En matière de cyber-défense, l’armée française peut beaucoup mieux faire<!-- --> | Atlantico.fr
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L'armée française manque encore de moyens dans la cyberdéfense.
L'armée française manque encore de moyens dans la cyberdéfense.
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Mini-série sur les faiblesses de l'armée

L'armée française n'est pas encore au niveau des plus grandes puissances militaires sur la question de la cyber-défense. Deuxième épisode de notre série sur "les nouvelles faiblesses de l'armée".

Michel Nesterenko

Michel Nesterenko

Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

Spécialiste du cyberterrorisme et de la sécurité aérienne. Après une carrière passée dans plusieurs grandes entreprises du transport aérien, il devient consultant et expert dans le domaine des infrastructures et de la sécurité.

 

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Atlantico : Comment s'articule globalement la réflexion autour de la question de la cyber-défense dans l'armée française ?

Michel Nesterenko : Il faut d'abord se demander quels sont les ennemis de la nation, ou du moins quels sont ceux que le président français désigne comme tel en fonction de la situation internationale et de nos alliances. La capacité de cet ennemi va déterminer les moyens nécessaires. Autre question, savoir combien d'ennemis nous devons poursuivre à la fois. Et enfin, est-ce que la France a les moyens de répondre à ces choix. Et pour cette dernière question, la réponse est "certainement pas". Pas que dans la cyber-défense d'ailleurs, quand on voit la situation de l'entretien des matériels français en opération extérieure... Une bonne partie de la cyber-défense française ne se fait pas en France, et se retrouve donc soumise au même contrainte d'usure du matériel que sur le terrain. 

>> Lire également le premier épisode : Comment s'assure-t-on de la fiabilité de militaires à la sociologie de plus en plus proche de celle des djihadistes ?

Même si notre potentiel militaire est en danger, comment imaginer quand dans le domaine de la cyber-dégense il ne puisse pas suffir face à nos ennemis, comme par exemple les djihadistes, bien inférieurs en nombre et en moyens ?

Si vous prenez comme ennemi de forces militaires comme la Russie, la Chine, les Etats-Unis ou Israël, nous sommes totalement inexistants sur la question de la cyber-défense. Par contre, si on s'attache effectivement aux islamistes, ils en sont encore à niveau basique, plutôt proche des "hackers". Le terme de cyber-guerre me semble même un peu excessif.  Ils peuvent gêner l'armée française, mais ne peuvent pas encore l'affecter réellement. L'armée n'a guère à craindre. Par contre, ils peuvent effectivement user de l'outil "cyber" pour faciliter leurs actions terroristes en France, et l'armée n'y pourrait pas grand chose. Les terroristes utilisent en effet des relais informatiques qui passent par exemple en Allemagne ou aux Etats-Unis. Allons nous détruire des installations dans ces deux pays sans demander leur avis auxu dirigeants (qui sont nos alliés) ? Je ne le crois pas. Les Américains, eux, se posent souvent moins de questions.

Concrètement qui peut quoi dans la question des cyber-attaques militaires contre la France et son armée ?

Les Etats-Unis ont un potentiel de nuisance en guerre économique leur permettant de prendre le contrôle de n'importe quelle entreprise française. La Russie, la Chine ou Israël ne considérant pas la France comme un ennemi, il est assez difficile de dire ce qui leur serait vraiment possible. Les vrais ennemis potentiels sont donc les islamistes. Sur le plan cyber-attaques militaires, comme je le dis précédemment, il ne représente pas encore une menace extrême. Après, il reste aussi l'existence de réseaux mafieux, même s'il s'agit-là de questions de police... du moins dans la vision française, puisque les Etats-Unis n'hésitent pas à envoyer des militaires pour se saisir d'individus mafieux.

Comment améliorer notre potentiel de cyber-défense militaire pour le mettre au niveau des plus hautes exigences actuelles ? 

Il faut embaucher des milliers d'ingénieurs sous statut militaire et acheter des super-ordinateurs qui manquent aujourd'hui beaucoup à la Défense française. Il s'agit, en tout, d'une dizaine de milliards d'euros supplémentaires de budget immédiat. Il faudrait aussi disposer de sous-marins capables de poser des boîtes d'enregistrement sur les câbles sous-marins. Les Etats-Unis en ont déjà, le premier sous-marin chinois capable d'en faire autant a effectué sa première croisière il y a un mois.

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