Épidémie chez les stars : cette année la mode est aux sacs de très mauvais goût <!-- --> | Atlantico.fr
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Madonna s'est récemment affichée avec un sac à main estampillé "Dealer".
Madonna s'est récemment affichée avec un sac à main estampillé "Dealer".
©capture écran YouTube

Ça craint

Madonna s'est récemment affichée avec un sac à main estampillé "Dealer". Avant elle, Rihanna avait porté avec humour un sac de la créatrice Vivienne Westwood sur lequel figurait un pénis en croco.

Frédéric Godart

Frédéric Godart

Fréderic Godart est professeur à l'Insead où il enseigne la théorie des réseaux sociaux et la psychosociologie des organisations. Ses recherches se concentrent sur la mode et le luxe. Il est l’auteur de Sociologie de la mode (La Découverte 2010) et de Penser la mode (IFM/Regard 2011). 

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Atlantico : Comment expliquer l’émergence de ces tendances assez "limites" chez les stars ? Sont-elles poussées à porter ces sacs par les créateurs ?

Frédéric Godart : Le récent sac à main "dealer" de Madonna, créé par Mawi Keivom, a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours, mais c’est bien Rihanna qui a lancé la mode dès 2013. Ces sacs sont une façon pour les stars de rester sur le devant de la scène à une époque où les réseaux sociaux et leur soif de nouveauté leur mettent une pression sans précédent (qui se souvient de Lady Gaga ?). Un sac potentiellement controversé photographié sur Instagram fait bien plus qu’un nouvel album. D’ailleurs Madonna ne s’y trompe pas et le sac "dealer" n’est qu’un épisode parmi d’autres dans sa stratégie de communication récente qui a aussi inclus un baiser "volé" au rappeur Drake. Les créateurs ne poussent en aucun cas les stars, mais ils savent parfaitement ce qui va leur plaire : quelque chose les aidant à se distinguer, à rester dans la course sans fin à la célébrité.

Quelles sont les formes les plus en vogue ?

Les formes les plus en vogue sont d’abord les références évidentes aux gangs : le sac "dealer" de Madonna, les feuilles de cannabis de Rihanna ou les armes à feu de Rumer Willis. Tout cela renvoie à une imagerie "bad girl" qui plaît au public. Notons toutefois que la référence aux gangs, très esthétisée, est neutralisée par le reste de la panoplie qui accompagne ces sacs : elle reste très sage et permet aux stars de ne pas s’aliéner une partie de son public plus traditionaliste. Il y a ensuite les références anatomiques plus ou moins heureuses, comme dans le cas du sac offert par Vivienne Westwood à Rihanna. Il s’agit là encore de choquer, mais cette seconde tendance est moins à même de plaire par exemple au public américain et elle reste secondaire.

S'agit-il réellement d'une tendance ?

Il s’agit bien d’une tendance de fond qui s’est installée dans le paysage de la mode depuis deux ou trois ans, avec Vivienne Westwood comme figure de proue. Notons toutefois que la tendance reste pour l’instant marginale car de nombreuses stars essaient de ne pas choquer un public parfois très sensible, surtout aux Etats-Unis.

Quels sont les messages affichés des créateurs ?

Le message affiché par les créateurs est celui d’un "no future" mis au goût du jour. Cependant, la sous-culture punk nihiliste a été remplacée par une sous-culture gangs beaucoup plus matérialiste. De ce point de vue il est intéressant de constater que Vivienne Westwood qui avait fait monter le punk sur les podiums il y a plus de 30 ans est toujours présente et influente : mais son évolution vers une culture plus matérialiste reflète aussi la récupération lucrative par la mode des différentes cultures et sous-cultures populaires.

Cette tendance touchera-t-elle bientôt le prêt-à-porter ?

Habituellement, ce sont les t-shirts qui portent des messages iconoclastes ou des images "choquantes". La marque American Apparel par exemple est coutumière du fait… mais des créateurs comme Galliano et Lagerfeld ont eux aussi souvent utilisé des messages contestataires ou ironiques dans leurs collections. Ce qui est nouveau cependant avec la vogue des sacs "controversés" tels le sac "dealer" de Madonna est leur caractère extrême et sans prise de distance. Vivienne Westwood peut se permettre de pousser cette tendance car cela lui corespond, mais ce n’est pas certain pour toutes les grandes marques qui de Gucci à Dior sont aujourd’hui en quête de respectabilité et de "normalité" après des épisodes tumultueux ces dernières années.

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