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Et quand on est un Français originaire de Chine, on fait quoi pour Noël ?
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Tourisme identitaire

Les vacances de fin d'année sont généralement l'occasion, pour les Français originaires de Chine, d'un retour au pays. Suivant leur génération, les motivations, et même l'envie, d'un tel voyage diffèrent. Retrouvailles avec sa famille restée sur place, voyage d'affaires ou de tourisme...les agences de voyages savent se montrer attractives.

Richard Beraha

Richard Beraha

Richard Beraha est l'auteur de La Chine à Paris (Robert Laffont 2012). Il anime le site lachineaparis.fr

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Atlantico :  La France compterait environ 400 000 personnes issues de l'immigration chinoise depuis les années 1970. Cette population adopte-t-elle le comportement classique – que l'on voit chez les autres populations immigrées – d'une pratique marquée du tourisme vers son pays d'origine ? Y a-t-il des spécificités qui n'appartiennent qu'à cette communauté ?

Richard Beraha : Il n’y a pas une communauté chinoise en France, mais une diversité de courants migratoires d’origine chinoise. Les Boats People d’ancienne Asie du Sud-est (250 000 environ) dans les années 1970 sont liés à leur pays d’origine : Vietnam, Laos, Cambodge...Mais certains vont rechercher leur passé familial dans le Guangdong, en Chine. Ils font partie de la classe moyenne française et ont des pratiques touristiques ou d’affaires classiques. En revanche, les migrants arrivés dans les années 1980-2000, souvent originaires de la région de Wenzhou (250 000 environ), restent culturellement, affectivement, socialement, économiquement liés à leur famille en Chine. Quand ils sont restés bloqués en Europe, car beaucoup n’avaient au départ pas de papiers, la première décision après la régularisation est de retourner au pays, faire découvrir leur origine, leur langue aux enfants nés en France. Et le lien se maintien pour raisons affectives, et plus tard d’affaires. Certains grossistes dans la confection vivent même entres les deux pays. Quand ils en ont les moyens – et le temps - ils profitent en effet de leur séjour pour faire du tourisme classique en Chine, à Pékin, Shanghai…

La distance qui sépare la Chine de la France, par rapport aux autres pays d'immigration, influe-t-elle sur la pratique du "retour au pays" pour les vacances ? Peut-on noter une fréquence moindre ou la concentration des départs en vacances sur une période particulière de l'année ?

Les agences chinoises pratiquent des prix relativement bas tout au long de l’année. Bien sûr, on constate un flux plus important durant les fêtes de fin d’année chinoise en Février. Mais ils font comme tous les citoyens de France, ils partent avec leurs enfants pendant les vacances scolaires.

Les nouveaux Chinois de France sont généralement plus jeunes, souvent étudiants et d'un niveau social et financier plus élevé que la précédente immigration chinoise. En quoi leur comportement vis-à-vis du tourisme diffère-t-il ?

Concernant la seconde génération née en France, ces jeunes se rendent dans la région de leur famille (quand il en reste, ce qui n’est pas toujours le cas), d'autant plus qu'il n’est pas rare qu’ils y aient suivi, à l'adolescence, des cours de culture et de langue chinoises. Quand ils en ont les moyens effectivement, ils visitent la Grande Chine qui conserve une place au sein de leur identité aujourd’hui française. Beaucoup rêvent d’y développer des activités commerciales, jouant ainsi un pont entre les deux pays. Néanmoins une minorité ne s’y rend jamais et se tient éloignée pour des raisons politiques, familiales ou économiques du monde chinois.

Comment sont perçus les touristes chinois de France en Chine ? Sont-ils dans une optique de tourisme classique, et considérés comme tels, ou est-on plutôt dans l'optique d'un passage au pays d'une personne qui n'est pas perçue comme étrangère à la Chine ?

Tout dépend de la pratique de la langue (mandarin, dialectes régionaux) et de son look, plus ou moins occidental, bien qu’aujourd’hui la jeunesse multiculturelle de tous les pays se ressemble un peu partout; Le lieu joue également car la Chine réserve autant de diversité que l’Europe. Le principal tourisme en Chine est encore de loin celui des Chinois et ensuite des Asiatiques venant d’Asie, des Etats-Unis, de l’Océanie, d’Europe. La diaspora chinoise dans le monde est estimée à plus de 50 millions d’individus dispersés dans tous les pays de la planète (dont 70% en Asie). Je ne sais pas dire à quel moment on est considéré comme étranger, c’est une frontière très contextuelle, dans l’espace comme dans le temps.

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