Et encore une mini-victoire masquant une grande défaite... François Hollande sacrifia la croissance européenne pour Pierre Moscovici<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande tente coûte que coûte de faire nommer Pierre Moscovici au poste de Commissaire européen
François Hollande tente coûte que coûte de faire nommer Pierre Moscovici au poste de Commissaire européen
©REUTERS/Freek van den Bergh/Pool

Mi-homme, mi-molette

La "réorientation" de l'Europe selon Hollande se trouve métamorphosée lorsque l'on en regarde les faits. Un traité budgétaire sans contrepartie, et surtout, une nomination de Pierre Moscovici au poste de Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires contre l'annulation des prétentions françaises sur l'assouplissement des règles de Bruxelles... Oui, l'Europe a bien changé avec François Hollande, mais vraiment pas comme il l'avait souhaité.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Réorienter l’Europe. Si le programme "affiché" de François Hollande devait se résumer à quelques mots, ce leitmotiv européen tiendrait une bonne place. Sur le plan de la communication tout est parfait : après avoir signé le traité budgétaire européen en 2012 sans aucune contrepartie, l’Europe fut "réorientée" une première fois, après avoir enterré le plan de relance européen proposé il y a quelques semaines, la réorientation fut proclamée une seconde fois…car dans les mots et les annonces, le Président n’en finit plus de bousculer l’Europe. Dans la réalité par contre, l’Europe file droit sur les rails de l’austérité, de la croissance zéro, et du chômage. Rien à signaler.

Mais une lueur d’espoir était apparue ; les règles du traité budgétaire permettraient quelques assouplissements purement comptables. Certains investissements pourraient ainsi passer à travers les fourches caudines de la Commission Européenne. Un peu d’air dans la fournaise du dogme européen, ce n’est pas grand-chose, mais cela constituait un moyen d’agir. Cet espoir est sur le point d’être sacrifié.  

Pierre Moscovici, ancien ministre des finances et de l’économie, a été désigné par l’Elysée comme candidat au poste "suprême" de la Commission Européenne : Commissaire aux affaires économiques et monétaires, poste détenu jusqu’à présent par le Finlandais Olli Rehn. La promotion est superbe pour un homme dont les résultats à Bercy n’ont pourtant pas convaincu. Du moins, ils ne lui auront pas permis de garder la confiance nécessaire pour rester à son poste. Bercy c’est fini, reste la Commission Européenne.

Mais pour parvenir à installer Pierre Moscovici dans un fauteuil également convoité par l’Allemagne, François Hollande va devoir négocier. Et comme le révèle un article de La Tribune, les discussions sont en cours. Le problème est de taille car l’ancien Ministre français symbolise le laxisme aux yeux de l’Europe du nord. Non-respect des règles budgétaires, procédure de déficits excessifs, négociation de délais supplémentaires. Le CV ne coche pas les cases requises pour le rôle du grand vérificateur européen.

Pourtant, le Ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble, voit peut être ici l’opportunité d’anéantir tout espoir de souplesse budgétaire. En échange de la nomination de Pierre Moscovici. Les maigres possibilités offertes par le traité budgétaire pourraient ainsi devenir lettre morte et priver les pays récalcitrants de toute action. Le "deal" est clair et net : pas de souplesse budgétaire contre le siège de commissaire. Une telle négociation pourrait paraître déséquilibrée dans le fond, car si les marges de manœuvre sont annihilées, aucune espèce de réorientation de l’Europe ne pourrait être défendue face à des électeurs impatients.

Question de point de vue. Car une telle nomination aurait surtout pour effet de redonner un semblant de crédit à François Hollande, en apparence. Car en apparence Pierre Moscovici "prendrait la place", ce qui peut générer le respect de l’opinion grâce à des effets de communication. Dans le contexte brouillon du bilan européen de ces deux dernières années, il n’est pas rien de sauver la face. Un ancien membre du gouvernement de François Hollande en charge de responsabiliser l’ensemble des pays européens par rapport à la situation budgétaire, la situation est cocasse, mais elle pourrait "impressionner". Il n’est plus question de changer quoi que ce soit, mais d’avoir l’air de le faire.

Le sacrifice de la réalité n’a alors que peu d’importance face à une telle opportunité. Sacrifier le maigre espoir de "réorienter l’Europe" sur l’autel de l’affichage politicien. Ou comment mettre en avant une nouvelle fois ce qui apparaît toujours plus clairement : l’objectif est l’élection présidentielle de 2017, alors la réorientation européenne peut bien attendre. 

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