n’a de cesse de dire que sa légitimité tient de son expérience de militant populaire de la planète, l’autre parce qu’elle puise cette légitimité dans ce qu’elle croit pouvoir invoquer être son extrême capacité à faire respecter les lois et les dogmes. Que l’on nous pardonne cette facilité, ils sont tous deux des produits recyclés, l’un de TF1, l’autre du pôle économique et financier.

Ils ont cependant gardé l’empreinte de la forme et du fond de leur vie première. L’un scintille, l’autre éteint, l’un est tout en énergie, l’autre en économie. Au-delà de la différence de leurs personnalités que semble donc tout opposer, ces candidats sont avant tout des produits également d’un marketing particulier, l’un, des moyens contemporains de la technologie, l’autre de l’éthique économique et financière. Les écologistes eux-mêmes sont donc les victimes de qu’ils dénoncent, le produit étant le même, c’est bien le packaging qui occupe leurs débats.
Si le dogme est donc le même c’est bien le choix du véhicule qui revient aux militants écologique. Ils devraient logiquement choisir le moins polluant, le moins clinquant, le plus sobre et qui ne lèsera pas la planète. Ils choisiront donc, s’ils sont cohérents avec eux-mêmes Mme Joly, qui ne sera ni Présidente de la République, ni Ministre de la Justice.

Et qui ne laissera pas de trace durable dans la vie politique ou qui ne puisse faire l’objet d’un nouveau recyclage !

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