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Emmanuel Macron et Angela Merkel face aux 4 dossiers urgents nécessaires pour relancer l'Europe (et dégripper le couple franco-allemand)
©Reuters

Atlantico Business

Si Emmanuel Macron se rend à Berlin aujourd’hui, c’est, certes, par courtoisie pour une relance de la coopération franco-allemande, mais surtout pour préparer la nouvelle Europe.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que le monde entier à les yeux braqués sur la nouvelle présidence française et s’interroge sur la capacité du président à débloquer ce vieux pays pour le réintroduire dans le concert des grandes nations du monde, les dirigeants européens ont bien compris que l’objectif d’Emmanuel Macron est avant tout de sauver la construction européenne et de la faire évoluer.  

Macron a cette conviction, doublee d’une formation partagée par toute la génération Erasmus à laquelle il appartient.

Depuis Valery Giscard d’Estaing, dans les années 1970, la France n'avait jamais eu un président aussi jeune, mais surtout un président aussi ouvert sur le monde, sur la modernité et sur l’Union européenne.

Et de tous les candidats à la présidentielle, il faut reconnaître qu’Emmanuel Macron est celui qui a le plus défendu l'idée que l'avenir de la France ne pouvait s'inscrire que dans l'Union européenne.

Politiquement, c’était très courageux et risqué parce que chacun savait que plus de la moitié des Français se déclaraient très eurosceptiques et même très souverainistes. Plus de la moitié des Français considéraient que leurs difficultés, leur déclassement, le chômage de masse étaient imputables à la perte de souveraineté au profit d’une gouvernance européenne considérée comme arrogante, d'une Banque centrale trop indépendante et d’une Allemagne surpuissante ... Plus grave encore, la moitié des Français se tournaient vers des candidats qui leur proposaient un repliement à l’intérieur de leurs frontières, des candidats qui prônaient même un refus de l‘économie ouverte.

A lire également sur notre site : "Fondre la France dans l'ordo-libéralisme germano-européen, l'autre visage du quinquennat Macron"

Contre le vent qui soufflait sur les braises de la démagogie et du populisme, Emmanuel Macron a donc été élu avec un programme très ambitieux, fondé sur le pragmatisme et le respect des réalités : la jeunesse, l’ouverture sur le monde, le progrès technologique et l'appartenance à l’Europe

Le partenariat européen est au cœur du projet. Pour Emmanuel Macron et pour la majorité des dirigeants européens, l‘Union européenne est la seule équation possible pour garantir l'avenir. D’abord, pour assumer la concurrence mondiale face aux grands blocs de l’ouest et de l’est: l'Amérique et l'Asie.

Mais Emmanuel Macron sait aussi qu’il doit rassurer les populations qui se sentent victimes de l’Europe et de l'euro. La plupart des dirigeants européens, y compris en Italie, en Espagne et même en Grèce, ont su barrer la route au populisme. Avec parfois beaucoup de difficultés. 

Dans ce partenariat européen, le couple franco-allemand forme l’axe majeur, et la relation entre Emmanuel Macron et Angela Merkel va être la pièce maitresse du dispositif.

Or Emmanuel Macron et Angela Merkel ont toutes les raisons de bien s’entendre. Un peu comme Valery Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, ou comme François Mitterrand et Helmut Kohl. En leur temps.

L'enjeu est considérable. Emmanuel Macron et Angela Merkel savent que la restauration de l'équilibre de l'Union européenne dépend avant tout de leur coopération. Ils savent que c’est aussi le seul moyen de proteger la démocratie et de lutter contre cette vague de populisme qui peut déferler partout.

D’où l’importance de la réunion de ce lundi. L'enjeu porte sur cinq dossiers.

1er dossier : le renforcement de la sécurité et des frontières. C’est évidemment le plus urgent, compte tenu des risques du terrorisme. La lutte contre le terrorisme ne peut se conduire qu'à l'échelle européenne. Compliqué, sauf que cette lutte implique aussi une coordination des politiques d’immigration.

2e dossier : la relance des coopérations européennes. On pense aux initiatives industrielles bien sûr, mais l’époque du général De Gaulle est révolue. La coopération est surtout attendue sur les questions de concurrence et de protectionnisme. Elle est surtout attendue sur l’harmonisation des conditions sociales, fiscales et budgétaires.

3edossier : la réforme de la gouvernance est sans doute l’aspect le plus sensible politiquement parce qu'il s’agit d’installer plus d’Europe, plus de transfert de pouvoir, plus de fédéralisme. Emmanuel Macron, pur produit de la génération Erasmus, ne peut pas ne pas ouvrir ce dossier. Plus de pouvoir politique, un exécutif européen et un Parlement plus représentatif des populations. La réforme de la gouvernance passe aussi par un partage des pouvoir entre l’Union et les Etats. Cette réforme de la gouvernance passe aussi par la gestion tres souple des règles budgétaires. L’Allemagne en est désormais consciente.

4edossier : Emmanuel Macron et Angela Merkel parleront aussi de la communication de Bruxelles. Ca peut paraître anecdotique, mais est-ce le rôle de Bruxelles que de donner des leçons aux différents gouvernements et aux peuples des différents Etats membres? Comme dans une grande entreprise, il falloir que Monsieur Juncker et les commissaires européens restent à leur place de fonctionnaires et cessent d’administrer des bons et des mauvais points comme ils le font périodiquement. Comme dans les grandes entreprises, il devrait y avoir des procédures factuelles et s’y tenir.

La communication de Bruxelles, depuis quelques années, a été désastreuse. Les rappels à l‘ordre intempestifs ont évidemment contribué à alimenter ce climat d’euroscepticisme, et surtout à élargir la distance (et donc la méfiance) entre Bruxelles et les peuples.

5edossier, et ce n’est pas accessoire : Emmanuel Macron et Angela Merkel vont caler leur position commune face au Brexit. Si l’axe franco-allemand veut fonctionner et renforcer sa légitimité, les deux dirigeants ne peuvent pas accepter le moindre compromis au profit de la Grande-Bretagne. On ne pourra plus, à l'avenir, être dans l'Union européenne pour profiter des avantages et être à l'extérieur pour ne pas en avoir à supporter les contraintes. Theresa May va devoir prendre ses responsabilités. 

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