Énergies renouvelables, gaz à effet de serre... quand les experts se contredisent dans leurs prévisions<!-- --> | Atlantico.fr
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le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que les énergies renouvelables couvriront 80% des besoins énergétiques d'ici 2050, mais s'ils se trompaient ?
le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que les énergies renouvelables couvriront 80% des besoins énergétiques d'ici 2050, mais s'ils se trompaient ?
©Reuters

Erreur de calcul

Si le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) promet que les énergies renouvelables couvriront 80 % des besoins énergétiques en 2050, Christian Gérondeau démontre que ces affirmations sont totalement irréalistes. Extraits de "Écologie la fin" (1/2).

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau est polytechnicien et expert indépendant. Il travaille depuis plus de dix ans sur les questions environnementales.

Il est l'auteur du livre "Ecologie la fin" aux Editions du Toucan et "L'air est pur à Paris: mais personne ne le sait!" aux éditions de L'Artilleur.

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Le 9 mai 2011, une information émise à Abou Dhabi par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) était reprise par les agences de presse et les médias du monde entier : « Les énergies renouvelablespourraient répondre en 2050 à près de 80 %des besoins énergétiques de l’humanité. »

Le président du GIEC (IPCC) lui-même, Rajendra Pachauri, appuyait cette déclaration en déclarant : « LeGIEC vient de rassembler l’information la meilleure et laplus appropriée pour procurer au monde une estimationscientifique du potentiel des énergies renouvelables à réduirele changement climatique. Ce rapport spécial peutservir de base solide aux décideurs politiques pour s’attaquerà ce défi majeur du xxie siècle. »

Le rapport ainsi rendu public porte le titre de Special Report on Renewable Energy Sources and Climate Change Mitigation (SRREN). Il a été élaboré par une émanationdu groupe III du GIEC (IPCC) au cours de plus de deuxans de travaux auxquels ont participé 389 experts qui se sont réunis une dizaine de fois aux quatre coins du monde. Il a bénéficié en outre de 24 766 commentairesen provenance de 787 autres experts ou représentants degouvernements, de telle sorte que 1 176 noms figurentsur le rapport. Il a ensuite été approuvé à l’unanimité parles 195 pays membres du GIEC (IPCC), c’est-à-dire parl’ensemble des Nations unies.

A priori, il y aurait donc tout lieu de se réjouir. Il serait possible de limiter au milieu du XXIe siècle la part des énergies fossiles à 20 % au plus des besoins de l’humanité et donc de réduire fortement les émissions globales de CO2, permettant ainsi de maîtriser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et par là même de réduire l’élévation annoncée de la température de la planète.

Une telle éventualité justifierait la raison d’être du GIEC (IPCC). Elle légitimerait toute son action et toutes les dépenses faites partout dans le monde à sa demande pour réduire les émissions de CO2 en vue de « sauverla planète ». À l’inverse, s’il n’était pas possible de maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, les dépenses considérables que le GIEC (IPCC) et les Nations unies demandent aux différents États, aux entreprises et aux particuliers d’engager pour réduire les émissions de CO2 perdraient leur justification.

Il ne faut pas se tromper. Il s’agit là d’une question de vie ou de mort pour le GIEC (IPCC). Toute son action est fondée sur la conviction que les émissions de CO2 engendrées par les activités humaines entraînent le changement du climat. S’il s’avérait qu’il ne soit pas possible de réduire fortement ces émissions, le GIEC (IPCC) n’aurait plus de raison d’être. L’annonce faite à Abou Dhabi pose toutefois un problème.

Elle met en exergue que la part des énergies renouvelables pourrait atteindre précisément 43 % en 2030 et 77 % en 2050. Or, tous ceux qui connaissent un tant soit peu le secteur de l’énergie savent que cette affirmation est absurde. Comme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le rappelle, dans chacune de ses publications, les énergies fossiles qui assurent aujourd’hui plusde 80 % de l’approvisionnement énergétique de la planète resteront massivement majoritaires aussi loin qu’il soit raisonnable de faire des prévisions. L’AIE ajoute que la manière dont sera assuré l’approvisionnement énergétique de la planète d’ici 20 ans est pratiquement déjà figée, car celui-ci dépendra presque uniquement des sources existantes aujourd’hui et des projets en cours ou prévus, qui sont pour l’essentiel répertoriés.

En conséquence, la publication la plus récente de l’AIE, World Energy Outllok 2011 qui demeure la référence mondiale, affirme que la part des énergies renouvelables au sein de l’approvisionnement de la planète s’élèvera en 2035 « au mieux à 18 % ou plus probablementà 14 % », dont 2 % environ fournis par l’énergie solaire ou éolienne et 12 % provenant de la biomasse ou de l’hydro-électricité.

Dans de telles conditions, personne ne peut croire un seul instant qu’en 2030, c’est-à-dire cinq ans plus tôt, les énergies renouvelables pourraient répondre à 43 % des besoins du globe, soit trois fois plus que les prévisionsde l'AIE dont la plus grande part serait de surcroît fournie par les énergies solaire et éolienne ! Les affirmations du GIEC (IPCC) sont d’un total irréalisme. On lisait d’ailleurs dans le rapport de synthèse du GIEC (IPCC) de 2007 que « les émissions mondiales degaz à effet de serre augmenteront de 25 à 90 % entre 2000et 2030, les combustibles fossiles gardant une place prépondéranteparmi les sources d’énergie jusqu’en 2030 et au-delà…». Le GIEC (IPCC) se contredit donc lui-même. Comment a-t-il été possible d’en arriver là ? Prises individuellement, aucune des 1 176 personnes dont les noms figurent sur le rapport ne pourrait évidemment soutenir un seul instant les invraisemblances soutenues par Rajendra Pachauri. Pourtant, c’est en s’appuyant sur la présence de leur nom sur le document que les responsables du GIEC (IPCC) affirment sans sourciller que celui-ci, résultat de deux années de travaux assidus, « peut servir de base solide aux décideurspolitiques », qu’il résulte d’un « consensus » unanime, et que près de 80 % de l’approvisionnement de la planète pourrait provenir en 2050 des énergies renouvelables comme l’a réaffirmé le 30 novembre 2011 son président, Rajendra Pachauri, lors du Sommet de Durban.

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Extrait de "Ecologie la fin" aux Editions du Toucan (23 mai 2012)

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