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Sans précédent : l'Eglise catholique américaine part en guerre contre Obama
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La guerre de la contraception

Le projet du Président américain sur la couverture médicale des employés des institutions non religieuses des Églises qui devra obligatoirement comprendre la contraception a déclenché une opposition virulente des évêques catholiques américains.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Affrontement sans précédent dans l'histoire des États-Unis : l’Église catholique se lance dans une offensive anti-Obama à cause d'un nouveau règlement du Department of Health and Human services (équivalent de notre ministère de la Santé) qui oblige toutes les institutions non religieuses des Églises, comme les hôpitaux, écoles, et universités à fournir, à leurs employés, une assurance santé qui inclut contraception (avec pilule du lendemain), stérilisation, et médicaments que l’Église considère comme abortifs. 

Obama veut simplement mettre en place l'accès à la contraception pour tous et explique qu'il ne changera pas d'avis comme il l'a signalé le 20 janvier. Pour l’Église, c'est une déclaration de guerre aux 67 millions de catholiques américains, même si le gouvernement ne force pas les employés à utiliser ces services. Mais Obama force les institutions catholiques à payer pour ces services. Cela concerne 65 000 professeurs dans plus de 230 universités et collèges catholiques

Il n'existe tout simplement pas d'exemple dans l'histoire américaine où la quasi totalité des évêques catholiques américains et les prêtres se sont unis pour prendre la parole contre un Président en exercice en promettant la désobéissance civilenote Business Insider

Au XIXème siècle, il y a eu des affrontements concernant les droits des catholiques, pour la plupart liés à l'éducation. L'évêque John Hughes qui a dirigé le diocèse de New York de 1842 à 1864 s'est prononcé farouchement contre l'utilisation pour les étudiants catholiques des écoles publiques de la Bible King James (traduction de la bible réalisée sous le règne de Jacques Ier d'Angleterre), et a promis de travailler à la conversion de tous les Américains.

Le candidat républicain aux présidentielles 1884, James G. Blaine proposait l'interdiction de fonds publics pour aider les «écoles confessionnelles» - en fait les écoles catholiques - à une époque où les écoles publiques n'enseignaient aux étudiants que le protestantisme. Il a perdu.

Ce ne furent que des tensions locales. Aujourd'hui, c'est un combat national qui s'engage contre cette nouvelle réglementation qui est entrée en vigueur le 20 janvier souligne le Washington Post en indiquant que des prêtres aux quatre coins du paysdu Maineà l'Arizona, en passant par la Louisiane, ont lu à leurs fidèles des lettres de leurs évêques les incitant à refuser d'appliquer ce règlement.

L'archevêque de New York, Timothy Dolan, président de l'U.S. Conference of Catholic Bishops, se sent personnellement trahi car il avait été reçu par Obama en personne à la Maison blanche au cours d'une réunion que Dolan avait qualifié de très amicale. Mais cet optimisme est retombé lorsqu'Obama l'a appelé pour lui dire qu'il n'y aurait pas d'exception.

Dans une tribune, Dolan qualifie la décision d'Obama de "un-American" (soit "pas américaine"). Pour lui "la grossesse n'est pas une maladie", comme il le dit dans le Wall Street Journal. Mais, tout cela a été vain. La seule chose que l’Église a obtenu c'est un délai supplémentaire d'un an avant l'application de la décision note le quotidien national USA Today.

Pour sœur Mary Ann Walsh, porte parole de la conférencedes évêques américains pour qui la lutte contre la contraception est une priorité : "Le gouvernement intervient dans la vie de l'église". Pour l'archevêque de la Nouvelle Orléans, Gregory Aimond dont la lettre a été lue dans les 108 paroisses "cette réglementation est un exemple d'une violation de nos droits par le gouvernement".

On ne sait pas exactement combien d'églises ont abordé le sujet lors de la messe, mais on estime qu'un tiers des catholiques américains assistent à l'office de manière hebdomadaire.

Paradoxalement, la position des évêques sur la contraception n'est pas exactement celle de leurs fidèles, c'est le moins que l'on puisse dire : lors de sondages récents 95% des catholiques interrogés déclaraient utiliser des contraceptifs, et 89% considéraient que cette décision de les utiliser relevait non pas de l’Église mais de leur choix personnel.

En ce qui concerne ce nouveau règlement, 58% des catholiques interrogés par le Public Religion Research Institute pensent que les entreprises doivent inclure le contrôle des naissances dans la couverture médicale qu'elles proposent à leurs employés. Ce sondage a été publié le 7 février 2012. Les évêques semblent donc avoir une position plus dogmatique que certains catholiques.

Reste à savoir si le conflit se prolonge, quel impact il aura sur le vote catholique lors de l'élection présidentielle. Ce n'est pas un hasard, si les évêques menacent d'organiser une manifestation nationale de protestation devant la Maison Blanche à Washington en mars prochain.

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