Et pendant ce temps-là, le socle électoral macronien est-il aussi solide qu’il n’y paraît ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Marine Le Pen votent lors des élections présidentielles de 2017.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen votent lors des élections présidentielles de 2017.
©Eric Feferberg

2022

Dans un récent sondage Harris Interactive pour Challenges, l'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour n'a jamais été aussi faible (53-47). Le socle électoral macronien est-il solide et pourra-t-il résister ?

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart est le Directeur Général adjoint de l'institut de sondage Opinionway. Il est l'auteur de "La Présidence anormale – Aux racines de l’élection d’Emmanuel Macron", mars 2018, éditions Cent Mille Milliards / Descartes & Cie.

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Atlantico : Eric Zemmour semble fédérer les mécontents et déçus de toutes sortes, Jean-Luc Mélenchon une gauche sociale à tendance révolutionnaire, mais à quoi ressemblent les votants du champion de La République En Marche ? Qui sont-ils ? Sont-ils allés chez Macron par défaut ?

Bruno Jeanbart : Ce qui frappe lorsque l’on analyse le profil des électeurs d’Emmanuel Macron en 2021 en comparaison de ceux de 2017, c’est la permanence. Le Président continue de bénéficier d’intentions de vote de manière quasi identique dans toutes les tranches d’âge, d’accuser un déficit électoral au sein des catégories populaires mais compensé par une sur mobilisation des catégories sociales supérieures ou de capitaliser largement sur un vote des électeurs les plus diplômés. Bref, à surmobiliser des catégories qui, dans un contexte d’abstention forte, se rendent plus facilement aux urnes. Un chiffre illustre bien cette situation : 60% des électeurs Macron de 2017 ont l’intention de revoter pour lui. Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, l’électorat de centre gauche qui a rallié Emmanuel Macron en 2017 ne l’a pas quitté sous prétexte que sa politique serait trop à gauche. C’est pour cela d’ailleurs que la gauche continue d’être en grande difficulté à six mois du scrutin. Ce n’est donc pas un soutien par défaut mais bien l’expression d’une adhésion d’une majorité de sa base électorale, pour le moment, à l’action menée de son quinquennat. On peut noter toutefois une fragilité du Président : il continue de bénéficier du soutien d’un quart des électeurs Fillon de 2017 et cet apport est décisif dans son statut de favori à ce jour dans les sondages.t. Les concernant, la question du soutien par défaut se pose : sont-ils désormais des macronistes convaincus ou ne se prononcent-ils pour lui que par absence d’attirance des candidatures potentielles que propose la droite aujourd’hui. Les mois à venir nous le diront, mais l’enclenchement d’une dynamique au sein de la droite parlementaire demeure une menace pour le sortant.

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À quelques mois des Présidentielles, les différents sondages pleuvent et une constante reste : Emmanuel Macron est toujours en tête du premier tour. Néanmoins au second tour, face aux extrêmes l’écart entre le candidat LREM et ses opposants se réduit. La solidité du socle électoral macronien est-il solide ? Résiste-t-il pour le moment à tous les candidats ?

Le socle du Président semble relativement solide dans la perspective du premier tour, activé notamment par une stratégie de clivage frontale face aux contestataires de la rue, d’abord les Gilets Jaunes à partir de 2019 et maintenant les anti pass-sanitaires depuis cet été. Très clairement, la décision d’imposer le pass en juillet a remobilisé sa base électorale et constitue l’un de ses meilleurs atouts à ce jour. Mais le pendant et la fragilité de cette stratégie, c’est qu’elle ne constitue une garantie qu’en cas de second tour contre un candidat extrême, Marine Le Pen à ce jour, comme elle serait efficace contre Jean-Luc Mélenchon. Dans l’hypothèse où un candidat plus traditionnel (du PS, EELV ou de LR) réussirait à se qualifier au second tour, cela deviendrait une faiblesse car cela le couperait probablement d’une capacité à agréger une coalition de second tour face à un tel adversaire. Ce scénario semble improbable à tous aujourd’hui mais ne devrait pas être écarté aussi facilement, compte tenu de l’émiettement croissant du paysage politique. Rien ne dit que réunir 16 à 18% ne suffiront pas en 2022 pour être l’un des finalistes.

Au mois de septembre, la cote de popularité du président était en hausse de 6 points, la solidité de son socle électoral vient-elle de cette cote de popularité étonnamment élevée ? Le candidat pourrait-il bénéficier d’un recentrage des voix sur sa personne face à une montée des offres politiques extrêmes ?

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Il est évident que la popularité forte d’Emmanuel Macron dans son électorat de 2017 mais aussi auprès d’environ un électeur sur deux de Fillon explique grandement cette solidité actuelle du Président. Il bénéficie actuellement à plein de sa position institutionnelle, d’autant que dans cette phase de pré campagne il est pour le moment totalement épargné de l’agitation ambiante. Si rien ne se décante dans l’offre traditionnelle, Emmanuel Macron peut espérer réussir son pari et imposer un clivage entre une offre centriste, pro business et pro européenne et un courant protestataire aussi bien face à la construction européenne que sur l’économie de marché. Et dans cette hypothèse, il aura des opportunités pour s’imposer un peu plus comme le seul capable de résister aux candidats protestataires, en déclenchant du vote utile, tant à droite qu’à gauche. Dans ce cas, le risque de voir le candidat LR s’effondrer ou dans l’autre camp, l’électorat Jadot ne pas souhaiter prendre de risque est réel. Il faudra cependant aussi voir comment résiste la popularité du Président à son entrée dans l’arène, début 2022 probablement. La campagne ne commencera réellement qu’à cette date : à l’heure actuelle, 52% des Français ne s’intéressent pas à la présidentielle. Comme toujours, le vote pour une majorité d’électeurs ne se cristallisera qu’en janvier – février prochain.

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