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Édouard Philippe, réduit au rang de discret séminariste
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Workshop disruptif

Dans l'indifférence quasi-générale, Édouard Philippe a réuni son gouvernement en séminaire à Nancy. L'objectif était de coordonner l'action des ministres par ailleurs priés de réaliser 8 milliards d'économes d'ici à la fin de l'année.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Après la remise de l'audit des comptes publics par la Cour des Comptes, l'enjeu du gouvernement est assez simple à comprendre: il faut dégager 8 milliards € d'économies pour respecter le critère de 3% imposé par Maastricht. Alors qu'Emmanuel Macron avait promis qu'il n'y aurait pas de collectif budgétaire cette année, l'équation paraît difficile à résoudre en l'état.

La discrète méthode Édouard Philippe

On aurait donc pu imaginer un certain engouement de l'opinion publique pour ce séminaire gouvernemental. S'agissant des 8 milliards€ d'économies que le gouvernement doit préparer, le sujet risque bien de ne pas être totalement neutre dans la vie des français. Cette somme correspond à près d'un point de CSG.

Le renouvellement voulu par Emmanuel Macron en a décidé autrement. Au lieu d'un débat public sur la stratégie d'économie à mener, le Premier Ministre choisit d'emmener ses ministres et secrétaires d'État dans une ville de province où ils ne rencontrent aucun indigène et ne parlent à aucun des communs des mortels qui se trouvent sur place. En revanche, les membres du gouvernement boivent des coups entrent deux réunions de travail pour s'auto-congratuler sur leur méthode. 

Quelles seront, in fine, les décisions prises et les mesures impopulaires arbitrées pour passer le rabot sur la dépense publique? Mystère. 

L'effacement progressif de la fonction gouvernementale

Au lieu de s'intéresser à ce sujet névralgique, les médias subventionnés ont préféré abreuver les Français de questions annexes, comme la mort de Simone Veil ou encore les moindres faits et gestes du Président de la République. Que le gouvernement se rende dans sa totalité en province pour mener une session de travail n'est pourtant pas anodin. Que cette séance de travail soit consacrée à de premières coupes sombres dans les dépenses, qu'elle ne donne lieu à aucune rencontre avec les Français, sont tout autant des moments qui méritent quelques commentaires. 

Mais l'époque a changé. Désormais, la fonction gouvernementale ne paraît plus intéresser grand monde et, au fond, ce que fait ou ne fait pas Édouard Philippe n'est plus un sujet notable. Le gouvernement est une assemblée d'experts qui se flattent de leur expertise, et les Français n'y accordent aucune attention.

Tel est le destin de la technocratie: elle permet de gouverner de façon quasi-anonyme, comme Kafka l'avait d'ailleurs très bien décrit dans le Château.  

Les dégâts de l'hyper-présidentialisation sont là

En fait, la conduite du pays n'intéresse plus les Français. On n'a pas assez dit que l'hyper-présidentialisation jupitérienne voulue par Emmanuel Macron est d'abord devenue une peoplisation de tous les sujets. Quand le Président s'adresse au pays, il le fait à Versailles, dans le decorum royal, et l'on retient surtout la forme du discours bien plus que les enjeux qu'ils traitent. Quand il fait de la politique étrangère, on retient sa façon de serrer la main, bien plus que la réalité des revers qu'il subit. 

Avec la complicité des medias subventionnés, Emmanuel Macron a réduit le débat public à un show, et il a ringardisé le débat lui-même. Ne subsiste plus l'apparât d'un pouvoir dont on ne tardera pas à mesurer sa rupture colossale avec le pays réel, et la décomposition à laquelle il s'expose. 

Jour après jour, on voit que là où Macron devait renouveler la politique, en réalité il s'attache à la transformer en caricature. 

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