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Le gouvernement osera-t-il affronter la fronde syndicale et redéfinir les missions de l'enseignant ?
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Conservatisme

Le monde enseignant continue d'être pris dans une globalité peu reconnaissante des initiatives locales qui pourtant existent. Le gouvernement peut-il nous sortir de ce conservatisme ?

Nelly Guet

Nelly Guet

Nelly Guet est consultante indépendante pour Alerteducation Consulting (Paris).

Germaniste et scandinaviste de formation, elle a exercé des responsabilités dans des associations professionnelles internationales d’enseignants et de chefs d’établissements.

Nelly Guet a une expérience de conseil aux cabinets ministériels et a dirigé pendant 22 ans lycées, collèges, écoles en France et à l’étranger.

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Le président de la République et trois ministres ont effectué un déplacement au collège Youri Gagarine de Trappes, pour souligner l’importance de l’éducation dans notre pays. L’exécutif a manifestement oublié que la maîtrise des fondamentaux prônée par tous est une exigence qui devrait s’appliquer jusqu’au sommet de l’Etat.

Dès cette année, le corps enseignant ne pourra que constater que l’exécutif mérite un zéro pointé en matière de calcul, puisqu’après plus de 3 mois au pouvoir, aucune piste crédible de retour à l’équilibre budgétaire par baisse de la dépense publique n’est tracée.

Le discours révèle par ailleurs un manque de maîtrise de la langue française qui ne serait pas digne d’un chef d’établissement : fautes de syntaxe, lourdeurs, pauvreté du contenu…

Est-ce voulu ? Oui, nous le pensons.

Le chef de l’Etat est venu réaffirmer qu’à tous les niveaux de l’édifice E.N., mais aussi de la République il importe de montrer l’absence de leadership ! Il incarne ainsi le chef d’Etat et/ou d’Etablissement modèle.  Pas de  «school leadership», mais pas de leadership non plus au niveau de l’Etat ! Le Chef de l’Etat est l’un des vôtres : il parle comme vous ! il agit comme vous !

C’est ainsi que l’on se fait apprécier dans le milieu de l’Education Nationale : de la gauche extrême à la gauche caviar, quel vivier d’électeurs pour le candidat Hollande ! A défaut d’avoir un cap, Il ne faut pas changer de message !

« C'est l'affaire de tous » dit-il, mais il s’empresse d’ajouter que « les enseignants sont les premiers concernés, les premiers mobilisés pour la réussite… tous les autres personnels de l'école, quel que soit leur niveau, de ceux qui assurent l'entretien jusqu'à celui ou celle qui est chef d'établissement… ». Dans aucun autre pays occidental, un ministre ou chef de gouvernement ne parlerait ainsi ! Bien au contraire, chacun affirme à sa manière que l’individualisation passe par une transformation du système éducatif, confiant au pouvoir local  dont le représentant est  le chef d’établissement ,  la responsabilité de définir avec son équipe de direction les missions de chacun et d’évaluer les résultats obtenus.

Les enseignants qui souffriront  de la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires seront amenés – espérons-le - à penser qu’un tiers de salaire en plus (cf. traitements moyens dans les pays comparables) correspondrait à leurs attentes et à leur capacité d’engagement. Les missions de prévention, sécurité, accompagnement, conseil en orientation…  sont les leurs et les dépenses afférentes devraient en toute logique être intégrées à leur  traitement  d’enseignants.

Comment élèves et parents pourront-ils, en cette rentrée, comprendre, alors qu’ils ont des capacités différentes et des attentes diverses face à l’Ecole, que le monde enseignant continue à être pris dans une globalité peu reconnaissante des initiatives locales qui pourtant existent ?

Au moment où le monde entier rend hommage à l’homme qui a posé le pied sur la Lune et aux centaines d’ingénieurs qui ont rendu ce rêve possible, le discours prononcé au collège Youri Gagarine de Trappes nous semble bien terre à terre !

Une rentrée unique pour 12, 5 millions d'élèves : demandez à nos voisins européens ce qu’ils pensent de l’exception française et de son impact sur la situation  économique.

Quelles solutions apporter ?   LE CHANGEMENT !

Seule condition  à remplir : un ministre/ un parlement  prêt  à redéfinir les missions de l'enseignant et donc à affronter la fronde syndicale qui ne reconnaît depuis 50 ans que les compétences liées à la discipline enseignée et  l’échelon national : ce qui lui permet de mieux contrôler les affectations des enseignants et d’assurer ainsi la survie du syndicat.

La  rentrée des enseignants : 

  • au lieu d’une mini-rentrée d'un jour, ne permettant aucune préparation sérieuse des équipes localement pour la mise en œuvre du projet de l'établissement et la prise en charge individualisée des élèves : une semaine prise sur le temps de vacances d’été.
  • au lieu d’un emploi du temps annuel distribué le jour de la prérentrée : confection d’un emploi du temps souple ou mobile (le terme varie depuis 25 ans mais il n’y a eu aucune concrétisation de l’idée !) par un personnel dédié à cette tâche.
  • Suppression des tâches administratives improductives dans les postes de direction, qui ont vocation à rémunérer des personnels d’encadrement, en charge du management des équipes éducatives.
  • Au lieu d’apprendre  à nos enseignants à enseigner la morale, l’urgence serait de les former de manière à ce qu’ils sachent introduire le  "learning by doing"  et des plages horaires consacrées à l’expérimentation, que ce soit en sciences et techniques ou en économie...  avec des partenaires internes ou extérieurs, notamment avec les entreprises qui pour l’instant sont encore reléguées sur le seuil de la porte!  C’est ainsi que nous donnerons du sens à de nombreuses instances qui existent déjà, que nous favoriserons les responsabilités individuelles et collectives et que nous ferons découvrir les valeurs morales. 

Gageons que le conservatisme de ce gouvernement ne lui permettra malheureusement pas de s’engager dans cette voie !

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