Éric Zemmour ou le sel jeté sur les plaies d’une droite LR qui tente lentement de reconquérir sa liberté de penser<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Zemmour pose lors d'une séance photo à Paris, le 22 avril 2021.
Eric Zemmour pose lors d'une séance photo à Paris, le 22 avril 2021.
©JOEL SAGET / AFP

2022

L’éditorialiste star ne correspond que très partiellement au portrait robot idéologique des souhaits des électeurs de droite. Mais il bénéficie d’un formidable atout face à des LR qui ne savent plus par quel bout le prendre : lui n’a jamais cédé à l’intimidation idéologique d’une gauche morale ayant largement « castré » la droite classique depuis 30 ans.

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard est journaliste, essayiste (La droite imaginaire, 2018) et chargé d’enseignements en droit constitutionnel à l’Université de Paris.

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Atlantico : Éric Zemmour est crédité de 5 à 7 % d’intentions de vote dans les sondages pour le premier tour de l’élection présidentielle. Les candidats à la présidentielle issus de LR n’adoptent pas tous la même stratégie face à lui. Pourquoi la droite a-t-elle autant de mal à se positionner face à Zemmour ?

Jérôme Besnard : Avec 5 à 7 % des intentions de vote, vous n’êtes plus dans la candidature de témoignage, vous êtes un acteur politique incontournable. La droite a du mal à se positionner car Éric Zemmour appuie là où cela fait mal : quelle politique adopter face aux phénomènes migratoires et par rapport aux étrangers présents sur notre sol. Éric Ciotti a choisi d’afficher sa proximité idéologique avec le journaliste. Cela a le mérite de la franchise et de la clarté. Cliver est un bon moyen d’exister politiquement. A l’autre extrémité de la droite, cela oblige Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand à faire le grand-écart : mobiliser les diasporas d’origine étrangère d’un côté, à la limite du communautarisme et afficher une « fermeté républicaine » maximum sur les plateaux de télévision.

Sa position d'éditorialiste a-t-elle pu lui permettre d'assumer des positions plus radicales là où la droite a parfois dû céder du terrain face à la gauche au cours de ces dernières décennies ?  Est-ce cette méthode de refus de céder à l'intimidation idéologique qui fait la force d’Éric Zemmour ?

Éric Zemmour a le mérite de la clarté depuis 25 ans. Il a toujours dénoncé les pertes de souveraineté. Il critiquait la politique de Jacques Chirac notamment. Il reçoit aujourd’hui les lauriers de sa constance. Sa figure de référence reste Napoléon Bonaparte et il a remis au goût du jour les travaux historiques de Jacques Bainville. Il a donc une colonne vertébrale intellectuelle solide qui agace la gauche et embarrasse la droite. En devenant un commentateur engagé, il a bousculé les codes imposés par la gauche.

Est-ce justement cette radicalité sur tous les sujets qui risque, en définitive, de plomber la candidature d’Eric Zemmour s’il arrive à réunir ses parrainages ? A quel point Zemmour répond-il ou non aux aspirations de l’électorat de droite ?

Éric Zemmour séduit deux catégories de l’électorat de droite, les jeunes et les nationaux. Les jeunes tout d’abord ne votent plus pour les LR et s’étaient tournés ces dernières années vers le Rassemblement national, tout du moins dans les enquêtes d’opinion. Ils sont séduits par sa pensée. Les nationaux et autres conservateurs de stricte observance ensuite, sont parfois déroutés par la stratégie de Marine Le Pen et sa modération affichée, ils retrouvent chez Zemmour une certaine radicalité à laquelle ils aspirent. L’électorat plus libéral, plus modéré, se sent évidemment moins concerné par cette candidature. Et c’est effectivement cet électorat modéré qui rassemble les gros bataillons d’électeurs de droite. Reste aussi à savoir quel sera le candidat officiel de cette droite. On est encore loin de l’échéance.

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